Directeur de la Dgesco, la direction de l’enseignement scolaire au ministère de l’éducation nationale, Jean-Louis Nembrini est au cœur des débats et des décisions sur la réforme du lycée. Il répond aux questions du Café.
On est dans les derniers tours de table avant l’annonce des choix ministériels sur l’organisation de la nouvelle seconde. Certaines disciplines, comme les SES ou les langues anciennes se mobilisent. Les arbitrages leur sont-elles favorables ?
On est encore en discussion. Dans quelques jours les arbitrages seront publics. Mais je peux leur dire qu’ils peuvent déjà être rassurés.
On a eu le sentiment qu’au fil du temps la réforme se dégonflait et abandonnait ses ambitions. C’est votre avis ?
D’abord il faut rappeler que l’on parle de la seconde seulement. Il y aura aussi la réforme du cycle terminal. Surtout, dans cette réforme comme dans les autres, tout dépendra de la mise en œuvre. Ceci dit la réforme est ambitieuse. On généralise une approche individualiste des enseignements, on s’adapte aux besoins des élèves. On met en œuvre des aides, des modules d’approfondissement à la demande. On met en route un véritable travail sur l’orientation. Les 3 heures d’accompagnement c’est totalement nouveau. Ca représente quand même 10% du temps scolaire.
Cette réforme porte les objectifs des réformes précédentes : faire de la seconde une vraie classe de détermination. Pour cela on dispose de modules choisis nécessaires pour suivre en terminale. Notre objectif central pour cette classe c’est évidemment apprendre, mais aussi que chaque élève se rende compte des exigences qui seront celles du cycle central. Par exemple chaque élève pourra tester ses goûts en physique ou en maths. Il pourra choisir des modules de découverte. Tout ça c’est nouveau. On met vraiment le projet de l’élève au centre de cette seconde.
C’est pour cette raison que c’est une vraie réforme, importante. Il n’y a pas de dégonflage. On va réellement faire un nouveau lycée français, avec un socle important pour tous dans la tradition française, beaucoup d’enseignements généraux. Mais aussi avec de l’individualité, la construction du projet d’orientation, la capacité à tester ses goûts.
Pensez vous réduire le taux de redoublement qui est énorme en seconde ?
Ce taux n’est pas acceptable. Il ne correspond pas au niveau réel des élèves. Avec la nouvelle seconde on mettra plus de fluidité dans les parcours, il y aura moins d’erreurs d’orientation. Les élèves auront moins d’illusions sur leurs goûts et leurs compétences. La semestrialisation permettra d’éviter de perdre un an.
Justement n’y–a-t-il pas un risque, avec cette possibilité de changer en cours d’année, d’aggraver la sélection ?
Et si on regardait ce qui ne va pas dans le système actuel ! Mais, je vous réponds non car la semestrialisation permettra de changer son choix sans perdre de temps. D’autre part aucun module ne sera pré-requis pour le cycle terminal. Maintenant il est vrai qu’il faut que les professeurs s’emparent de cette réforme. C’est toute l’importance de la mise en œuvre.
Certaines négociations ont filtré, par exemple avec l’APMEP, et on a l’impression que dans la nouvelle seconde des filières vont être reconstituées. Est-ce le cas ?
Les choix effectués sont différents. La possibilité de choix est une exigence des élèves et des parents. L’hypothèse de perdre une année en seconde n’est plus acceptable aujourd’hui. Attendez de voir les programmes du tronc commun et des modules et on verra bien.
Propos recueillis par François Jarraud