Par Françoise Solliec
A Lille, du 5 au 7 février, 756 jeunes venus de toutes les régions de France se sont affrontés en compétition pendant 3 jours pour montrer leur savoir-faire dans plus de 40 métiers. Des réalisations professionnelles remarquables, une aventure passionnante, voire exceptionnelle pour les 40 équipiers, parmi lesquels 3 franciliens, qui représenteront la France à Calgary, en septembre.
En s’adressant le 28 janvier aux 33 lauréats des épreuves régionales pour les féliciter et leur remettre leurs récompenses, avant leur départ pour Lille, Jean-Paul Huchon, président du conseil régional rappelait que « l’Ile-de-France est un lieu privilégié d’apprentissage et de formation. Pour une région qui a un PIB comparable à celui de la Belgique ou de la Hollande, la valorisation des métiers est une des priorités».
Les Olympiades des métiers sont en effet une excellente occasion de montrer et promouvoir la diversité et la richesse des métiers, celles par exemple des métiers d’art (tailleurs de pierre, tapisserie d’ameublement, etc.) ou des métiers requérant des compétences technologiques pointues (gestion des réseaux informatiques, mécatronique, etc), même si l’on peut regretter la forte prédominance masculine des lauréats franciliens (une seule jeune fille figurait parmi eux). Il était donc naturel que la région Ile-de-France demande à accueillir les finales nationales en 2011 et soit candidate à l’accueil de la compétition internationale en 2013. La cérémonie de remise des médailles s’est d’ailleurs accompagnée de la signature d’une charte avec la présidente du Cofom, le comité français des Olympiades des métiers, Marie-Thérèse Geffroy, en vue de la préparation des finales nationales 2011. « Cela va certainement nous mobiliser beaucoup sur les 2 années à venir » expliquent Vincent Vergès et Bernadette Lefavrais, de la direction de l’apprentissage et la direction des politiques éducatives, « avec la mise en place d’un comité de pilotage élargi, chargé d’organiser un événement de plus en plus suivi, qui recevra certainement un public très important et qui pourrait se dérouler à la porte de Versailles, au salon des expositions ».
En attendant, le comité de pilotage actuel s’est chargé d’organiser la préparation des 33 candidats sélectionnés, au cours de deux week-ends de’entraînement quasi-sportif, au CREPS de Chatenay-Malabry. « Les finales nationales sont une véritable épreuve d’endurance » affirme Vincent Vergès « et les jeunes n’ont pas l’habitude d’un tel effort. Ces journées sont aussi l’occasion de créer un esprit d’équipe. Le seul élément féminin du groupe a été très bien accepté et un esprit de solidarité s’est vite instauré ».
Le voyage en autocar des 33 franciliens, chacun muni d’une « boîte à outils » conforme au règlement du concours et d’un équipement aux couleurs de la région (T-shirt, sac de sport, etc), a aussi été pris en charge par le conseil régional, ainsi que les frais d’hébergement et de restauration à Lille. Ils ont été accompagnés par une quinzaine de jurés qui se sont ensuite répartis par métier sur les 3 jours de la compétition.
Comme à chaque fois, les finales nationales de Lille ont été l’occasion pour les jeunes d’aboutir à des réalisations extraordinaires, dans des conditions très contraintes. « Nous avons participé à plusieurs finales, mais à chaque fois nous sommes emerveillés par les compétences montrées et l’investissement consenti » déclarent Vincent Vergès et Bernadette Lafavrais. « De telles épreuves sont une vitrine pour les jeunes qui ne connaissent pas les métiers et l’on voit bien que les métiers, même les plus manuels, utilisent des techniques et des gestes de plus en plus complexes ».
Il faut croire que le discours de Jean-Paul Huchon avait un côté prémonitoire car ce sont en bijouterie joaillerie (Laurent Joly Pottuz) , art floral (Clément Petit), tapisserie d’ameublement (Michel Das Neves) et réfrigération technique (Laurent Valade) que 4 franciliens ont obtenu à Lille des médailles d’or, un autre (Anthony Michel) obtenant une médaille d’argent en coiffure. Cependant, la spécialité tapisserie d’ameublement ne figure pas dans les métiers retenus pour les Olympiades 2009 (moins de 12 pays ayant proposé cette spécialité) et Michel Das Neves ne fera donc pas partie des 40 français présents à Calgary. Il affirme néanmoins sa satisfaction, dans un entretien reproduit sur le site du conseil régional : Gagner ce concours me permet de prouver que notre travail est de qualité malgré notre jeune âge. Car on est parfois pris pour des guignols ! Je me suis déjà vu refuser un emploi sous prétexte que j’étais trop jeune ».