Par François Jarraud
La gratuité d’accès aux musées nationaux accordée par Xavier Darcos à partir du 4 avril est conforme à sa vision de l’enseignement artistique mais semble oublier une partie des enseignants.
Une ouverture attendue. Du château d’If à celui de Pierrefonds, du musée des Eyzies à celui du Louvre, depuis le 4 avril, 57 musées et 87 monuments nationaux sont ouverts gratuitement aux enseignants et à leurs élèves, jeunes de la communauté européennes âgés de moins de 26 ans. Les Pass éducation sont distribués par les chefs d’établissement.
Dans un message envoyé aux enseignants, Xavier Darcos donne deux justifications à ce geste. Il explique que ceux-ci « ne sont pas seulement des éducateurs mais aussi des passeurs de culture ». Et le ministre de l’éducation nationale lie cette décision à son plan de développement de l’histoire des arts. « Son enseignement est en effet obligatoire à l’école depuis cette année et il sera dispensé dès la rentrée prochaine au collège et au lycée. La fréquentation des musées et monuments nationaux vous sera sans doute précieuse pour la préparation de vos enseignements. » Ce plan, très ambitieux, fait appel à « une approche pluridisciplinaire et transversale des œuvres d’art » et prévoit un “cahier personnel d’histoire des arts” visé à chaque grande étape de la scolarité. Dépourvu de moyens il compte sur des partenariats locaux pour se concrétiser. Dans les disciplines artistiques, il prend le pas sur les pratiques artistiques, ce qui est bine conforme à la vision traditionaliste du ministre.
Des enseignants oubliés. Le 3 avril, Xavier Darcos a annoncé que le Pass serait distribué à « 870 000 enseignants en activité dans les établissements publics et privés sous contrat des premier et second degrés de l’Education nationale ». Ce chiffre semble correspondre aux enseignants en activité devant élèves dans ces établissements. Faut-il en déduire que les autres enseignants ne bénéficieront pas du Pass éducation ? Dans l’éducation nationale, qu’en sera-t-il des enseignants du CNED (environ un millier), des stagiaires des établissements de formation (environ 25 000) et de leurs enseignants ? Des conseillers pédagogiques, par exemple en histoire des arts, des enseignants référents pourraient être exclus de cette mesure. Les 16 000 enseignants des établissements agricoles publics et privés seront-ils eux aussi exclus de cet avantage ? Nous n’avons pu avoir confirmation officielle. Du coté syndical, Annick Merrien, Secrétaire générale du SNETAP-FSU, précise qu’elle n’a reçu « pour le moment aucune information de la part de notre administration à ce sujet ». Mais elle ajoute que « le fait de priver les enseignants de l’enseignement agricole d’un droit accordé à ceux de l’Education Nationale serait tout à fait inacceptable mais pas du tout surprenant de la part de notre ministère qui veut à tout prix garder la main-mise sur l’enseignement agricole mais qui est en train de l’assassiner à petit feu, en tout cas pour ce qui est de sa composante publique ». Priver l’enseignement agricole du Pass éducation serait d’autant plus inadmissible que ces enseignants ont bénéficié des autres mesures Darcos (heures supplémentaires majorées etc.), travaillent en relation étroite avec leur territoire dont,plus que d’autres, ils savent utiliser les ressources.
Communiqué officiel
http://www.education.gouv.fr/pass-education/
Pétition lancée par un webzine pour le Pass pour tous les enseignants
http://www.mesopinions.com/Gratuite-des-musees-pour-tous-les-[…]
Sur l’histoire des arts
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2008/08/2908[…]
L’EXpresso du 2 avril