Par François Jarraud
Quelles sont les pratiques culturelles des Digital Natives ? Dans quelle mesure sont-elles compatibles avec celles des institutions de transmission ? Sylvie Octobre tente de faire une rapide synthèse pour Culture prospective, une revue du ministère de la Culture.
« Du côté de la famille, moderne, individualiste, et plurimodale », écrit-elle, « les transmissions culturelles sont toujours efficientes, mais les objectifs des transmetteurs ont changé : les parents souhaitent laisser une large liberté aux héritiers, les identités culturelles sont co-construites dans des familles qui ressemblent à des agoras25. La culture est donc négociée, partagée… Il n’y a donc pas de rupture générationnelle, mais plutôt un continuum de situations de décalage vers les cultures dites populaires ou médiatiques26, qui connaît des accélérations technologiques ».
Mais du coté de l’Ecole, c’est très différent. « Les mécanismes traditionnels de transmission sont concurrencés par l’irruption de nouveaux modes d’accès au savoir (wiki, moteurs de recherche, etc.) »; mais , pire encore « si l’autorité traditionnelle de l’école est battue en brèche, ce n’est pas seulement parce qu’elle n’a plus le monopole du savoir ni même que le savoir ne semble plus être le passage obligé pour réussir sa vie, mais également parce que ses modes d’intervention semblent de moins en moins en phase avec les compétences et attentes des jeunes générations ».
Pour Sylvie Octobre, « ceci incite à une véritable réflexion pédagogique sur les modes de transmission, qui ne se réduise pas à l’insertion de technologies mais englobe une réflexion sur les apprentissages. Si les aptitudes des jeunes générations sont bien celles décrites par William Winn, directeur du Learning Center de l’université deWashington – cerveau hypertexte qui rebondit d’une idée à l’autre, aptitude au fonctionnement multitâches, approche intuitive de certains problèmes, désir d’interaction, etc. – celles-ci remettent en question les présupposés qui sont ceux de l’éducation cartésienne, silencieuse, linéaire et dissertative ».
L’étude
http://www2.culture.gouv.fr/culture/deps/2008/pdf/Cprospective09-1.pdf