Par François Jarraud
Enseignement religieux, service minimum pour les enseignants… Quelle Ecole veut la droite ? Pour le savoir il suffit de lire le compte-rendu de la séance du 3 décembre du Sénat qui débattait du budget de l’éducation nationale en présence de Xavier Darcos. Mais la question budgétaire se pose aussi ailleurs…
Le budget de l’enseignement agricole a été l’occasion d’un bras de fer public entre X. Darcos, soucieux de préserver d’une saisie de 51 millions son propre budget, et des sénateurs de la majorité préoccupés de soutenir les établissements privés agricoles. La sénatrice centriste Françoise Férat a démonté le budget de m’enseignement agricole et démontré que l’Etat allait au devant d’une condamnation. Après marchandage en direct, le « trou » de 51 millions a été comblé par un amendement apportant 8 millions de l’agriculture et 43 millions de l’éducation nationale. La gauche s’est abstenue. Selon le sénateur PS Serge Lagauche « désolé, mais nous n’allons pas participer à vos petits arrangements… Si vous n’êtes pas capables de vous entendre sur une petite somme, ne comptez pas sur nous pour vous y aider. Avec ce scrutin public, il semble même que vous ne vous fassiez mutuellement pas confiance ».
L’avenir des Rased a occupé un temps de parole particulièrement long et a été marqué par de nombreuses interventions et un amendement proposé par Jacques Muller (Verts) proposant « d’affecter les crédits destinés à financer le dispositif « heures supplémentaires » de la loi Tepa au rétablissement des 3 000 postes de Rased ».
Le SMA a opposé Xavier Darcos à une proposition du sénateur UMP Alain Vasselle soutenue par le rapporteur spécial, Gérard Longuet. « J’ai déjà suggéré que l’on adopte pour le service minimum à l’école le même dispositif que dans les transports… Les enseignants ne pourraient-ils pas garder eux-mêmes les enfants, sans faire cours ? » (Protestations et sarcasmes à gauche)
Une sénatrice UMP, Janine Rozier, là aussi avec le soutien de Gérard Longuet, a proposé l’instauration d’un enseignement religieux. « Est-il prévu de compléter l’information et la culture de nos enfants en leur disant que nos civilisations européennes sont nées de la chrétienté, et en leur apprenant l’origine des mots Pâques, Noël, Pentecôte ? Je cite : « Le message de la révélation chrétienne se présente toujours revêtu d’une enveloppe culturelle dont il est indissociable » ». Ce à quoi Xavier Darcos répondit que « dans l’école de la République, l’enseignement des faits religieux ne constitue pas un enseignement séparé ».
Le compte-rendu des débats
http://www.senat.fr/cra/s20081203/s20081203_2.html#par_17
Frackowiak : la question des moyens occulte les problèmes de l’Ecole
« L’idée de projet éducatif démocratique au cœur d’un projet de société moderne étant abandonnée, oubliée par les uns, laissée soigneusement sous le boisseau par les autres, la force de la question des moyens est venue occulter complètement les vrais problèmes » affirme Pierre Frackowiak dans une tribune accordée au Café.
« En focalisant toujours les actions sur les moyens, en livrant les questions d’éducation aux techniciens, tous imprégnés de la culture du second degré classique qui leur a si bien réussi, on a peu à peu entériné l’oubli de l’idée d’un projet éducatif inscrit dans un projet de société. Les combats pour les moyens ont parfois, souvent, permis de cacher le vide de la pensée, de dissimuler le refus des réformes nécessaires, de surmonter les divisions syndicales….Il est possible de demander aux parents de s’enchaîner aux grilles des écoles pour s’opposer à une fermeture de classe. Il est actuellement impossible de mobiliser les mêmes pour exiger une autre approche de la place de l’école dans la cité ».
La tribune
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2008/12/PFrackowia[…]
RGPP : Les feux verts de l’éducation nationale
C’est un ministère modèle. A l’occasion de la publication du premier rapport d’étape sur la Révision générale des politiques publiques (RGPP), les services de Xavier Darcos peuvent afficher un « avancement satisfaisant » pour la quasi-totalité des mesures : 16 « feux verts », 2 « oranges » et 1 rouge.
La RGPP vise à « améliorer l’utilisation des moyens de l’Etat » c’est-à-dire, de façon claire, à supprimer dès 2009 30 600 emplois correspondant à 7,7 milliards.
C’est à cette aune que sont mesurées les réformes de l’éducation nationale. La réforme du primaire est considérée comme avançant bien, y compris pour les EPEP. Le ministre est aussi satisfait de la réforme du secondaire sauf sur le plan d el’autonomie des lycées. La formation continue des jeunes enseignants laisse à désirer.
Rapport
http://www.budget.gouv.fr/presse/dossiers_de_presse/081203rgpp.pdf
L’Allemagne consacrera 10% de son PIB à l’éducation
Réunis le 22 octobre, les représentants des Länder et le gouvernement fédéral ont décidé de porter d’ici 2015 à 10% la part du PIB consacrée à l’éducation et la recherche (9% actuellement). Une partie de cet effort ira au supérieur : le pays ouvrira 300 000 places d’étudiants supplémentaires.
Article du BE Allemagne
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/56439.htm
L’éducation enjeu électoral au Québec
2008 est une année d’élections au Québec et les deux principales formations, le Parti Québécois (PQ) et le Parti Libéral Québécois (PLQ), actuellement au pouvoir, ont fait de l’éducation un des enjeux des élections. Le PLQ a promis qu’en cas de victoire il réduirait de 10% la taille de toutes les classes. Pour cela il embauchera 2 400 annonçant qu’il baisserait de 20% la taille des classes dans les établissements défavorisés et de 10% ailleurs. Chaque parti y va de ses suggestions pour trouver les enseignants nécessaires.
Finalement c’est le parti libéral qui l’a emporté de justesse.
Article Cyberpresse.ca
http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/education/200[…]
Texte du PQ
http://www.pq.org/nouvelles/education-les-engagements-parti-quebecois/
L’Angleterre va renforcer l’éducation des 16-19 ans et l’apprentissage
Le discours de la reine, qui a annoncé le 3 décembre la politqiue du gouvernement, traite principalement de la crise économique. Mais une partie est consacrée à l’éducation. Le gouvernement a décidé d’étendre la scolarité obligatoire de 16 à 17 ans en 2013 et 19 ans en 2015.
Une nouvelle autorité The Young People’s Learning Agency aidera les autorités locales à mettre en place ces structures éducatives. Un gros effort sera fait pour développer l’apprentissage. Les écoles auront des pouvoirs disciplinaires renforcés par exemple dans la recherche de l’alcool et des drogues.
Article BBC News
http://news.bbc.co.uk/1/hi/education/7762589.stm
Le discours de la reine (vidéo)
http://news.bbc.co.uk/1/hi/uk_politics/7762675.stm
Et texte
http://www.number10.gov.uk/Page17665
Inégalités et indifférence politique compromettent l’Education pour tous
Alors que s’ouvre à Genève la Conférence internationale sur l’éducation, l’Unesco alerte l’opinion sur l’état de l’éducation dans le monde. « Lorsque les systèmes financiers s’effondrent », écrit Koïchiro Matsuura, directeur général de l’Unesco, « les gouvernements agissent. Lorsque les systèmes éducatifs échouent, les conséquences sont moins visibles ». Sous le titre « Vaincre l’inégalité : l’importance de la gouvernance » , l’organisation publie l’édition 2009 du Rapport mondial de suivi sur l’Education pour tous.
Certes des progrès ont été faits. Ainsi les taux nets de scolarisation dans les PVD a fortement augmenté. En Afrique subsaharienne, il est passé de 54 à 70% depuis 1999. Mais, selon l’Unesco, « les progrès accomplis vers la réalisation de l’Education pour tous sont compromis par l’inaction des gouvernements face aux inégalités persistantes fondées sur le revenu, le sexe, le lieu de résidence, l’appartenance ethnique, la langue, le handicap « . Une bonne gouvernance paraît donc la condition première au progrès de la scolarisation.
L »Unesco donne des exemples. Dans les pays en développement, un enfant sur trois souffre de lésions cérébrales pour cause de malnutrition. Cela ampute ses perspectives d’éducation. Si l’Ethiopie et la Tanzanie arrivent à scolariser les pauvres grâce à la suppression des frais de scolarité, au Nigéria ou au Pakistan les progrès sont minces. Le problème se pose aussi pour les filles. Sur 176 pays, seulement 59 avaient réalisé la parité dans l’enseignement scolaire. Une fois que les filles sont scolarisés, elles sont confrontées aux stéréotypes sexistes des enseignants et des manuels.
Enfin le financement national est souvent insuffisant. La part du revenu national consacrée à l’éducation a diminué depuis s1994 dans 40 pays. Les pays à faible revenu sont ceux qui dépensent le moins pour l’éducation : 11 pays africains dépensent moins de 4% du PIB. Des errements existent aussi dans l’aide internationale qui est notoirement insuffisante.
L’organisation demande donc des programmes de lutte contre la pauvreté et de promotion de la parité, ainsi qu’une augmentation des budgets éducatifs.
Communiqué
http://portal.unesco.org/fr/ev.php-URL_ID=43924&URL_DO=DO_[…]
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