Ludovic Peugeot
Retour sur le SDET et la gestion des pionniers
Des pionniers oubliés dans la generalisation des ENT
Dans sa thèse, Gérard Puimato développe l’idée qu’on a créé avec les ENT un outil de management de contrôle ayant divisé les utilisateurs en deux types :
– Les innovateurs ENT
– Les innovateurs TICE avant l’arrivée des ENT et qui s’en désintéressent
La logique de l’ENT est en effet globalisante et centralisante, les initiatives antérieures locales voire personnelles ne pouvant logiquement pas être prises en compte et encore moins utilisées.
Des pionniers devenus parfois bloquants au lieu d’être moteurs
Les défenseurs de l’ENT notent que les pionniers sont même parfois devenus bloquants face à leurs collègues : ils ont en effet par le passé pris le rôle de clé de voûte des TICE dans leur établissement, rôle qu’ils perdent avec la généralisation d’un outil global et central. Leurs compétences ne sont ainsi pas reconnues et ils perdent beaucoup de crédit auprès de leurs collègues. En réaction, certains ont ainsi tendance à se fermer et à ne pas s’investir de nouveau dans la mise ne place d’un outil pour lequel ils n’ont absolument pas été consulté et dans lequel ils n’occupent pas un rôle privilégié.
Retour sur le courant de la sociologie des usages
Qu’est-ce que la sociologie des usages ?
Les années 80 ont vu naître un courant de pensée nommé « sociologie des usages ». Ce courant s’intéressait à la base à l’appropriation par les personnes de nouveaux outils. Récemment, Josiane Jouët a remis ce courant au goût du jour en s’intéressant à la prise en main des outils des Technologies de l’Information et de la Communication par des personnes.
Dans le cas présent, ce courant peut apporter des pistes de réflexion sur la mise en place de la plate-forme TICE que représente le cahier de texte électronique. On relèvera au passage que cet oubli des pionniers évoqué pour les ENT et les conséquences qui en ont découlées sont expliquées par cette thèse.
Hybridation entre les usages antérieurs et l’appropriation d’un nouvel outil
Selon le courant de la sociologie des usages, l’appropriation est la synthèse des usages antérieurs et des nouveaux outils mis à disposition.
Concrètement, lorsque les enseignants et les élèves se retrouveront face au cahier de texte électronique, ils utiliseront leur culture informatique et leurs habitudes du cahier de texte établie jusqu’alors. Cela explique pourquoi ce rapport prône que le cahier de texte électronique ressemble dans la forme à son homologue papier.
Si l’on applique ce raisonnement d’hybridation, une question se pose : que faire des pionniers utilisateurs de cahiers de texte électroniques ? Comment « utiliser » leurs usages antérieurs ?
Quel rôle donner aux pionniers dans la généralisation du cahier de texte ?
Quel rôle le ministere peut-t-il leur donner ?
Dans la conduite du changement il est primordial d’avoir des coordinateurs. Etant données leurs compétences informatiques, ces pionniers sont les interlocuteurs les plus appropriés pour tenir cette mission.
Quelle approche adopter pour utIliser leurs compétences ?
Mais l’approche venue d’en haut n’est pas forcément la bonne approche. Trop d’uniformisation, peu de personnalisation… Par exemple, les outils Microsoft permettent des utilisations variées issues de la culture et de l’expérience, même pour faire la même chose. Ce sont des outils flexibles plus faciles à s’approprier qu’un ENT rigide. (cf article de Josianne Jouet dans la revue Réseaux)
La logique des briques du UK beaucoup plus flexible car discutée au niveau de l’établissement, et permet un choix et une personnalisation à l’utilisateur. En conclusion : l’homogénéité est logique techniquement et au niveau de la sécurité, mais déresponsabilise les acteurs locaux.