Créé il y a 5 ans pour promouvoir les activités de recherche scientifique et technique auprès des jeunes collégiens et lycéens, le dispositif Sciences à l’école fonde une partie de son action sur une valeur sûre, le concours. Mais ces concours-là visent à mettre en valeur la créativité des jeunes et leurs capacités à mener une démarche scientifique.
Par Françoise Solliec
Pour la première fois en 20 ans d’existence, le concours européen Eucys, European union contest for young scientists, qui vise à encourager des activités de recherche scientifique chez des jeunes, sera organisé à Paris du 11 au 16 septembre au Palais de la découverte. Présenté le 29 avril à la presse par quelques-uns des organisateurs français (dont Gabriel Chardin, Jean-Yves Daniel, Daniel Vignaud et Olivier Dusserre), ce concours s’adresse aux jeunes européens de 14 à 20 ans de plus de 40 pays de l’Europe ainsi qu’à des représentants des USA, de la Chine et du Japon.
Le dispositif Sciences à l’école, chargé par la commission européenne de l’organisation du concours 2009, s’est appuyé d’une part sur la fondation C.Génial, dont le concours permet de désigner les équipes françaises participant à Eucys, et sur un ensemble de partenaires (CEA, CNRS, région Ile-de-France…) et de sponsors (Total notamment). Un prestigieux comité d’honneur a été réuni, comprenant entre autres les prix Nobel Gorges Charpak, Claude Cohen-Tannoudji, Albert Fert et Jean-Marie Lehn.
Par le biais de différentes actions (dont les Olympiades nationales de physique, chimie et biologie) ou de diffusions d’informations (notamment auprès des IPR correspondants académiques de Sciences à l’école) les collégiens et les lycéens français ont été invités à participer au concours C.génial. Par équipes de 3 au maximum, les élèves doivent présenter, à leur initiative, un projet scientifique original et abouti. Tous les domaines scientifiques sont acceptés et les projets interdisciplinaires, portant par exemple sur des thématiques environnementales, sont particulièrement bienvenus. Ils sont souvent initiés dans le cadre des TPE au lycée ou de parcours de découverte au collège. Une centaine de projets ont été déposés cette année dans ce cadre ; seize d’entre eux, dont un projet de collégiens, ont été désignés pour être présentés à un jury le 16 mai au Palais de la découverte. Les deux ou trois premières équipes (pas plus de 6 élèves) participeront à la finale Eucys.
Une partie des prix décernés aux lauréats du concours européens, comme à ceux du concours français, permet aux élèves d’aller découvrir sur le terrain (en Sibérie ou ailleurs) des centres de recherche industriels. En effet, expliquent les organisateurs, les jeunes n’ont guère d’idées sur la façon dont les sciences sont utilisées au quotidien dans l’entreprise. La dimension innovative de la recherche industrielle leur est totalement inconnue. C’est pour cette raison que la fondation C.génial organise la visite d’ingénieurs ou de chercheurs dans les classes, à la demande des enseignants, ou favorise la visite d’entreprises pour les enseignants et leurs classes.
Parmi les trois projets d’éléves français présentés dans le cadre d’Eucys 2008, deux projets avaient été récompensés : le ballon solaire (2 élèves du lycée Vaucanson, Tours) et l’affaire Tournesol (2 élèves du lycée Monnet, Vétraz-Montoux). Souhaitons un succès au moins égal aux candidats 2009.
Sciences à l’école
http://www.sciencesalecole.org/
C Génial
Comment faire aimer les sciences ?
Par François Jarraud
Sur quels leviers appuyer pour développer le goût des sciences ? La publication par l’OCDE, le 28 avril, du rapport Top of the class, vient enrichir un débat déjà ancien.
Basé sur l’enquête Pisa 2006, Top of the Class analyse les vœux des élèves les plus performants. Il montre que leur nombre varie sensiblement d’un pays à un autre : si la moyenne de l’OCDE se situe à 9% des élèves, leur nombre double en Finlande et Nouvelle Zélande. La France se situe un peu en-dessous de la moyenne avec par exemple 12% de très bons élèves en maths là où Taiwan en compte 32%! Mais parmi ces très bons élèves en sciences de l’OCDE, près d’un sur deux (40%) ne souhaite pas avoir un métier scientifique et 45% se refusent à des études scientifiques. Ce gâchis inquiète tous les pays qui souffrent du manque de scientifiques.
On retrouve là une tendance qui est combattue depuis plusieurs années par l’OCDE. Pour elle, les écoles doivent trouver le moyen de motiver les élèves pour les sciences. C’est cette direction qui était aussi montrée par différents rapports en France. En avril 2007 le HCST pointait le système éducatif sans ménagement. « L’enseignement scolaire donne de la science une image peu enthousiasmante, avec des programmes inadaptés et une démarche pédagogique plus orientée vers la sélection que vers la formation à la pratique scientifique. Enfin les perspectives professionnelles apparaissent comme peu attractives au regard d’études longues et difficiles ». Un peu avant le rapport Rolland demandait le décloisonnement des disciplines scientifique, un enseignement plus concret. Les rapports Charvet et Blandin – Renard préconisaient de nouvelles approches pédagogiques. « L’enseignement n’est pas assez concret » disait-il.
Pourtant la France est le pays de l’OCDE le moins touché par ce dédain des sciences. Seulement 25% des meilleurs élèves en science ne sont pas motivés pour les sciences alors qu’ils sont majoritaires en Slovaquie. Mais le cas français met en évidence d’autres éléments qui interagissent avec ce dédain des sciences. Ainsi en France plus qu’ailleurs dans l’OCDE, l’origine ethnique joue un rôle important dans la sélection des meilleurs. L’enquête révèle aussi un taux très important d’écoles ou il y n’y a aucun bon élève, autrement dit les écarts sociaux entre écoles sont particulièrement forts.
Ainsi, lutter contre la désaffection envers les sciences passe aussi par interroger les inégalités sociales. Si en France relativement peu de jeunes bons élèves refusent une orientation scientifique, cela tient d’abord à la sélection sociale opérée. Issus de bonnes familles plus qu’ailleurs, les bons élèves ont des informations et une tradition familiale qui sécurisent ce parcours. Il ne s’agit pas seulement de pousser les bons élèves vers les sciences mais aussi d’ouvrir les filières « nobles » aux filles et aux personnes d’origine étrangère.
François Jarraud
Top of the class
http://www.oecd.org/document/51/0,3343,en_32252351_32236191_42642[…]
Rapport Rolland
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/technologie/[…]
Comment lutter
http://cafepedagogique.net/lemensuel/larecherche/Pages/82Lutt[…]