Par François Jarraud
C’est sans doute une particularité du système éducatif français que de n’évoluer que sous des pressions extérieures. Non pas qu’il n’ait en son sein de forts éléments de progrès. Mais ceux-ci semblent condamnés à des actions marginales ou souterraines par une gestion qui reste très centralisée.
Ces pressions externes se font particulièrement sentir en ce moment. Il y a celle des évaluations internationales. On les voit directement intervenir dans le débat sur les directions d’établissement et, par exemple, des EPEP.
C’est pourquoi nous vous proposons dans ce numéro un dossier sur « l’effet chef d’établissement » au regard des publications de l’OCDE, des recherches françaises et de l’expérience vécue d’un des meilleurs chefs d’établissement.
L’autre pression c’est celle des difficultés économiques. Avant même qu’explose la crise financière, la pression était forte pour réduire les dépenses scolaires. Sans aucun doute, celle-ci va s’accentuer. L’impact de la crise financière est déjà visible aux Etats-Unis, annoncée en Grande-Bretagne. On ne voit pas pourquoi elle ne toucherait pas l’école française. C’est une des raisons qui nous ont poussé à proposer dans ce numéro un autre dossier dédié à la crise économique mondiale et à sa déclinaison dans les différentes disciplines.
La réforme du lycée se situe exactement au point de rencontre de ces pressions. D’un coté une volonté de moderniser le lycée français en y introduisant, enfin, davantage de liberté, de choix et d’autonomie. De l’autre une exigence d’en réduire le poids financier. L’équilibre entre ces deux élans fait tout notre souci. On a du mal à croire possible, sous un gouvernement aussi conservateur, une modernisation du lycée. On ne voudrait pas non plus manquer l’occasion d’une évolution positive de notre système éducatif. Et on n’entend pas assister en spectateur docile à une réforme…
Il nous appartient donc de nous emparer de ces forces pour mieux les diriger. Cela suppose initiative et imagination. Des qualités dont les enseignants de terrain ne sont pas dépourvus…