Par François Jarraud
« Massive », « puissante », la mobilisation a été très forte le 29 janvier puisqu’on compte de 1 à 2,5 millions de manifestants. Paris aurait vu de 60 à 300 000 manifestants, Marseille de 20 à 300 000, Toulouse, Bordeaux de 30 à 90 000. L’importance des cortèges a impressionné les enseignants : « A Clermont, un vrai fleuve, jamais vu ! » « 40 000 à Caen !!! » Les enseignants représentaient une bonne partie de ces cortèges, où on remarquait aussi des salariés du privé.
Alors que nationalement le taux de grévistes a été un peu moins fort qu’espéré, il est particulièrement fort à l’éducation nationale. Le ministère reconnaît 48% de grévistes dans le premier degré, 28% dans le second degré, soit davantage qu’au 20 novembre dernier. Les syndicats avancent les chiffres de 69% au primaire et « plus de 50% » dans le secondaire.
Les syndicats interpellent le gouvernement. Pour le SNES, « cette mobilisation doit conduire le gouvernement à prendre en compte les demandes des personnels » c’est-à-dire rétablir les postes supprimés, reporter la réforme dela formation des enseignants, doubler les postes aux concours. Le Snes » appelle à organiser ans le second degré le 5 février, des « soirées des lycées et collèges » avec les parents et les élèves ». Pour le Snuipp, « l’avenir de l’école et la réussite de tous les élèves nécessitent que le Ministre prenne la mesure de la colère et du rejet que provoque sa politique éducative et budgétaire et réponde sans tarder à cette exigence de dialogue social ».
Quant à Xavier Darcos, interrogé par l’AFP, il voit « deux éléments forts dans les messages de cette journée: une demande de justice sociale et un pouvoir d’achat amélioré pour les enseignants… Ces deux éléments sont au coeur des réformes que j’ai engagées » affirme-t-il…
Le président de la République semble entendre davantage la portée de ce mouvement. » Cette crise impose aux pouvoirs publics un devoir d’écoute, de dialogue, et en même temps une grande détermination à agir » annonce-t-il. « Dans cet esprit, je rencontrerai durant le mois de février les organisations syndicales et patronales afin de convenir du programme de réformes à conduire en 2009 et des méthodes pour le mener à bien ».
Communiqué Snes
http://www.snes.edu/spip.php?article16430
Communiqué Elysée
http://www.elysee.fr/documents/index.php?cat_id=8
Dépêche AFP
http://fr.news.yahoo.com/2/20090129/tfr-les-enseignants-nombreux[…]
Les fédérations syndicales dans l’attente de Sarkozy
« Les organisations syndicales… appellent les salariés et leurs organisations à rester mobilisés et à s’appuyer sur la force de la journée du 29 janvier pour obtenir partout des négociations sur les revendications. » Réunies moins d’une semaine après la grande manifestation du 29 janvier, les fédérations syndicales (Cfdt, Cgc, Cftc, Cgt, Fo, Fsu, Solidaires, Unsa) ont décidé d’attendre les propositions du président de la République.
« La puissance du mouvement conduit le Président de la République à s’exprimer jeudi. Les organisations syndicales en attendent des réponses aux revendications par l’annonce de mesures concrètes et immédiates et par l’ouverture de discussions avec elles. Elles se réuniront le 9 février 2009 pour en apprécier la portée et en tirer les conséquences. »
Communiqué
http://www.se-unsa.org/spip.php?article1501
Sarkozy droit dans ses bottes
« Si on doit arrêter chaque réforme quand il y a une manifestation, on ne réformera rien ». Jeudi 5 février, le président de la République a confirmé sa volonté d’aller au bout de la réforme du lycée et plaidé en faveur des réformes faites par son gouvernement dans l’éducation.
Ainsi il a fait du service minimum d’accueil (SMA) un élément à l’actif de son action. « Quelque chose a changé dans le pays, le service minimum, ça marche ! » a-t-il déclaré devant les caméras. Il a vivement attaqué le maire de Paris, Bertrand Delanoë pour avoir refusé de l’appliquer. Le dispositif est pourtant loin de faire l’unanimité chez les élus, y compris dans la majorité, et suscite un intérêt très relatif chez les parents si l’on en croit un récent sondage de la Peep.
Même fermeté à propos de la réforme des universités. Alors que les cortèges d’universitaires ont traversé de nombreuses villes ce même 5 février, le président de la République a confirmé que la réforme est maintenue. « On est prêt à évoluer sur certaines modalités » a-t-il tout juste concédé.
Une remarque éclaire la prestation télévisée de N. Sarkozy : « vous croyez vraiment que le général de Gaulle ne décidait pas ? ». Jeudi 5 février, le président de la République défendait la présidentialisation croissante du régime en se retranchant derrière le précédent gaulliste.
Les fédérations de l’éducation appellent à la grève le 19 mars
« Les fédérations entendent s’inscrire pleinement dans la journée d’action du 19 mars et appellent les personnels à en assurer la réussite, notamment en préparant grèves et manifestations ». Les 7 fédérations de l’éducation (FAEN, FERC-CGT, FNEC-FP-FO, FSU, SGEN-CFDT, Sud-Education, UNSA Education) « considèrent que les réponses apportées lors de l’intervention du Président de la République restent loin des attentes et des exigences portées par la mobilisation du 29 janvier 2009 ».
Communiqué
http://www.fsu.fr/spip.php?article1460