Par Françoise Solliec
Les trois associations Clionautes, Sesamath et Weblettres ont évolué de manière similaire, de la mutualisation de documents à une structuration permettant le travail collaboratif. Peut-on aujourd’hui parler de modèle ? Quelles sont leurs perspectives d’évolution ? Un exemple des questions posées par ces associations le 24 septembre aux chercheurs et aux enseignants, lors d’une rencontre organisée avec l’INRP.
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En introduction, Caroline d’Atabekian, Weblettres, Caroline Jouneau-Sion, Clionautes et Benjamin Clerc, Sesamath, ont brièvement retracé le parcours de leurs associations et dressé un rapide état des lieux. A partir d’un objectif de simple mutualisation (séquences pédagogiques, photos commentées ou exercices), une organisation plus diversifiée s’est progressivement mise en place et des services ont été ouverts. Aujourd’hui, les 3 plate-formes proposent des blogs, de classe pour weblettres, réservés aux profs adhérents pour Sesamath, destinés aux élèves dans le cas des Clionautes. Weblettres publie une lettre régulière d’information ainsi que Sesamath qui offre également des forums tandis que les Clionautes proposent un wiki, d’ailleurs peu utilisé. Sesamath et Weblettres se sont par ailleurs lancés dans de l’édition d’ouvrages scolaires et en tirent désormais le principal de leurs revenus. Cette production les a aussi obligés à réfléchir à des modes de travail collaboratif.
Alors que Sesamath a très vite, sous la pression des élèves, conçu des produits pour eux comme Mathenpoche, Weblettres et les Clionautes n’ont que récemment ressenti le besoin de se défénir comme entité pédagogique. Un projet de travail en commun, Cap Brevet, confirme cette orientation. Il s’appuie sur une plate-forme libre, avec une charte graphique commune et sera gratuitement accessible à tous, en proposant la consultation d’annales et de corrigés et de l’entraînement en ligne. Après cette première expérience, les trois associations envisagent de continuer un travail en commun, axé cette fois sur l’accompagnement à la scolarité.
Ghislaine Gueudet, de l’IUFM de Bretagne, et Luc Trouche de l’INRP ont présenté les principaux éléments d’une étude menée auprès de ces trois associations. En toile de fond, ils ont noté les incitations à une dimension plus collective du travail, énoncées dans le rapport Pochard, les évolutions dues à l’impact du numérique, avec notamment le développement des ressources numériques et la volonté de l’institution de faire entrer les travaux collectifs dans le paysage.
Pourtant les relations entre l’institution et les associations, quelles qu’elles soient, ne sont pas simples : défiance de la part de la première, volonté d’indépendance pour les secondes, il faudra sans doute pas mal d’efforts de part et d’autre pour bien travailler ensemble. Les recommandations de la mission e-educ, donnant aux associations un statut de partenaire et conseillant de les consulter systématiquement devraient aussi y aider.
Des liens sont déjà établis entre des chercheurs de l’INRP, ceux des IREM et Sesamath. L’intérêt de l’INRP pour le dispositif de formation continue Pairform@nce et son implication comme concepteur de parcours ouvre vers d’autres disciplines.
Les deux chercheurs ont douligné l’imbrication des types de travaux collectifs à l’intérieur des associations. La mutualisation porte déjà en germe tout un processus collaboratif, qui trouve une expression plus aboutie dans les communautés de pratiques qui se forment autour des différents projets. Les participants à ces projets travaillent de manière coordonnée, avec un cahier des charges souvent explicite. Autour d’eux des utilisateurs, qui ne sont pas directement des auteurs mais peuvent nourrir la réflexion avec leurs returs d’expérience.
Les échanges professionnels qui se nouent au sein de ces communautés virtuelles accroissent le professionnalisme des uns et des autres. Avec la réflexivité se construisent de nouveaux savoirs. Ainsi, une « bonne » ressource va fournir des sujets de réflexion autour des pratiques qui l’utilisent.
Mais pour que les utilisateurs puissent apporter ces éléments de conception, une assistance méthodologique, des consignes sont indispensables.
Dans ce type de travaux, on est amené à « partager plus pour comprendre plus » déclare Luc Trouche. On passe d’un modèle social pyramidal à un modèle qui serait bien illustré par un mobile de Calder, avec des tas de petits univers dans différentes dimensions. Comment, cependant, en grandissant et en se structurant préserver la créativité de l’association ? Il est essentiel pour cela de maintenir une relation étroite entre la production de l’association et les activités au sein de la classe.
Selon son animateur, Michel Bézard, du CNDP, « la table ronde de l’après-midi a permis à des intervenants, de pratiques et de préoccupations très différentes, de multiplier les points de vue exprimés autour la thématique de la journée. »
Sortant du champ franco-français, Alain Chaptal a décrit le contexte scolaire en Grande-Bretagne et ses effets potentiels sur le travail collaboratif des enseignants, tandis que Virginie Torrens, de l’Unesco, a raconté comment vivaient certaines associations anglophones d’enseignants en Afrique.
Jean-Michel Dalle a présenté quelques aspects peu connus de l’organisation de Wikipédia et de quelques autres communautés du libre éducatif et Jean-Paul Moiraud a précisé ce qu’il en est des scénarios de pédagogie embarquée et de leurs effets pratiques ».
Eric Bruillard est intervenu à propos des TICE, des manuels, des listes de diffusion, du travail collaboratif et de la question de l’identité dans les associations d’enseignants .
Dans les initiatives proposées en fin de séance, le principe a été retenu d’une journée similaire l’an prochain.