Par François Jarraud
Après l’intrusion d’élèves dans le lycée de Gagny, le président de la République et son ministre de l’éducation lancent un nouveau plan contre la violence scolaire. Pour Xavier Darcos c’est déjà le troisième…
Selon une circulaire transmise à l’AFP, 102 à 204 collèges et lycées victimes d’intrusions devront accueillir, pas forcément de façon constante, des policiers ou gendarmes référents. Ils devront également actualiser leur « diagnostic de sécurité » en veillant aux risques d’intrusions. Ce texte fait suite au discours prononcé à Gagny le 18 mars par le président de la République.
C’est déjà le troisième plan anti-violence scolaire lancé par Xavier Darcos. En janvier 2008, il disait : « Je ne saurais accepter la multiplication des entorses à la tranquillité nécessaire à l’apprentissage. Je ne saurais accepter la banalisation des faits de violence ». En 2002, ministre délégué de Luc Ferry, il avait lancé un autre plan contre la violence scolaire. « L’objectif est de faire baisser la violence de moitié en cinq ans » promettait-il. Sept ans plus tard, la situation ne semble pas avoir beaucoup progressé…
Fausses pistes. C’est que les réponses apportées par la circulaire, si elles semblent « de bon sens », tombent à coté de la plaque. D’abord parce que la plupart des établissements secondaires ont appris depuis longtemps à travailler avec la police. Ensuite parce que les régions, les départements ont très souvent investi dans des clôtures et des dispositifs de sécurité. C »est notamment le cas du lycée de Gagny qui dispose d’un système sécurisé d’ouverture des portes et de caméras vidéo. Tout cela n’a pas empêché l’entrée très rapide d’un petit commando dans le flot des entrées – sorties des centaines d’élèves. Combien de policiers faudrait-il poster en permanence dans un lycée de 1500 élèves pour filtrer une à une les entrées ?
Pourtant des solutions existent. Eric Debarbieux, qui mène en ce moment avec la mairie de Paris une expérience originale, estime qu’il y a des facteurs propres aux établissements dans leur organisation matérielle. La baisse du nombre de surveillants, des recoins mal contrôlés sont par exemple des facteurs de violence. Il y a surtout des causes à chercher au cœur même du fonctionnement de nos établissements. C’est la solitude des enseignants et l’anonymat des élèves qui favorisent le harcèlement qui reste de très loin la plus importante violence scolaire. C’est la qualité des relations avec l’environnement de l’établissement qui est aussi en jeu. Enfin la violence scolaire explose à la rencontre entre l’état de notre école et celle de notre société. Envisagerait-on un mur autour des quartiers sensibles ?
Dépêche AFP
http://www.vousnousils.fr/page.php?P=data/autour_de_nous/l_act[…]
L’émotion ne règle pas le problème
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/laclasse/Pages/2009/101_V[…]
Dossier violence scolaire
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2003/violence_[…]
Le désarroi des enseignants anglais
Cette fois-ci il n’est pas question de salaire, le motif de la dernière grande grève. Les enseignants anglais sont en quête de respectabilité. C’est aux tests nationaux que le National Union of Teacher s’en prend avec le soutien du syndicat des chefs d’établissement. Ils dénoncent une évaluation « qui punit les écoles » et qui va à l’encontre des apprentissages.
Un autre syndicat, l’ATL dénonce les violences subies par les enseignants. Selon un sondage mené par le syndicat, 57% des enseignants trouvent que le comportement des élèves s’est dégradé depuis 5 ans. 90% d’entre eux ont eu à faire avec des élèves dérangeant le cours (par exemple en bavardant), 78% avec un comportement irrespectueux, 23% avec une agression physique. 39% des enseignants ont croisé un parent agressif. Un tiers s’estime insuffisamment soutenu par leur hiérarchie.
Communiqué NUT
http://www.teachers.org.uk/story.php?id=4650
Enquête ATL
http://www.atl.org.uk/media-office/media-archive/violence-agains[…]
Sarkozy veut créer un délit d’intrusion dans un établissement scolaire
Lors d’une visite au lycée J.B. Clément de Gagny, qui avait fait l’objet de l’intrusion d’un groupe violent, le président de la République a annoncé une série de mesures pour lutter contre les bandes. Outre la création de nouvelles unités de police de « sécurisation », N Sarkozy a annoncé le dépôt d’une loi pour créer un délit d’appartenance « en connaissance de cause » à une bande et d’intrusion dans un établissement scolaire. Il a également décidé que les établissements scolaires des zones sensibles soient « sanctuarisés » avec un filtrage à l’entrée.
Pour le sociologue Marwan Mahammed, interrogé par Le Monde, » C’est la création d’un délit de mauvaise fréquentation sur le modèle de la législation antiterroriste. C’est une logique hypersécuritaire, que je n’ai vue pour l’instant que dans les pays avec des groupes hyperviolents comme en Amérique centrale. Cela me semble par ailleurs très peu réalisable, comme pour le délit d’occupation des halls d’immeuble où il y a très peu de condamnations ».
Après l’intrusion de Gagny, le président du Conseil régional a précisé que le lycée JB Clément est équipé d’une « sécurisation de ses accès reliée à la loge » et de caméras vidéo qui ont d’ailleurs aidé la police dans son enquête. On ne risque donc pas de les installer à nouveau à Gagny… Les intrus n’ont pu pénétrer dans l’établissement qu’au moment de la sortie des élèves. Comment empêcher à ce moment là des pénétrations ?
Dépêche AFP
http://fr.news.yahoo.com/2/20090318/tpl-a-gagny-sarko[…]
Article du Monde
http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/03/18/bandes-organ[…]
L’Expresso du 11 mars
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2009/03/1103[…]
Le jeu de rôle et la violence à l’école maternelle
« Quelle que soit l’époque ou la culture, les jeunes ont besoin de grandir dans une société qui leur apprenne les règles. Et parmi ces règles, le fait de recourir au langage plutôt qu’aux actes pour résoudre les différents est essentiel. Mais ce résultat ne peut pas être obtenu seulement en développant l’aptitude linguistique. Rien ne prouve en effet que ceux – jeunes ou adultes – qui ont une plus grande capacité d’expression soient moins enclins que les autres à avoir recours à la violence physique… Pour avoir quelques chances de réduire les violences, ce n’est pas seulement l’aptitude au langage qu’il faut développer mais l’habitude d’y avoir recours. Et pour cela, il faut créer précocement une pression sociale qui incite à orienter dans ce sens les stratégies relationnelles ». C’est cette idée que Serge Tisseron a développé dans une expérience menée dans les écoles maternelles franciliennes d’Argenteuil et de Gonesse.
Il a fait le pari que le jeu de rôle pratiqué en maternelle à partir des images qui bouleversent les enfants peut réduire la tentation de recourir à la violence. Le résultat corrobore cette idée. Les enfants qui pratiquent ces jeux sont moins violents.
Le rapport
http://squiggle.be/PDF_Matiere/09_Jeu_de_role_Tisseron.pdf
Tisseron dans le Café
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/larecherche/P[…]