Par Martine Ramos
Co-animatrice du réseau Renadoc, -réseau documentaire des documentalistes des établisements de l’enseignement agricoles-, dont le chef de projet est Maryse Tripier, Katell Collet-Thireau, documentaliste, rattachée à Agrosup Dijon, dirige la commission de travail nationale « langages documentaires ».
Pour nous, elle revient sur ses chantiers, ses projets, ses idées…une sorte de bilan de mi-parcours. Rencontre.
Katell Collet-Thireau, l’interview
Comme son prénom l’indique, Katell (puisque c’est ainsi que tout le monde l’appelle) est ancrée dans ses origines bretonnes. Elle y vit, elle y travaille. Elle est faite de cette terre où la ténacité et l’engagement sont les bases de toute action.
Comment vous situez-vous dans la sphère de l’enseignement agricole ?
Le réseau documentaire Renadoc s’inscrit comme un outil à la disposition de l’ensemble de la communauté éducative. A travers sa base de données documentaire, alimentée par les documentalistes via un travail de mutualisation de dépouillement de revues professionnelles et généralistes, il s’adresse aux apprenants, aux enseignants, aux personnels non enseignants. Ainsi, je me situe directement ou indirectement à un carrefour entre la sphère éducative et non éducative de l’enseignement agricole.
Je suis également une actrice parmi d’autres de la professionnalisation des acteurs de l’enseignement agricole et plus particulièrement des professeurs-documentalistes et du personnel de CDI. A travers les formations, les séminaires de travail que Maryse Tripier et moi organisons, les commissions de travail du réseau animées par des collègues, nous contribuons à cette professionnalisation.
Pour ma part, je suis responsable de la commission nationale de travail « Langages Documentaires »,
Vous parlez de commission « LD »voulez bien nous en dire plus ?
Cette commission existe depuis 1999 et a pour objectif de mettre à jour le thesaurus de l’enseignement agricole et d’organiser une veille sur les langages documentaires. Elle est composée de documentalistes adhérents au réseau ; nous sommes aujourd’hui au nombre de 6.
Jusqu’en 2000, le thesaurus était géré par des documentalistes de l’enseignement agricole. Suite à une enquête auprès de l’ensemble des documentalistes, il a été décidé de construire un thesaurus en partenariat avec l’Education Nationale. Le passage de Thea 5 à Motbis-Thesagri a demandé 6 années de collaboration entre le CNDP devenu entre temps Sceren-CNDP et Renadoc. Depuis 2006, nous préparons une mise à jour annuelle du thesaurus avec le groupe de projet Motbis et plus particulièrement avec Laetitia Cordeau. Si vous voulez plus d’informations allez faire un tour dans la rubrique Commission Langages Documentaire,
Je retiens que le passage de Thea 5 à Thésagri a été un grand chantier, pouvez-vous nous révéler ce qui a demandé de plus de travail ?
La coordination du projet ! Thea 5 était un thesaurus encyclopédique et pour appliquer les consignes du cahier des charges de Motbis-Thesagri, nous devions repenser entièrement la structure de notre thesaurus. Motbis constituait le noyau du thesaurus et Thesagri le subthesaurus qui se raccrochait au noyau à partir de termes d’articulation de Motbis qui n’avait pas de termes spécifiques… d’où parfois, un vrai « casse-tête » pour garder une certaine cohérence dans notre thesaurus.
Ca va ? Vous n’êtes pas perdue ?
D’avoir relevé ce défi, vous a sans aucun doute procuré une certaine joie n’est-ce pas ?
Je ne dirai pas de la joie car nous avons dû nous adapter à quelques contraintes que nous aurions aimé éviter pour répondre au mieux aux besoins des indexeurs du réseau. Alors je parlerai plutôt d’une satisfaction du travail accompli sans trop d’encombres. Oui cela me semble être la bonne réponse! Ce que je retiens également c’est l’effervescence qui a régné au sein de la commission pendant 6 années, les riches échanges entre nous et ce plaisir de travailler sur la langue … qui est un de mes « dada » depuis mes études universitaires… en linguistique.
Quel est donc votre prochain challenge, Katell ?
Eh bien, c’est un challenge qui est en lien avec l’évolution du Web, c’est tendance, non ? Si je m’explique plus, je dirai que c’est un challenge qui consiste à accompagner les documentalistes dans la mutation de leur métier. Avec le Web 2.0 les pratiques de recherche comme les attentes des usagers ont évolué. Le documentaliste ne peut plus rester un simple fournisseur d’informations mais doit réguler le partage et la circulation de l’information dans son établissement. C’est un challenge dans la mesure où les documentalistes n’ont pas (tous) été formé(e)s pour ce métier sous cet angle technique. Jusqu’à présent, le documentaliste centralisait l’information au centre de documentation, gérait des données en interne ; or aujourd’hui il s’agit davantage de gérer des ressources externes et de maîtriser ce flux permanent, continu, multiforme et extrêmement changeant de données. La donne professionnelle est donc différente.
Vous êtes toujours en projet! D’ailleurs vous êtes aussi animatrice : quel est votre cheval de bataille ?
Maintenir les actions de mutualisation au sein du réseau Renadoc. Sur le terrain, les collègues rencontrent des difficultés souvent pratiques comme la suppression d’abonnements pour raisons budgétaires, le non remplacement d’une collègue en retraite, le refus de se rendre à des formations… des difficultés certes « courantes » mais qui ont un impact sur la finalité de notre réseau. Il est donc nécessaire et important de consolider nos actions et d’expliquer encore et plus que jamais sans doute l’intérêt de participer à un réseau professionnel national.
Nous devons également nous adapter à ces changements et proposer de nouveaux services/outils aux documentalistes pour essayer de pallier ces difficultés ou anticiper les évolutions. Par exemple, nous avons créé une page privée à partir de l’agrégateur Netvibes pour les Personnes Ressources Regionales du réseau, déposer des sites en lien avec les thématiques de l’enseignement agricole sur le site de partage de signets Delicious. Nous réfléchissons actuellement à la mise en place d’une offre de formations à distance pour les adhérents de notre réseau. Comme vous dites « nous sommes toujours en projet ! » du moins nous nous y efforçons car nous croyons en notre réseau.
Avec ce portrait brossé, je dirai que vous êtes une documentaliste atypique, je me trompe ?
Atypique ? Peut-être! Mais sachez que nous devons être un certain nombre à être atypiques !(sourire). L’enseignement agricole nous offre la possibilité de prendre en charge des missions variées… c’est une richesse.
Justement vos pairs, les rencontrez-vous régulièrement ?
Oui, deux fois par an, lors des séminaires de travail : je rencontre les Personnes Ressources Regionales qui sont les documentalistes représentantes des collègues de leur région. C’est la cas également lors de formations nationales ou régionales que je suis amenée à animer et lors de réunion des commissions de travail du réseau. Je parle également des collègues de l’enseignement agricole privé.
Je les rencontre le plus souvent « virtuellement » grâce à la messagerie par exemple.
Ces rencontres sont incontournables dans notre organisation car elles ont le grand avantage de favoriser les échanges entre le niveau régional et le niveau national que nous représentons. Elles sont une mine d’informations qui nous permettent de nous adapter aux attentes de nos adhérents et ainsi de répondre au mieux à leurs besoins.
Pour conclure et puisque nous sommes entre documentalistes, proposez-nous vos trois mots essentiels …
Mutualisation / veille / adaptabilité
Merci Katell et bon vent comme on dit en Bretagne!
Chronologie
1971 Naissance d’une fleur
1998 Entrée dans l’enseignement agricole via le réseau régional des documentalistes de Bretagne, Le CRIPT Bretagne
2000 Prend la charge de la commission nationale « LD »
2000 Entrée dans le bureau technique (instance de décisions) de Renadoc
Historique du projet Thesagri