Par Antoine Maurice
Une table, une raquette, une balle, et des cartes… Voici les ingrédients qui composent ce cocktail détonnant ! Ce mois ci, le café a rencontré Jean Paul MONNET, professeur d’EPS agrégé au lycée Montesquieu au Plessis-Robinson (92), à 26 ans, il a bien voulu se prêter au jeu des questions réponses.
Dans un premier temps pouvez vous nous décrire le concept ou le jeu du « cartaping » pour ensuite savoir d’où vous est venue cette idée, cette démarche ? Comment, pourquoi ?
Cartaping reprend en fait sous formes de cartes un ensemble de situations pédagogiques utilisées pour travailler les différents éléments du jeu au tennis de table (coups techniques, aspect stratégique, gestion de la rencontre…)
Ces cartes donnent en fait des « pouvoirs » aux joueurs, leur permettant de modifier les paramètres du jeu (modification du matériel, de la manière de compter les points, instauration de nouvelles règles, de contraintes pour l’adversaire ou pour soi…)
Le déroulement de la partie est relativement simple : chaque joueur tire au début de la rencontre un nombre de carte déterminé et les utilise lorsqu’il le souhaite entre les points. Pour cela il donne la carte en question à l’arbitre qui annonce à l’adversaire les modifications engendrées par cette carte et sa durée.
Sur chaque carte est indiqué : « quoi » : l’effet de la carte, « qui » à qui elle s’adresse (son possesseur, l’adversaire ou les 2 joueurs) et enfin « quand » : le temps pendant lequel elle est active.
Pour donner davantage de repères, les cartes sont également classées en 4 familles de couleur selon qu’elles constituent un bonus pour le joueur qui les possède (cares vertes), qu’elles imposent des contraintes à l’adversaire (cartes rouges), qu’elles modifient le jeu pour les deux joueurs (cartes violettes) ou qu’elles n’influencent pas directement la manière de jouer mais modifient d’autres paramètres de la rencontre (comptage des points, pioche de carte…)
En ce qui concerne l’origine de ce jeu, en fait, j’ai pratiqué pendant longtemps le tennis de table, m’occupant de l’entraînement des jeunes dans un club. Cette expérience, couplée à ma formation de prof d’EPS, m’amenant à la fois à chercher constamment des moyens innovants et attractifs de faire progresser les joueurs, mais également à sortir du cadre strict de l’activité et à davantage s’en servir comme moyen de développement moteur chez l’enfant, m’a amené à compilé un ensemble d’exercices divers et variés pour travailler les différents aspects du tennis de table avec différents niveaux de joueurs. Ajoutez à cela un goût pour le jeu et les jeux en général et vous avez les origines de Cartaping
Je pense que le cartaping d’aujourd’hui n’est pas forcément celui de demain et non plus celui d’hier !! Y’a-t-il un petit historique de l’évolution du jeu ?? Règles ? Organisations ? etc. ?
Ah oui, cela commence à être une longue histoire… même une sacré aventure.
Des premières idées de cartes notées sur un brouillon à la commercialisation de la version actuelle, la route a été longue, presque 4 ans !!!
D’abord donc des idées de cartes qui s’enrichissaient petit à petit de nouveaux exercices, puis les premières réalisations artisanales de prototypes faits maison, conçus avec des images trouvées sur Internet, réalisés avec l’imprimante familiale, plastifiés à la main, des morceaux de la nappe de la cuisine en guise de cible, des accessoires ramassés à droite à gauche … bref avec les moyens du bord. Puis les premiers essais réels dans différents endroits, avec différents publics et le plaisir de voir l’enthousiasme des testeurs.
S’en suit donc une première production de 50 exemplaires d’un niveau unique de 60 cartes chez un imprimeur pour le diffuser autour de moi (profs d’eps, clubs, entraîneurs…) et voir ce que cela donne à plus grande échelle.
Et enfin le grand saut, les retours positifs m’ont donné envie de poursuivre ce projet et après avoir trouvé une illustratrice (ma cousine J…) pour donner une identité au jeu et distingué 2 niveaux différents, je me lance dans la réalisation de 1500 exemplaires… démarchage chez les fabricants de cartes, recherche et négociation des accessoires, stockage des nombreux et volumineux cartons dans la maison devenue entrepôt (un jeu ne prend pas beaucoup de place, mais 1500 fois pas beaucoup ça fait pas mal…) autant d’aspects que je n’avais pas imaginé mais qui m’ont permis d’apprendre pas mal de choses.
En passant par la création d’une association pour pouvoir commercialiser légalement le jeu, la réalisation d’un site Internet, le démarchage auprès de différents organismes pour faire connaitre Cartaping… Ce qui n’était au début qu’un petit jeu « pour voir » et varier un peu l’entraînement des mes jeunes pongistes a pris de l’ampleur… Mais la satisfaction de voir ce jeu fini et surtout les retours des utilisateurs que j’en ai, justifient pleinement le temps considérable passé à le mettre au point et l’investissement financier que cela représente.
Ensuite, avant de se tester sur le cartaping, peux tu nous raconter l’accueil des élèves pour ce jeu ! Adhésion on n’en doute pas, mais les progrès sont ils facilités ? En fait, peux tu nous donner une image des élèves dans cette activité ? Peux être à travers la présentation de quelques cartes !?
Je ne sais pas si vous avez déjà vu des enfants jouer avec des cartes « magic », c’est fascinant de voir à quel point ils arrivent à s’immerger dans leur monde, à recréer un univers. Avec le Cartaping c’est en partie sur cet imaginaire qu’on va s’appuyer, en ayant la possibilité de modifier les règles du jeu on en devient le maître, et cet aspect favorise grandement l’implication dans les parties.
Les cartes sont, comme je l’ai rapidement évoqué tout à l’heure, pour la plupart issues d’exercices destinés à améliorer des aspects précis du jeu.
En demandant aux joueurs de contrôler la balle sur la raquette avant de la renvoyer en servant de l’autre côté (carte n°57 : « balle qui colle ») on cherche à améliorer le contrôle du contact balle-raquette. On peut très bien réaliser cet exercice au cours d’une séance ou d’un match à thème mais avec le Cartaping, cette contrainte fait partie du match à partir du moment ou le joueur qui possède la carte décide la jouer. L’exercice n’est plus décontextualisé, mais la maîtrise qu’il nécessite a toute son importance pour gagner des points.
L’ensemble des cartes ainsi que leurs intérêts respectifs sont présentés sur le site internet du jeu : http://cartaping.fr, rubrique : « les cartes », elles seront bientôt accompagnés de vidéo illustrant chacun d’entre elle.
La majorité des cartes sont donc autant d’exercices dont elles favorisent la recontextualisation en situation d’affrontement. Les autres cartes pouvant paraître moins éducatives, permettent de pimenter un peu le jeu, renforcent l’aspect ludique, non négligeable, ou plutôt essentiel dans l’adhésion des élèves à une activité.
Enfin, comment voyez vous l’évolution du jeu ?
Pour le futur… ben déjà écouler les 1500 exemplaires réalisés… ce sera déjà pas mal, non, c’est vrai j’ai déjà une extension de prête avec de nouvelle cartes, de nouveaux accessoires mais ce n’est pas pour tout de suite. On m’a d’ailleurs demandé un jour s’il existait dans d’autres langues… ce qui est loin d’être le cas. Le priorité est de faire connaître le jeu, d’éventuellement trouver des endroits pour le commercialiser (la fédération française a commencé à en prendre, c’est plutôt bon signe…, pourquoi pas décathlon ou casal…)