Par Cyril Froidure,
Nourrir les hommes : un programme, deux livres.
Au programme du Capes cette année, a été proposée cette question essentielle, « Nourrir les hommes ». Bien évidemment, ce nouveau thème a été l’occasion pour les éditeurs de fournir aux candidats les synthèses nécessaires pour appréhender ce sujet.
Ici, mais sans en faire un compte-rendu exhaustif, nous présenterons les volumes parus chez les éditions Ellipses et Sedes :
Nourrir les hommes, (Dir) Gabriel Wackermann, éditions Ellipses, 260 pages.
Nourrir les hommes, (Dir) Jean-Paul Charvet, éditions Sedes, 317 pages.
1)Les auteurs
Chez Ellipses, on a à nouveau confié la direction de l’ouvrage pour le concours à Gabriel Wackermann qui s’est entouré d’un pool d’auteurs dont aucun n’est vraiment spécialiste de la question mais dont certains sont des auteurs publiés par l’éditeur (Michel Deshaies et « Les territoires miniers : exploitation et reconquête »; Eric Lambourdière, «Les Caraïbes dans la géopolitique mondiale » ) et spécialistes des domaines démographique (Gérard-François Dumont), du transport maritime (Jacques Marcadon)…
Côté Sedes, Jean-Paul Charvet, spécialiste des questions agricoles (« L’agriculture mondialisée », n°8059 de la Documentation Française, cr sur le site des Clionautes, http://www.clionautes.org/spip.php?article1593&var_recherche=l’agriculture mondialis%E9e ; « Géographie agricole et rurale ») a été choisi pour coordonner cette publication. Les co-auteurs sont soit des spécialistes des questions agricoles ou alimentaires tels que Jean-Paul Charvet (« Géographie rurale et agricole » avec JP Charvet ; Gilles Fumey, « Géopolitique de l’alimentation »), soit des géographes reconnus pour leur connaissance fine d’espaces particuliers (Denis Eckert et la Russie, Hervé Théry et le Brésil, Frédéric Landy et l’Inde).
2)Le chapitre d’introduction.
Dévolus à G.Wackermann e à J.P. Charvet, il donne le ton de chaque ouvrage et les situe sur des segments différents. Si avec le premier, sont évoquées les grandes problématiques, texte assorti de quelques charges contre le modèle libéral, le second dresse immédiatement un tableau fort complet des situations dans le domaine de l’offre de nourriture, de la demande et des échanges.
3)Le plan et le développement.
Le livre des éditions Ellipses propose un plan en quatre parties : une partie introductive, une autre consacrée aux rapports entre population et alimentation et les deux dernières aux aspects sectoriels et spatiaux. Gérard-François Dumont est l’auteur des lignes de la deuxième partie qui ressemble à s’y méprendre à un sujet de concours ; les trois chapitres traitant des questions démographiques ressemble d’ailleurs à un plan possible d’un sujet qui pourrait être « Population et alimentation » : un chapitre descriptif (« Les disparités géodémographiques de l’alimentation dans le monde »), un chapitre explicatif (« Les facteurs des inégalités alimentaires dans le monde »), un chapitre prospectif (« Perspectives démographiques et besoins alimentaires dans le monde »). Les deux dernières parties, aspects sectoriels et spatiaux, segmentent peut-être un peu trop la réflexion mais livrent des éclairages utiles, les principales problématiques sur des questions techniques (« La logistique humanitaire, levier de performance de l’approvisionnement des populations », « les enjeux logistiques des système urbains d’approvisionnement et de distribution alimentaire dans l’aire Asie- Pacifique ») ou plus strictement géographique (« Nourrir le continent américain, le Nord et le Sud »)
Aux éditions Sedes, choix a été fait d’étudier les systèmes agroalimentaires d’espaces à différentes échelles : celle de la métafrontière Nord/Sud, celle d’un sous-ensemble régional (L’Europe centrale), celle d’une association d’état (le Mercosur), celle de pays (L’Inde et la Chine) ; deux chapitres thématiques venant compléter le propos dont un intéressant texte sur les produits aquatiques. Ces différentes contributions valent pour leur structuration (plan détaillé et clair) mais surtout pour la foultitude de données, chiffrées ou non, qui enrichiront à n’en pas douter les copies des candidats.
4)La Bibliographie/Sitographie ; documents ;index…
Les deux options possibles sont présentes : une bibliographie/Sitographie générale chez Sedes, des Bibliographies/Sitographies de fin de certains chapitres pour Ellipses. Les deux présentent des avantages. On notera que la sitographie du livre Sedes ne fournit que 5 adresses, d’autres sont citées dans les développements mais sont plus difficiles à retrouver.
Chez Sedes, cartes et graphiques dominent et sont facile à retrouver grâce à une table des cartes et figures et sont souvent plus clairs que dans l’ouvrage Ellipses par contre le second offre en plus de petits encarts bienvenus pour illustrer ou éclairer un fait, une idée («Biocarburants et critique », le point de vue de Via Campesina sur la crise alimentaire…). A signaler l’excellent chapitre d’Hervé Théry qui vaut autant pour le texte que pour le nombre et la qualité des cartes proposées.
Un regret peut-être l’absence d’index voire d’un glossaire où l’on aurait pu retrouver les définitions de transition alimentaire, d’effet de King, d’agriculture biologique…
Enfin, chez Ellipses, les auteurs ont intégré des dissertations, une sorte de deux-en-un alors que pour les précédentes questions au concours, un 2ème livre proposait des dissertations corrigées.
Conclusion
Les deux ouvrages sont complémentaires :
1)L’intérêt général.
Défricher avec l’Ellipses : identifier les grandes problématiques
labourer avec le Sedes : approfondir celles-ci.
2)Le contenu
Pour ne prendre que deux exemples, signalons l’absence de contributions concernant la question de nourrir les homme en ville chez Sedes alors que les auteurs d’Ellipses y consacrent deux chapitres.
A l’opposé, une simple dissertation pour traiter des deux mastodontes démographiques, Chine et Inde chez Ellipses mais une quarantaine de pages composée par Frédéric Landy sur les défis qu’ils ont à relever. Ajoutons aussi, le chapitre final sur les productions aquatiques presque totalement absentes de la réflexion chez Ellipses.