Par François Jarraud
Pour qui seront formés les enseignants du XXIème siècle ? Pour les futurs élites ? Ou pour assurer la démocratisation nécessaire de l’Ecole ? C’est la question qui anime le débat sur la professionnalisation de la formation. Octobre a été le mois des décisions et des événements.
Le ministère dévoile les nouveaux concours 2010
François Perret, doyen de l’inspection générale et Mark Sherringham, conseiller du ministre, présentaient le 13 octobre à la presse les maquettes générales des futurs concours de recrutement des enseignants du 1er et du 2nd degré applicables en 2010.
Sur la base des accords passés le 30 septembre avec la CDIUFM et la CPU, ces maquettes répondent au souci de séparer clairement la logique de validation universitaire (le master) et la logique de recrutement (le concours). Il s’agit de » mieux distinguer ce qui relève des universités qui ont la responsabilité de la formation initiale de tous les étudiants se destinant au professorat jusqu’au niveau du master et ce qui relève de l’Education nationale qui a la responsabilité du recrutement, de l’adaptation au métier et de la formation continue des professeurs ». En clair l’Etat abandonne la formation des enseignants aux universités. A elles de se débrouiller pour former des candidats conformes aux exigences des concours et particulièrement d’effectuer sur le temps universitaire la formation professionnelle…
La définition des concours est conforme à ce que L’Expresso annonçait le 13 octobre. Aussi bien pour le CRPE que pour le capes, le nombre d’épreuves est ramené à 4 : deux écrites d’admissibilité à la fin du premier semestre, deux mieux coefficientées, orales en fin de master 2. Pour le CRPE les deux premières consistent en une épreuve de français et de maths. Les autres aspects de la formation passent à la trappe. Les épreuves orales comportent une leçon et un entretien avec le jury. » L’entretien avec le jury permet de vérifier les connaissances du candidat relatives aux valeurs et aux exigences du service public, au système éducatif et à ses institutions et de manière plus générale à son aptitude à exercer le métier de professeur des écoles ». Pour le capes, les deux épreuves écrites différeront selon les disciplines. Les épreuves orales sont similaires à celles du Crpe. L’agrégation, elle, reste à l’abri de ces exigences pédagogiques.
Pour le ministère, il s’agit dans ces épreuves « d’assurer la prépondérance des coefficients des épreuves d’admission dont la finalité sera dorénavant de permettre de choisir les candidats les plus aptes à la fonction d’enseignant ou de CPE sur des critères d’ordre pédagogique et didactique ainsi que de connaissance du futur milieu d’exercice ».
« Mission impossible pour les universités que de définir les masters qui prépareront au mieux les futurs enseignants aux nouveaux concours de recrutement ? Où trouver la recette miracle qui alliera subtilement la maîtrise de connaissances (pluri)disciplinaires de niveau master et l’indispensable formation professionnelle qui permettra de recruter des personnels efficaces de suite, sans parler de garantir d’autres débouchés professionnels aux recalés des concours ? » écrit Françoise Solliec dans son reportage.
Sur le Café, le reportage de F Solliec
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/Concoursderecrute[…]x
Le communiqué du MEN
http://www.education.gouv.fr/cid22665/enseignants-reforme-du-r[…]
Le dossier formation du Café
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/ReformeFormation.aspx
Les réactions aux nouveaux concours
L’accueil de ces nouveaux concours n’est pas unanime du coté de la FSU. Selon l’AFP, le Snuipp se déclare « inquiet car dans ces concours, la dimension professionnelle n’existe pas. En outre, ce qui touche à la dimension psychologique et l’évolution de l’enfant est complètement absent. C’est une vision un peu simpliste de l’enseignement en primaire: la conception de l’enseignement à travers ces concours est très disciplinaire, alors qu’on fait des ponts entre les matières ». Le Snes est plus positif. » On jugeait indispensable qu’il y ait une épreuve de vérification des connaissances disciplinaires, alors on est satisfait ». Mais le syndicat regrette la suppression du stage annuel en fin de formation.
Pour le SE-UNSA, « le véritable enjeu reste celui de la formation professionnelle par alternance des futurs enseignants. Le contenu des concours donnera-t-il un signal assez fort pour que les universités construisent les maquettes des nouveaux masters en ce sens ? Le SE-UNSA en doute ». Le syndicat met en doute la portée professionnelle des épreuves. »Lorsqu’une épreuve orale d’admission est cantonnée à une « leçon » virtuelle, non pas devant des élèves, mais face à un jury, on ne se met pas en situation de vraiment juger des aptitudes à enseigner. Les étudiants y seront-ils d’ailleurs bien préparés alors que leur statut leur interdit tout stage préalable en responsabilité durant le master ? Quant à l’absence de praticiens du métier dans un jury de concours ouvrant l’accès à l’enseignement, elle laisse perplexe… »
Les nouveaux concours « conviennent » au Sgen-Cfdt. Mais « il sera toutefois nécessaire d’apporter les précisions suivantes : la deuxième épreuve des futurs professeurs des écoles doit permettre de vérifier l’acquisition d’une véritable culture scientifique…; toutes les épreuves disciplinaires (premier et second degré) doivent intégrer une dimension épistémologique; la présentation demandée aux candidats et l’entretien avec le jury lors de l’épreuve orale pédagogique doit porter sur de véritables situations d’enseignement; la quatrième épreuve ne doit pas se réduire à la connaissance des textes réglementaires, mais mettre en évidence la capacité de réflexion du candidat sur le système éducatif et ses enjeux ».
Dépêche AFP
http://www.vousnousils.fr/page.php?P=data/autour_de_nous/l_actua[…]
Communiqué Se-Unsa
http://www.se-unsa.org/presse/comm/page.php?id=081013
Communiqué Sgen Cfdt
http://www.sgen-cfdt.org/actu/article1780.html
Des concours qui sacrifient l’avenir pour JL Auduc
Directeur adjoint de l’IUFM de Créteil, Jean-Louis Auduc est au cœur des dispositifs de formation des enseignants. Il nous livre son appréciation des nouveaux concours.
« Les maquettes des concours de recrutement enseignant présentées le 13 octobre confirment toutes les craintes qu’on pouvait avoir concernant la formation professionnelle des enseignants.
A aucun moment, il n’y a dans le texte de cadrage concernant les épreuves des concours, la moindre allusion à l’obligation d’un stage en établissement scolaire.
Cette absence va peser lourd dans la représentation du métier qu’auront les futurs enseignants et pèseront sur le contenu des masters qui devront obligatoirement préparer ces épreuves et les attestations nécessaires au recrutement des professeurs des écoles. .
Les épreuves du concours tournent le dos à l’exercice réel du métier enseignant et marquent une conception étriquée de la transmission du savoir ignorant la diversité des publics scolaires et la spécificité de l’école maternelle concernant les grands domaines qui y sont pratiqués.
Elles sont de plus, compte tenu du flou de leurs contenus, porteuses du risque d’une dérive dans certaines disciplines vers des épreuves très académiques, y compris dans les épreuves orales.
On ne peut qu’être étonné de l’absence pour le concours de professeurs des écoles de toute référence à l’éducation physique et sportive et aux pratiques artistiques.
On ne peut qu’être inquiet de l’arrivée d’enseignants ainsi « préparés » à plein temps dans des classes d’établissements scolaires.
Sacrifier ainsi la formation professionnelle des enseignants, c’est sacrifier l’avenir.
Sur le Café article de JL Auduc sur la formation
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/Formatio[…]
Sur le Café, le dossier formation
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/ReformeFormation.aspx
La masterisation, à quoi ça sert ?
Mardi 30 septembre, Xavier Darcos et Valérie Pécresse signaient une « charte relative à la formation des enseignants » avec la Conférence des présidents d’université et la Conférence des directeurs d’IUFM. Le texte prévoit bien une formation professionnelle des futurs enseignants mais ne dit pas concrètement comment elle trouvera place dans le master. La charte prévoit aussi des concours nationaux mais avec un recrutement régional. Rien de bien sérieux ne semble envisagé pour faciliter l’accès des étudiants modestes au métier d’enseignant. Le fossé pédagogique et social entre ces nouveaux enseignants et les élèves des cités risque de se creuser…
Le reportage
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2008/09/Reforme[…]
La réforme de la formation répond-elle aux besoins ?
La future formation des enseignants répond-elle à leurs besoins ? C’est la question « simple » mais pertinente que pose Quoi de neuf ? », la revue du Sgen Cfdt de la banlieue parisienne. Pour y répondre, Quoi de neuf ? utilise une étude réalisée par la Depp (ministère) en 2006 sur les besoins de formation exprimés par les enseignants.
« Dans l’enquête précitée », note Quoi de neuf?, « trois quarts des professeurs des écoles jugent la deuxième année de formation en IUFM insuffisante notamment par un manque « de conseils pour gérer les situations difficiles » (58 %) et « d’échanges avec les enseignants en poste » (55 %)… Ce qu’ils souhaitent : une formation initiale sur les thèmes de « la conduite de la classe » (42 %), « apprendre à lire » (38 %), « construire une situation d’apprentissage » (21 %) et… sur les « savoirs disciplinaires » (17 %)… Il semblerait extrêmement utile à 48 % des enseignants de suivre « une formation sur la psychologie de l’enfant » et à 20 % « d’avoir des connaissances sur la difficulté scolaire ». « .
Le magazine peut conclure qu’on « est loin d’une demande de master à bac+5 construit sur des savoirs purement académiques ». D’autant que les professeurs du second degré estiment (à 69%) que leur formation disciplinaire est suffisante. Nul besoin d’un master !
Pour enfoncer le clou, Quoi de neuf ? a fait sa propre enquête auprès d’enseignants en collège. Beaucoup se plaignent d’un manque d’apprentissage concret du métier lors de leur formation.
On sait que la nouvelle formation a supprimé l’année de stage et que c’est bien la capacité des nouvelles formations à assurer une véritable formation professionnelle qui a été mise en doute lors des Etats généraux de la formation du 4 octobre. Il est vrai que la charte signée entre les universités, les IUFM et le ministère prévoit un étalement de la formation sur tout le cycle universitaire et reconnaît la dimension professionnelle. « La formation ne sera pas que disciplinaire comme on avait pu le craindre » estime Patrick Baranger, président de la CDIUFM.
Mais des questions demeurent. Même si la formation professionnelle est étalée en amont vers la licence, sera-t-elle suffisante ? Pourra-t-on apporter aux futurs enseignants l’équivalant d’une année de stage pratique ? Entend-on se désintéresser des élèves « difficiles » qui sont souvent ceux des quartiers populaires ?
En 2006, le Haut Conseil de l’Education avait lui aussi mis l’accent sur l’importance de la professionnalisation. « Enseigner est un métier ; de bonnes connaissances disciplinaires ne suffisent pas à faire un bon enseignant », écrivait-il. « Faire apprendre, conduire une classe, ou entretenir des relations confiantes avec les parents, rien ne doit être laissé au hasard de l’inné ou du charisme. Agir de la meilleure façon face à un élève incapable de maintenir son attention sur une tâche scolaire, face à un groupe indifférent ou agité, ou à un parent démuni devant l’échec de son enfant, cela s’apprend. La formation disciplinaire d’un côté, et la bonne volonté et de réelles qualités humaines de l’autre ne suffisent pas si l’on veut faire réussir tous les élèves ».
Quoi de neuf ? n°8
http://sgen-cfdt-versailles.org/IMG/pdf/QDN08.pdf
P. Meirieu : Centrer la formation des enseignants sur « le cœur du métier »
Les États généraux de la formation des enseignants qui se sont tenus samedi dernier ont représenté un temps fort de la mobilisation, associant, de manière inédite, la plupart des organisations professionnelles du premier et second degré, mais aussi des mouvements pédagogiques et d’Éducation populaire, des associations de spécialistes, des syndicalistes étudiants et des parents d’élèves. La quasi totalité des IUFM de France était représentée et, même s’il est difficile de dégager des conclusions communes définitivement stabilisées, il me semble que quelques principes peuvent être maintenant avancés :
– Enseigner est un métier d’expert, à tous les niveaux de l’institution scolaire et universitaire : en tant que tel et parce qu’il nécessite en permanence des prises de décisions rigoureuses, informées par des modèles théoriques pertinents, il requiert une formation spécifique et de haut niveau.
– Les Instituts Universitaires de Formation des Maîtres ont permis de faire avancer la professionnalisation d’un corps enseignant qui doit faire face aujourd’hui à de nouveaux défis pour permettre une plus large démocratisation de l’accès aux savoirs. Il n’est pas question, pour autant, de se satisfaire de la situation actuelle : les IUFM sont un outil, aujourd’hui intégrés ou en voie d’intégration dans les universités, qui doivent être interrogés sur leur capacité à concevoir une véritable formation professionnelle, universitaire, d’adultes et en alternance. Dans ces quatre domaines, ils ont des recherches à conduire et des progrès à faire.
– La mastérisation n’est pas en soi une mauvaise chose, mais le calendrier imposé, les incertitudes qui règnent sur l’articulation entre le master et le concours de recrutement, l’absence de cadrage national et la diversité des contextes locaux, comme les perspectives d’un désengagement progressif de l’État sur un enjeu de toute première importance… engendrent de très grandes inquiétudes qui nécessitent une forte mobilisation.
– Face aux dangers qui nous menacent, trois exigences peuvent guider l’action et l’implication de tous dans le processus en cours :
1. Il faut concevoir la formation des enseignants comme un continuum qui s’étend de la première année d’université à l’ensemble des dispositifs de formation continue. Dans ce cadre, la formation initiale d’un professeur ou d’un conseiller principal d’éducation doit, comme celle d’un médecin, être conçue sur sept années : trois années de licence comportant, à côté des enseignements disciplinaires, des apports et travaux pratiques centrés sur les conditions nécessaires à l’exercice du métier (de la maîtrise de la langue à la gestion de la classe, de la connaissance de l’institution scolaire à celle des TICE, etc.) ; ensuite deux années de master centrées sur toutes les questions relatives à la transmission des savoirs à enseigner ; deux années d’accompagnement, enfin, lors de la prise de fonction pour permettre la construction d’une véritable pensée réflexive sur le métier… Ainsi la France passerait d’une formation en modèle « successif » à une formation en modèle « simultanée », comme cela paraît souhaitable à la quasi totalité des experts.
2. Il faut que, tout au long de leur formation initiale, les étudiants puissent s’impliquer progressivement dans des actions auprès des élèves : à travers des stages d’observation, de pratique accompagnée, puis en responsabilité dans des contextes divers. Il faut que ces stages soient l’occasion d’expérimenter le travail en équipes homogènes et hétérogènes (intercatégorielles et interdisciplinaires). Il faut, enfin, absolument, que ces stages soient l’objet de travaux de reprise systématique, avec des formateurs, et que les modèles théoriques proposés permettent de mieux comprendre les enjeux et les exigences du métier.
3. Il faut, enfin, adosser l’ensemble du dispositif à un développement de la recherche en éducation sur le processus enseigner/apprendre et les questions afférentes à la transmission. Dans ce cadre, le « cœur du métier », qui doit guider l’ensemble du travail formatif, ne peut se concevoir ni autour de la seule maîtrise des savoirs académiques, ni dans la seule étude des conditions institutionnelles, organisationnelles et méthodologiques de l’enseignement. Le cœur du métier est bien « la transmission des savoirs »… au nom du principe simple que, si l’on enseigne toujours quelque chose, on l’enseigne toujours à quelqu’un.
Certes, ces trois exigences ne règlent pas tous les problèmes. Mais elles constituent un référent possible pour l’action à court, moyen et long terme. À court terme, pour investir les espaces ouverts à la professionnalisation pendant la licence et les concevoir de manière progressive, avec des activités réellement formatrices. A court terme aussi, pour penser des masters qui ne soient pas de simples collages ou bricolages, mais qui placent la question de la transmission et de ses conditions comme vecteur de tous les apports, de toutes les activités et de la validation… A moyen et long termes pour concevoir des alternatives à la politique actuelle de régression éducative et faire véritablement de l’enseignement le « métier du futur ».
Philippe Meirieu
Les Etats-Généraux de la formation des enseignants
La « mastérisation » annoncée de la formation des enseignants, l’évolution des concours de recrutement vont-elles bouleverser le métier d’enseignant, ou sont-elle les prémisses d’une réorganisation inéluctable du système d’éducation ? Qui doit former les enseignants, et à quoi ? Convoqués le 4 octobre à Créteil par un large collectif d’organisations syndicales et de mouvements pédagogiques, les Etats généraux de la formation des enseignants ont rencontré un large succès en rassemblant plus de 400 personnes.
Si l’appel unitaire lancé à l’issue des travaux a été unanime, les échanges et discussions au cours de la journée ont montré les choix complexes devant lesquels sont placés les formateurs et les IUFM. Faut-il s’investir sans arrière-pensée dans les maquettes de formation à construire avec les universités ? Ne risque-t-on pas des retours en arrière ? Faut-il profiter de l’occasion pour gommer les imperfections dont l’IUFM n’avait pu se défaire ? Faut-il dénoncer l’abandon par l’Etat de l’ambition d’une formation professionnalisante qui serait en mesure de gagner une nouvelle étape dans la démocratisation ? Passionnés et passionnants, des débats édifiants sur un chantier en perspective, pour lequel une fois de plus l’opinion publique va être prise à témoin…
Le reportage de Patrick PIcard
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/Formation_creteil[…]
L’appel lancé à la fin des Etats-Généraux
http://www.former-des-enseignants.org/eg/?f=page02
Des états-généraux fondateurs
Le succès d’un colloque tient souvent plus des questions qui y apparaissent que des réponses apportées. Si « l’appel » lancé à la fin des Etats généraux de la formation des enseignants ne laissera peut-être pas un souvenir inoubliable, les interrogations portées par les formateurs font de cette journée un succès. Deux éléments justifient à nos yeux cette appellation.
Le premier consiste en la capacité d’autocritique des participants. Loin de considérer que les IUFM étaient parfaits, l’assemblée a su faire un important travail d’autocritique. Ainsi Philippe Meirieu a évoqué « un travail insuffisant des mouvements, syndicats, organisations, universitaires… sur ce que peut être une formation professionnelle d’adultes en alternance. Nous manquons de travaux de recherche, de clarté et de force sur cette ambition ». Philippe Perrenoud a rappelé que » que n’est pas parce que nous sommes en danger qu’il faut cesser de penser, restés campés sur le statu-quo ». Ces exigences pour redessiner la formation des enseignants devraient permettre des contre propositions intéressantes dans les universités.
L’autre élément important de ces états généraux, c’est d’avoir su dégager l’enjeu de la formation des enseignants. « La formation des enseignants n’est pas une mécanique savante à régler, c’est un choix de société qui doit mobiliser ceux pour qui nous travaillons. Le métier d’enseignant a besoin de la reconnaissance de la nation, cela passe par un projet politique républicain ambitieux » a déclaré Philippe Meirieu. C4est la question de la démocratisation qui est posée à travers le réforme de la formation. Pousser la formation jusqu’au master c’est déjà élever le niveau social des futurs professeurs, creuser l’écart entre eux et les élèves des milieux populaires. Réduire la formation professionnelle à la portion congrue amplifie encore le phénomène. On voit mal comment des enseignants , bons élèves, issus de bonnes familles,mal formés, pourraient répondre aux besoins des élèves de milieu populaire.
« Nous ne pouvons pas accepter qu’une frange d’élèves reste au bord du chemin et il nous faut prendre la mesure de ce que cela compromettrait pour notre avenir collectif » écrit Patrick Picard. Il s’est bien passé quelque chose ce 4 octobre.
Quelle formation ? Par André Ouzoulias
Formateur, André Ouzoulias nous livre un appel et un texte de réflexion sur la réforme de la formation des enseignants.
L’appel d’A. Ouzoulias pour une formation réfléchie
» L’évolution récente du dossier « mastérisation » fait craindre le pire, à savoir une grave détérioration de la qualité de la formation des maîtres, et par là même du service public d’éducation. Deux ensembles de faits étayent ce point de vue : d’une part, les « 10 principes » que le Ministère de l’éducation nationale (MEN) vient de rendre publics pour cadrer les discussions sur la réforme de la formation des maîtres avec les organisations syndicales, d’autre part, les premiers pas de la réforme avec le dépôt en urgence des premiers projets de mastères enseignement dans la cadre des habilitations des plans quadriennaux des universités par le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche (MESR) ». Professeur à l’IUFM de Versailles, André Ouzoulias connaît bien les enjeux de la formation des enseignants.
Appuyé sur le » Texte proposé par le ministère pour la négociation avec les syndicats » et sur ce qu’il observe dans son université, il appelle à stopper « la course folle » dans laquelle est engagée la réforme de la formation des enseignants : construire en 3 semaines les nouveaux cahiers des charges de la formation des enseignants.
Il pose aussi la question de la formation professionnelle des futurs enseignants. La France sera-t-elle le seul pays d’Europe à former ses maîtres sans véritable stage pratique ? Continuera-t-elle à opposer formation initiale et continue ?
» Personne ne peut dire où nous allons, mais on nous demande d’y aller excessivement vite… Il serait normal », écrit-il, » que la ministre de l’Enseignement supérieur et la recherche promulgue très rapidement une dérogation aux délais de dépôt des projets pour les masters enseignement : non pas le 15 octobre, mais en mars par exemple, afin que chaque concepteur ait des informations fiables et des orientations claires. Si Mme Pécresse est une personne raisonnable, elle conviendra que l’on ne peut guère travailler autrement, quelle que soit l’appréciation que l’on porte sur cette réforme de la formation des maîtres… Pour ouvrir ces issues, nous voyons bien qu’il faut partout une intervention forte et cohérente de tous ceux qui sont attachés à la qualité du service public d’éducation. Il y a urgence ».
L’appel
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/formation[…]
Le dossier formation du Café
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/ReformeFormation.aspx
Formation des enseignants : un texte pour préparer les Etats généraux…
« La charte ne remédie pas aux défauts les plus graves du projet gouvernemental. Il semble même que ses principales options se trouvent maintenant confortées ». A la veille des Etats généraux de la formation des enseignants, qui se tiennent le 4 octobre, et au lendemain de la signature d’une « charte de la formation » entre les ministres, la CDIUFM et la CPU, André Ouzoulias analyse ce document.
Il en montre les insuffisances. Par exemple : » La charte réintroduit la référence au cahier des charges national de la formation des maîtres (arrêté du 19/12/2006) qui ne figurait pas dans le texte des « 10 principes ». Il reste à préciser comment la formation universitaire tient compte de ce cahier des charges. Cela ne sera pas aisé. En effet, si la formation se déroule en M1 et M2 sans aucun stage en responsabilité, on voit mal comment les futurs enseignants pourront vraiment développer certaines des dix compétences de ce cahier ».
La tribune d’A. Ouzoulias
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/Formation_Ch[…]
Sur la charte et les Etats généraux du 4 octobre
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2008/10/01102008A[…]
Le dossier formation du Café
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/ReformeFormation.aspx
Communiqué
http://www.sgen-cfdt.org/actu/article1720.html
Le 1er Forum mondial de la formation tout au long de la vie
C’est à Paris que se tiendra les 28 et 29 octobre le 1er Forum mondial de l’éducation et la formation tout au long de la vie. Organisé par le Comité mondial pour l’éducation et la formation tout au long de la vie, en partenariat avec le Café pédagogique, avec le soutien de l’Unesco, Centre Inffo et le Conseil régional d’Ile-de-France, le Forum vise à » faire le point sur l’éducation et la formation tout au long de la vie, douze ans après le rapport Delors d’avril 1996 (« L’éducation, un trésor est caché dedans »), sur les avancées des systèmes d’éducation, de formation et d’apprentissages tout au long de la vie sous toutes leurs formes, ainsi que sur les pratiques innovantes développées dans tous les endroits du monde.
Il s’agit aussi d’analyser des effets multiples de la mondialisation sur l’éducation et la formation tout au long de la vie, de marier l’efficacité économique et l’ambition sociale et de tracer des perspectives communes ».
C’est dire que s’y retrouveront des intervenants représentant ces différents univers : Adama Ouane (Unesco), Edgar Morin, Barbara Ischinger (Ocde), Jan Figel (Union européenne), Jean-Paul Huchon et Alain Rousset (ARF), Jacques Attali etc.
Le Café vous invite à y participer.
Invitation :
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2008/10/2008_INV[…]
Le 1er Forum FTLV
http://www.forummondialftlv.org/
Sur le Café, 1er Forum mondial Presse Education
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2005/Fipe_index.aspx