Par Françoise Solliec
Quels sont pour les adolescents de 15 à 18 ans les modèles de réussite et les défis à relever pour réussir ?. Préparée par 10 forums académiques, dans le cadre d’un partenariat entre l’éducation nationale et la Fondation Wyeth pour la santé de l’enfant et de l’adolescent, la journée de rencontre nationale du 13 mai donnait la parole aux jeunes, aux experts et aux éducateurs.
Comme chaque année depuis 5 ans, pour enrichir le forum, une enquête a été commanditée auprès d’Ipsos-Santé. Les résultats font apparaître de fortes différences entre les représentations des adultes et le vécu des jeunes. Ainsi, 70% des adolescents (15-18ans) se disent « satisfaits de ce qui leur arrive », même si 52% déclarent « se sentir sous pression ». Près d’un tiers déclare quand même « être mal dans leur peau » et 27% « craignent d’aller vers les autres ». Le regard des adultes est nettement plus négatif : 27% seulement des plus de 25 ans pensent que les adolescents sont satisfaits de ce qui leur arrive (40% des parents) et 80% pensent qu’ils sont mal dans leur peau.
Interrogés sur les facteurs de réussite, les jeunes citent d’abord les études et le diplôme. Ils accordent néanmoins une grande importance au bien-être et à l’épanouissement personnel (pour 2/3 d’entre eux).Enfin, bien que 68% d’entre eux citent un de leurs parents comme modèle personnel de réussite, ils sont 60% à souhaiter réussir mieux que leur famille.
Après les tables rondes du matin sur « Quelles réussites pour moi » et « Ma réussite sous influences », c’est Martin Hirsch, haut commissaire aux solidarités et à la jeunesse qui a introduit l’après-midi, en répondant aux questions des jeunes, qui portaient sur l’importance de l’orientation et la difficulté à trouver des informations adaptées, sur les stages et la relation à l’entreprise, sur le besoin de pouvoir rencontrer des adultes à l’écoute, qui ne soient ni ses professseurs, ni ses parents, le rapport aux associations ou les devoirs vis-àvis de la société.
Soulignant que la génération actuelle des adolescents aurait sans soute plus de mal que les précédentes à se faire une place, en raison du goulot d’étranglement créé par l’accroissement en nombre de la population active des plus de 45 ans, Martin Hirsch est revenu sur lesdispositifs existants, souvent mal connus, avec de trop nombreuses entrées qui créent la confusion et pas forcément bien coordonnés. Il estime important de pouvoir donner aux jeunes des réponses très concrètes sur les métiers, les compétences requises, les chances d’embauche et les possibilités de réorientation. Pour une meilleure information des adolescents, il suggère qu’un livret sur leurs droits soit rédigé par des jeunes et diffusé par la Fondation. Il lui semblerait intéressant de mettre en place un service civil de quelques mois, si cette idée est plébiscitée par les jeunes. De même, il souhaiterait que les lycéens puisse cogérer dans l’établissement, hors classes, un temps spécifique qu’ils pourraient utiliser pour travailler avec des associations ou d’autres partenaires.
Comment trouver sa voie ? En fait, dit l’un des intevenants de la dernière table ronde, comment trouver sa plae alors qu’il y a aujourd’hui moins de places offertes que de jeunes entrant sur le marché du travail ? Créer sa propre entreprise peut être une solution, mais elle suppose goût du risque et une forte motivation sur un projet personnel bien défini. Des associations telles Cent mille entrepreneurs peuvent accompagner des établissements et des classes en faisant partager des expériences et faciliter des recherches de stage.
Dans les interventions des jeunes (élèves dans leur très grande majorité), l’argent ne semble pas être un facteur dominant de réussite, même s’ils s’accordent à le trouver nécessaire. Ils aimeraient donner plus de place à la notion de réussite intellectuelle et à une réflexion sur le devoir vis-à-vis de la société.
Dans le débat de conclusion, le neuropsychiatre Boris Cyrulnik souligne le rôle décisif de la famille, parents mais aussi frères et sœurs, à la fois dans la construction d’un modèle de réussite et dans la capacité de l’adolescent à aller découvrir avec confiance le monde extérieur. Le recteur Jean-Paul de Gaudemar estime que de prile abord l’enquête est plutôt rassurante et confirme que 80% des adolescents ne connaissent pas de problèmes graves. La responsabilité de l’éducation nationale est néanmoins engagée pour les 20% d’élèves en grande difficulté et leur réussite est un défi important qu’elle doit relever. Dans une société où tout est maintenant pluriel (familles recomposées, langues, religiens, emplois successifs), il s’agit de préparer les jeunes à un monde de risques, en utilisant au maximum les possibilités d’ouverture et de changements.
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