Par Françoise Solliec
Depuis 2004, la cité scolaire Henri Bergson (Paris 19ème) est un des établissements pilotes de la démarche d’Agenda 21 scolaire du Comité 21 français. Ce projet fédérateur, inscrit depuis 2006 dans le projet d’établissement, fait toucher du doigt aux élèves et aux membres de la communauté éducative ce que peut être une stratégie de développement durable quand on la vit au quotidien.
En milieu scolaire, l’Agenda 21, ensemble de recommandations concrètes pour le 21ème siècle, décliné du concept de développement durable, invite à mobiliser toutes les compétences de l’établissement autour d’un projet axé sur la prise de conscience et le bien-être de tous plutôt qu’à mettre en place un catalogue de mesures sectorielles.
Dans la cité scolaire Bergson, déclarent sur le site dédié les responsables du projet, « la démarche d’Agenda 21 s’inscrit dans la deuxième phase de généralisation, qui promeut les démarches dans les établissement scolaires sous le label E3D : Etablissement en Démarche de Développement Durable ». De manière exemplaire, cette démarche porte aussi bien sur la transformation des bâtiments que sur une incitation à des changements de comportements des élèves et des adultes, tant au sein du lycée (750 élèves) que du collège (750 élèves).
Afin de répondre aux trois objectifs du projet, « former des éco-citoyens, diminuer l’empreinte écologique de la cité scolaire et faire du « melting pot » bergsonien un lieu d’intégration », un comité de pilotage a été mis en place. « Composé notamment d’élèves, de parents, de membres de la communauté éducative et de nos principaux partenaires » explique Marianne Dodinet, proviseure-adjointe du lycée et coordonnatrice du projet, avec les professeurs Aurélie Steiger et Julien Chamboredon, « il s’est renforcé cette année avec la présence d’un membre de la Mairie de Paris et d’un membre de la région Ile-de-France ».
La région Ile-de-France a en effet retenu en 2007 l’Agenda 21 de Bergson dans son appel à projets concernant des actions remarquables de développement durable et lui a attribué une subvention d’un peu plus de 20 000 € pour des actions portant sur les économies d’énergie et la gestion des déchets.
Concrètement, déclare Marianne Dodinet, nous avons mis un tri sélectif en place et équipé les chariots de nettoyage avec des poubelles adaptées pour le recyclage du papier et du plastique. En ce qui concerne le recyclage des piles, nous sommes partenaires de l’opération Pack Ecole de la société de recyclage Screlec.
Nous nous sommes aussi préoccupés de la réduction des consommations énergétiques et avons effectué différentes études, qui ont conclu à l’acquisition d’un logiciel pour éteindre automatiquement les 300 ordinateurs de la cité à 19 h.
Mais l’agenda 21 de Bergson va bien au-delà de ces actions. En 2008-2009, il concerne prioritairement deux classes de 5ème, sous statut expérimental au sens de l’article 34, la classe de 2nde option MPI (suivie par la mission innovalo du rectorat de Paris) et la classe de 1ère S, dans le cadre des TPE.
Les élèves de 5ème découvrent les problématiques d’environnement durable au travers des différentes matières et passent une après-midi par semaine en activité projet, sur des thématiques par exemple liées à la biodiversité ou la gestion des déchets.
Les élèves de 2nde et 1ère travaillent sur différents types de bilan carbone et vont mener des études pour savoir s’il vaut mieux équper le toit en terrasse de panneaux solaires ou installer une toiture végétalisée. « Notre bâtiment, qui date des années 60, est une véritable passoire en matière énergétique » déclare Marianne Dodinet « et c’est maintenant notre priorité que de transformer la bâtiment. Nous faisons ici ce que nous pouvons et nous avons bon espoir que la cité scolaire soit bientôt inscrite dans le programme de rénovation régionale ».
En 2006-2007, la classe de seconde européenne, a travaillé avec le lycée St Edwards de Romford (banlieue de Londres) pour établir une comparaison entre les problèmes d’environnement dans les villes de Paris et de Londres et les politiques environnementales menées par les municipalités de ces deux capitales européennes. Ce partenariat a donné lieu à un site spécifique et a été récompensé par le British Council.
Une grande fête de fin d’année est l’occasion de réunir les membres de la communauté scolaire et les partenaires autour de l’exposition des travaux réalisés par les élèves tout au long de l’année.
En effet, depuis plusieurs années, les études et les travaux de sensibilisation et de communication sont menées en partenariat avec la mairie du 19ème, l’école des ingénieurs de la ville de Paris, EIVP, et Energies durables en Ile-de-France, EDIF. Comme il existe une option cinéma audivisuel, un atelier cinéma a été mis en place et a produit différents films liés à des aspects de développement durable, dans le cadre d’un partenariat avec la Maison du geste et de l’image.
Avec l’association Initiadroit, l’établissement a aussi engagé une action pour lutter contre le ressenti sur les discriminations exprimé dans une enquête par une majorité d’élèves, tant entre les élèves que de la part de leurs enseignants, principalement pour des motifs ethniques. Selon Marianne Dodinet, ce ressenti ne correspondait cependant pas à une réalité pour l’équipe de direction, qui n’a pas relevé de sanctions spécifiques à ce sujet. Le travail sur les discriminations effectué avec Initiadroit dans le cadre de l’agenda 21, notamment en cours d’ECJS et dans des ateliers, semble avoir été très bénéfique , puisque dans une seconde enquête ce ressenti est nettement en baisse et est maintenant davantage expliqué par des raisons physiques et sexistes, certainement plus proches de la réalité. Les enseignants, interpellés par l’enquête, ont aussi participé à la réflexion et fait évoluer les pratiques.
« Toute l’équipe enseignante est ici très mobilisée sur le développement durable et plusieurs d’entre nous interviennent dans les formatins rectorales ou participent au comité académique » explique Marianne Dodinet. « Nous nous sommes demandés comment inscrire efficacement cette thématique dans la formation des élèves. L’établissement est très agréable, mais il reçoit des élèves de 50 nationalités différentes, souvent en difficultés scolaires et sociales. L’agenda 21 est un projet très fédérateur, inscrit dans le projet d’établissement actuel (2006-2009) et qui le sera aussi dans le prochain ».
« C’est cet aspect fédérateur qui me paraît très intéressant dans cette démarche » conclut-elle. « C’est une entrée très riche sur le plan pédagogique et très positive, car elle motive fortement l’ensemble de l’établissement et donne un cadre à toutes nos actions, y compris de remédiation ou de lutte contre l’absentéisme ».