Par Monique Royer
L’orientation est aussi un enjeu pour les parents qui doivent décrypter le système pour accompagner au mieux leurs enfants dans leur choix. L’affaire se complique en cette année scolaire, année des incertitudes et des valses hésitations.
Depuis le temps qu’on l’attend cette troisième, l’année de l’orientation avec cette peur de louper le coche, la bonne filière, le bon lycée. Je rejoins en 2009 la cohorte de ces parents qui veulent le meilleur tout en respectant les vœux du cher petit, pour peu que les deux ne rentrent pas en contradiction et que le petit en question sache ce qu’il veut devenir plus tard … un plus tard bien lointain pour des ados dont l’esprit vagabonde dans des préoccupations plus actuelles. Bref, à la fois munie de mes angoisses sur l’avenir, de mes bons sentiments de maman et des guides de l’Onisep, je traque l’orientation consensuelle. Et en 2008-2009, rien n’est simple.
La vie de parent d’un enfant en 3e n’est pas vraiment un long fleuve tranquille, rythmée cette année par un air de valse. Dans un premier temps, il y eut l’annonce de la réforme des lycées, dans un deuxième des explications sur le Bac Professionnel en trois ans, puis dans un troisième temps les effets printaniers de la reconquête du mois de juin.
Reprenons en douceur cette valse. Jusqu’en décembre, les réflexions sur l’orientation étaient réfrénées par les mystères de la réforme. Qu’allait devenir le lycée ? Quelles options devront choisir les futurs lycéens pour se diriger vers leur filière de prédilection ? Pas de réponse jusqu’à l’annonce du report du projet qui faisait retomber le soufflé des nouvelles inquiétudes. La question de l’orientation est déjà bien trop épineuse pour rajouter des inconnues dans son équation.
Elle le demeure d’ailleurs dans le cas du choix de la voie professionnelle. L’arrivée du Bac Pro en 3 ans sonne t’-elle le glas des BEP ? Oui pour certains, non pour d’autres nous répond-on. Le diplôme demeure sans que des formations spécifiques subsistent ? Un jeune orienté vers le CAP, aura-t-il encore la possibilité de se diriger ensuite vers un cursus plus long ? Pour un élève qui souhaite se diriger vers un BTS, quel Bac est le plus approprié le Bac Pro ou le Bac Techno ? Bref, malgré les documents diffusés, les explications données par les CIO, les interrogations sont toujours là.
Et le temps presse car cette année le calendrier produit de drôles d’effets. Comme l’année scolaire rallonge, les temps de réflexion pour l’orientation raccourcissent. C’est une des conséquences de l’opération « reconquête du mois de juin ». Puisque les conseils de classe de troisième trimestre sont reculés dans le mois de juin, de façon à maintenir l’intérêt des collégiens pour la fréquentation assidue de leurs salles de cours jusqu’à la date officielle des vacances, les vœux et les avis des enseignants devront être clairement établis à la fin du deuxième trimestre même s’ils ne seront pas inéluctables. D’ordinaire, les choix d’orientation étaient abordés au conseil de classe du deuxième trimestre et analysés plus en détail lors du dernier conseil. Cette année, l’examen au cas par cas des orientations sera effectué dès les prochains conseils de classe.
La tâche sera rude. Pour les collégiens et leurs parents tout d’abord puisque les choix s’opèrent souvent après avoir visité les différents lycées dans le traditionnel marathon des portes ouvertes et réfléchi aux différentes options en fonction des résultats scolaires. Le temps sera sans doute top court. A peine a t’-on cerné ce que le jeune veut faire qu’il faut formuler les vœux le plus précisément possible.
Pour les conseils de classe aussi, et en premier lieu pour les représentants des parents d’élèves, l’exercice risque d’être difficile pour évaluer la pertinence des choix d’orientation. Le troisième trimestre peut être celui de la maturité ou du relâchement, c’est selon. Décider d’une orientation en amputant l’année de référence d’un tiers, risque de fausser les avis et aussi, autre effet secondaire de la reconquête du mois de juin, de démotiver certains élèves pour qui l’impression que les dés sont jetés sera la plus forte.
La question de l’orientation est d’ordinaire un moment clé, une étape redoutée et attendue par les collégiens et leurs parents. Cette année, elle se complique au risque de se transformer en véritable course d’obstacles.
La fin des vacances est là. Nous sommes fin prêts. Les dates des portes ouvertes des lycées des environs sont cochées dans l’agenda, les rendez-vous pris avec le conseiller d’orientation et le prof principal. Il reste plus qu’à se mettre au travail pour rattraper en un mois les notes et les appréciations qui seraient défavorables. Croisons les doigts, pourvu que le mois de mars ne soit pas trop beau et ne dissolve pas la motivation du cher petit dans les rayons printaniers.