Par François Jarraud
Dans l’Expresso du 22 octobre 2008
X. Darcos dévoile la nouvelle classe de seconde
Que reste-il du projet de lycée « finlandais » ? « Je ne partage pas le sentiment de ceux qui croient qu’on rend service au lycée en le figeant dans son organisation actuelle. Réclamer le statu quo pour le lycée c’est chercher à briser ce qui fait la force de son lien avec les Français. C’est le rendre sourd aux attentes de la société ». Très persuasif, Xavier Darcos a présenté le 21 octobre la nouvelle classe de seconde en présence de JP de Gaudemar, chargé de la réforme du lycée. Il a confirmé que la réforme serait appliquée à la rentrée 2009.
L’horaire de la classe comprendra 30 heures d’enseignement, soit sensiblement le volume actuel. Il comprendra 21 heures « d’enseignements généraux » (français, maths, histoire-géo éducation civique, sciences expérimentales, LV 1 et 2, EPS). La répartition entre ces disciplines n’est pas faite et sera sûrement l’objet de négociations d’ici décembre. Il n’est plus question de « modules » pour ces enseignements dans le document ministériel. Une façon sans doute de rassurer ceux qui craignaient un éclatement disciplinaire. Et aussi d’affirmer une certaine continuité. X. Darcos affirme repousser l’idée d’annualiser l’enseignement.
Les élèves devront suivre 4 modules au choix mais définis selon leur filière. Ainsi en Humanités ils choisiront entre littérature, langues anciennes, langue vivantes ou arts et histoire de l’art. En sciences entre maths, physique-chimie, SVT, « informatique et société numérique », un module au contenu encore indéfini. En Sciences de la société ils disposeront de SES, gestion, histoire-géo. La dernière filière concerne les technologies (ingénieur, SMS, STL, hôtellerie) et l’EPS.
Enfin les élèves devront suivre un accompagnement obligatoire, à raison de 3 heures par semaine, réparti entre travaux interdisciplinaires, orientation et remise à niveau. Cet accompagnement est présenté comme une réforme essentielle. Dans l’esprit du ministre la personnalisation c’est la démocratisation. On ignore cependant comment les enseignants seront formés à cet accompagnement.
C’est surtout l’organisation de l’année qui change. L’année est divisée en deux semestres séparés par une semaine de bilan et examens blancs. Il y aura 4 conseils par an (au lieu de 3), 2 réunions de profs et 2 véritables conseils de classe. En contrepartie de cet accompagnement renforcé des élèves, l’ISO sera réévaluée.
Bien des éléments du projet initial ont fondu depuis l’été. L’idée de modules indifférenciés pour ne pas reconstituer de filières. La disparition du groupe classe. Les passerelles entre séries. Le travail d’équipe des enseignants. Sur tous ces points le ministre a reculé devant les exigences des associations de spécialistes et de syndicats. Le « nouveau lycée républicain » ressemblera beaucoup à l’ancien… D’ailleurs, sortant du cadre de la seconde, le ministre a promis que son projet n’aboutira pas à une réforme du bac. On imagine mal dans cette perspective comment échapper à la hiérarchisation des filières. A la question, « que reste-il du lycée « finlandais » annoncé au départ, un interlocuteur du Sgen répond : « Rien »…
Xavier Darcos présente pourtant sa réforme comme un facteur important de démocratisation du lycée. Il en attend la diminution des redoublements grâce à l’accompagnement individuel des élèves et au nouvel équilibre entre le temps de l’enseignement et celui du travail personnel.
Pourtant rien n’est moins sûr. Donner davantage d’autonomie aux établissements et de liberté aux lycéens c’est sûrement favoriser la motivation, l’envie d’apprendre et de meilleurs climats d’établissement. On ne voit pas d’ailleurs pourquoi la France échapperait à un mouvement général d’évolution du secondaire. Encore faut-il que ces libertés soient accompagnées. Or on ignore comment les établissements construiront leur offre de modules et si des propositions aussi riches et variées pourront être faites en banlieue et en centre ville. Laisser les établissements définir librement une partie du curriculum pourrait mener à une aggravation des écarts entre établissements.
On ignore également comment les enseignants seront aidés pour la mise en place des modules d’accompagnement des élèves. Or leur rôle sera déterminant dans le guidage des élèves. Laisser les conseils de classe décider en milieu d’année de réorienter les élèves c’est prendre le risque de renforcer la hiérarchisation au sein des établissements.
Xavier Darcos espère de nouveaux rapports entre élèves et professeurs. C’est reconnaître qu’une réforme n’est pas faite que de règlements. Il lui faut aussi une âme et un esprit. Sont-ils là ?
Les réactions à la réforme du lycée
« Nous restons sur notre faim au niveau des annonces de Xavier Darcos » annonce l’UNL dans une dépêche AFP. Le syndicat lycéen remarque que « nous voulions 28 heures de cours hebdomadaires, or 30 sont proposées ». La FIDL relève que « le système d’orientation en fin de seconde n’est pas changé, c’est dommage ».
Le Sgen Cfdt partage cet avis. « Le système des voies générale et technologique est conservé, la seconde risque bien de rester une gare de triage où le poids des enseignements obligatoires maintenus en l’état sera l’essentiel de l’orientation » Pour le syndicat « pour maintenir son calendrier, Xavier Darcos appauvrit considérablement la réforme… L’année sera bien divisée en semestres, mais pas les enseignements. Avec la réduction d’horaire, ce sont bien les conditions de travail des enseignants et des élèves qui vont s’aggraver… L’apprentissage de l’autonomie, l’aide à l’orientation, … promises aux lycéens ne bénéficient d’aucun temps supplémentaire, et surtout d’aucune modalité nouvelle d’organisation. Il y aura fort à faire pour que la semaine de bilan et d’orientation ne se réduise pas à une semaine d’épreuves de fin de semestre ».
Le Se-Unsa est fort déçu lui aussi. « Le soufflé sera vite retombé… Dans la nouvelle architecture… rien ne changera fondamentalement les logiques d’aujourd’hui… Quant aux ‘nouveautés’, elles auront une part si congrue qu’elles n’auront qu’une influence marginale sur le parcours des élèves ».
Le Snes et le Snep « prennent acte d’une inflexion générale du discours » Mais ils craignent que « la définition des « enseignements généraux » et des « modules d’enseignements complémentaires » ne lèvent pas les craintes de dénaturation ou de disparition d’un certain nombre de disciplines qui participent grandement à la formation intellectuelle, culturelle et civique des lycéens : les Sciences économiques et sociales, les langues anciennes, les enseignements artistiques ». Le Snes a demandé une annonce au ministre ce qui est peut-être le prologue à un retour dans les négociations…
Du côté des associations de spécialistes, l’Apses semblait la plus inquiète puisque absente des enseignements obligatoires.
Dans l’Expresso du 20 octobre 2008
Les Clionautes demandent des TICE en histoire-géographie
L’association des Clionautes, qui regroupe des enseignants d’histoire-géographie utilisateurs des Tice, réagit à la réforme du lycée en demandant » la présence, pour tous les élèves en cycle terminal d’un enseignement d’histoire-géographie à finalité de formation du citoyen ».
Pour les Clionautes » la réforme du lycée doit s’accompagner des moyens matériels et humains à même de favoriser l’utilisation des TICE dans l’enseignement en général et en histoire-géographie en particulier ».
Des sociologues appellent au maintien des SES
« Au-delà du cas des S.E.S, la réforme qui se prépare, indépendamment de ses effets prévisibles d’accentuation des inégalités sociales, annonce la destruction des conditions nécessaires à une formation intellectuelle rigoureuse. Mais la tentative d’éradication des S.E.S, pour partie manifestement revancharde, est emblématique de cette attaque contre les enseignements indispensables à l’éducation de citoyens autonomes, et qui sont accusés (quel aveu !) de former des esprits critiques ». S. Beaud, KL. Boltanski, P. Combemale, M. Lallement etc. signent une tribune sur Mediapart pour attirer l’attention sur le destin des SES.
Les documentalistes demandent un module
« Depuis de nombreuses années, la FADBEN revendique la reconnaissance et la formalisation des contenus d’enseignement qui relèvent de leur domaine de spécialité, à savoir l’information-documentation » écrit l’association dans un « manifeste ».
« Aujourd’hui, la FADBEN propose de créer un enseignement à la culture de l’information sous la forme d’un module cohérent, inscrit dans les cursus de tous les élèves de la 6ème à la Terminale, basé sur une progression et une évaluation définies des apprentissages ». L’association entre ainsi dans le débat sur la réforme du lycée.
Darcos : Les sciences dans le tronc commun du lycée
Sur TF1, Xavier Darcos a confirmé la maintien des sciences dans les enseignements du tronc commun en seconde. Celui-ci comprendrait « évidemment du Français, des Mathématiques, de l’Histoire et Géographie, deux langues vivantes, des Sciences expérimentales et de l’éducation physique ».
Cette déclaration confirme les dernières informations sur la réforme du lycée mais n’eclairent ni le volume horaire ni le suivi en cycle terminal.
Dépêche AFP
L’Expresso du 20 octobre
Dans l’Expresso du 17 octobre 2008
Darcos rendra ses arbitrages la semaine prochaine
Dans un entretien vidéo tourné par L’Express, X. Darcos annonce son intention de faire connaître ses arbitrages pour la réforme du lycée la semaine prochaine. Il déclare également ne pas avoir fixé le nombre d’heures de cours : 27h ? 30 H? restent envisageables.
EPS : Le SNEP quitte la table de négociation
« Concernant l’EPS, si le SNEP constate avec satisfaction que la présence de cette discipline dans les enseignements obligatoires n’est actuellement pas remise en cause, l’exigence de la profession d’augmentation horaire est exclue et la semestrialisation de l’enseignement, pourtant contestée par les enseignants d’EPS, reste une hypothèse avancée. Par ailleurs la réduction prévue du cadre horaire global risque aussi d’aboutir à une diminution des choix optionnels d’EPS, par rapport à la situation actuelle déjà jugée insuffisante par le SNEP. » Le Snep a décidé le 16 octobre de quitter les négociation.
Dans l’Expresso du 15 octobre 2008
Des précisions sur le futur lycée
Les sciences expérimentales sont-elles « sauvées » ? C’est ce que donne à penser le compte-rendu de la réunion entre le Se-Unsa et J.P. de Gaudemar qui a eu lieu le 15 octobre.
Le Se-Unsa donne de nouveaux éclairages sur la maquette de la seconde et du cycle terminal. En seconde, « la place des sciences expérimentales dans la formation de tous les élèves semble acquise ». Ce pourrait être un module de « sciences expérimentales » interdisciplinaire dans les enseignements obligatoires ou l’obligation de suivre un module exploratoire.
Le cycle terminal comprendra 36 modules (16 par an) de 3 heures semestrielles, répartis en 16 modules d’enseignement obligatoire, 16 de spécialisation et 4 d’accompagnement. Les enseignements obligatoires comprendraient la philosophie (2 modules), du français (2 modules), 2 langues (6 ou 7 modules), l’EPS (2 ou 3), les sciences (incluant maths et sciences expérimentales (3 modules) et sciences sociales (histoire-géo et SES) (3 modules).
Un grand flou semble encore régner par rapport aux filières. Si le projet envisage 4 dominantes (humanités et arts, sciences, sciences de la société, technologie), on sait encore mal comment se fera la spécialisation. A priori seule la philosophie devrait faire module commun, ce qui donne à entendre, comme cela a été dit à l ‘APMEP pour les maths, que les modules n’offriront pas les mêmes enseignements… Dans cette perspective comment organiser l’examen (en dehors de l’épreuve de philo ) ?
Chaque lycéen devrait prendre 7 modules de spécialisation soit en renforcement de la dominante, soit en sortant de sa dominante. Pour le Se-Unsa, « la réflexion n’est pas aboutie » sur ce sujet. Les contours « restent très flous » particulièrement pour la dominante technologie.
« La modularité permettra aux élèves ayant choisi une dominante technologique de suivre des enseignements d’une discipline d’une autre famille. A l’inverse, des élèves des autres dominantes pourront accéder à des enseignements de la famille « Technologie » en complément de ceux de leur dominante » écrit le Se-unsa. En seconde, les enseignements ISI et ISP ont vocation à fusionner dans un module unique de « sciences industrielles » offerts dans tous les lycées. Un point positif : dans la discussion les TPE sont réapparus, preuve que ce dispositif correspond bien à un besoin.
Que deviendront les filières technologiques ? La filière STG pourrait éclater. Selon le Se-Unsa, les actuels enseignements de STG seraient redistribués entre 2 dominantes : gestion et droit rattachés à la famille « Sciences de la société » , comptabilité, mercatique, gestion des ressources humaines, management des organisations et gestion des systèmes d’information à la famille « Technologie ».
Pour le technologique industriel, c’est encore plus flou. Le ministère passe commande d’un rapport à l’Inspection générale pour les STI.
Le calendrier est maintenu. J.P. de Gaudemar maintient la rentrée 2009 pour une application en seconde. Mais elle devrait être « progressive » , comprendre les choix modulaires et l’accompagnement, mais sans révision de tous les programmes. Mais comment maintenir des programmes anciens avec des horaires de cours largement amputés ?
Dans l’Expresso du 14 octobre 2008
Le Sgen demande une révision du calendrier
« Le Sgen-CFDT ne pourrait accepter une réforme qui conduirait à un alourdissement de la charge de travail et à une dégradation des conditions de travail des personnels. Il souhaite au contraire que le service des personnels intègre à côté des heures de cours moins nombreuses, des heures dévolues à la concertation et au travail en équipe, au suivi, au tutorat et à l’accompagnement de l’élève. La redéfinition du métier et du service tenant compte de ces nouvelles tâches doit donc être discutée avant la mise en œuvre de la réforme par les établissements ». Le Sgen Cfdt a fait savoir le 13 octobre qu’il demandait un nouveau calendrier pour la réforme. « Il serait dommageable pour la réussite des élèves actuellement en 3ème de devoir choisir tardivement et à l’aveugle, les différents modules qui leur seront offerts. La réussite de la nouvelle seconde doit aussi reposer sur une offre d’enseignements permettant un choix clair des élèves ». Tout cela plaide, pour le Sgen, « pour un étalement du calendrier de mise en œuvre de la réforme ».
L’AFEF et la réforme du lycée
« Qulle idée pouvons-nous nous faire des apprentissages prévus dans cette nouvelle architecture ? Nous n’allons pas réclamer plus de temps que les autres dans le tronc commun, ce serait malvenu. Alors, que privilégier dans ces trois heures d’enseignements fondamentaux :
– La maitrise de la langue et des langages, garant de l’insertion sociale, dont nous savons bien que, garantie par aucun socle commun, elle n’est pas assurée à la sortie du collège ?
– L’aide à l’écriture autonome, bagage indispensable pour une organisation modulaire et un parcours individuel responsable ?
– La littérature dont nous nous sommes toujours battus pour qu’elle soit, pour tous les élèves, un moyen privilégié de compréhension du monde et des hommes? » interroge Viviane Youx.
Dans l’Expresso du 13 octobre 2008
Education & Devenir soutient raisonnablement la réforme du lycée
« Repenser la seconde de détermination, la rendre plus efficace dans la préparation des choix des parcours du cycle terminal du lycée est une proposition de bon sens, faire que ce cycle terminal prépare mieux à la poursuite d’études en université est aussi une exigence que nous pouvons partager » écrit l’éditorialiste d’Education & Devenir.
« Nous devons nous saisir, sans frilosité, des avancées proposées pour travailler à la réussite et à l’épanouissement des élèves qui nous sont confiés sans toutefois nous départir de notre esprit critique et de notre droit à contester tout ce qui nous paraît contraire aux valeurs que nous prônons ». Car l’éditorialiste ne peut s’empêcher de souligner les mesures qui vont contre ces orientations comme la suppression des TPE, l’abandon de la carte scolaire, la suppression des IUFM, celles des postes d’enseignants.
Editorial d’Education & Devenir
Dans l’Expresso du 10 octobre 2008
Le Snes quitte la négociation
Le Café vous le prédisait hier. C’est chose faite. Le départ du Snes renforce-t-il ou affaiblit-il le projet ministériel ? « Le SNES quitte ce cadre de discussions dont le seul but semble être de valider une réforme du lycée contraire à l’intérêt des élèves et des personnels ». Lors d’une conférence de presse, le 9 octobre, le Snes a annoncé qu’il quittait la négociation sur la réforme du lycée.
Le syndicat justifie cette décision en faisant valoir ses exigences : renforcement des horaires, maintien des séries, du bac dans sa forme actuelle, d’une définition de service des enseignants hebdomadaire. Il critique le manque de transparence : « le syndicat ignore les propositions qui seront transmises au ministre ». En fait, le 18 septembre le Snes avait déjà failli quitter la négociation. Début octobre il avait fait connaître son rejet des fondements de la réforme et exigé le maintien des classes et des horaires. Le 7 octobre il s’interrogeait publiquement sur son maintien et le 8, le Café prédisait la rupture.
Xavier Darcos a « pris acte » du retrait du Snes des négociations et manifesté son intention de « poursuivre les discussions avec les autres organisations ». Le ministre avait déjà vu la CGT quitter la négociation.
Pour le Sgen Cfdt, « l’annonce du départ du Snes-FSU se veut comme un élément de blocage de la réforme ». Le syndicat rappelle que le Snes avait signé les « points de convergence » l’été dernier et que « l’immobilisme n’est plus possible, une réforme est absolument indispensable pour les élèves comme pour les personnels ». Le Sgen-CFDT « entend que les discussions se poursuivent pour une plus grande réussite des élèves mais aussi pour l’amélioration des conditions de travail des personnels qui passe par une autre organisation des enseignements. Il souhaite en particulier que le temps de service des enseignants intègre toutes les nouvelles tâches. Cela suppose également une réduction du nombre d’heures de cours pour les professeurs et un temps inscrit dans le service des personnels destiné au travail en équipe, à la concertation, à l’aide au travail et au suivi des élèves ».
Interrogée par le Café, Claire Krepper, du Se-Unsa, fait part de sa « consternation ». « Nous ne comprenons pas pourquoi le Snes se retire avant même que le ministre rende ses arbitrages. C’est dommage que le syndicat majoritaire quitte la discussion avant qu’elle aboutisse » remarque C. Krepper qui y voir une sorte de désertion. Quant au Se-Unsa, « il ira jusqu’au bout des discussions et après il sera d’accord ou pas avec les propositions retenues par X. Darcos ». Pour le Se-Unsa, « ce que le Snes demandait était partiellement retenu par JP de Gaudemar », par exemple, le maintien de la logique des séries dans l’organisation du cycle terminal.
Le Snes appelle à manifester le 19 octobre. Il retrouvera dans le cortège le Sgen et le Se-Unsa. Un même lit pour deux rêves ?
Le reportage du Café au siège du Snes Fsu
La panne ?
Le départ du syndicat majoritaire, le Snes, de la table des négociations est-il susceptible de stopper la réforme du lycée ?
Poser cette question c’est interroger l’opportunité de la réforme. Celle-ci est-elle souhaitable ? Le gouvernement objectera ses nécessités financières qui ne font que grandir avec le développement quotidien du déficit et deviennent chaque jour une réalité plus inébranlable. Il n’y a aucune chance que l’impératif budgétaire disparaisse.
Mais, pour nous, plus que le budget, c’est la panne du lycée qui plaide pour sa réforme. Après des années de développement et de démocratisation, le lycée se heurte à un plafond de verre qui stabilise ses résultats. Depuis 1995 le pourcentage de reçus au bac dans une génération s’est stabilisé. Le lycée apparaît comme une administration en panne depuis presque 14 ans. Or on sait bien que cette panne est venue casser le mouvement de démocratisation. Le lycée général a renoncé à faire réussir les enfants des couches populaires. Sur le terrain de la démocratisation, la réforme est donc également nécessaire.
C’est entre ces deux finalités que va se jouer l’influence du départ du Snes. Il peut laisser les mains libres pour faire une simple réforme budgétaire en évitant l’adversaire sur les autres terrains. Il peut également amener un véritable débat sur le lycée avec comme question centrale celle de la démocratisation.
C. Forestier : oui au lycée modulaire
« Si l’on doit regarder avec un peu de recul ce qui s’est passé dans l’enseignement français… nous avons eu une capacité assez forte à changer les structures à différents moments de notre histoire. Nous avons en revanche été beaucoup moins performants dans le changement des modes d’enseignement… Je dis que ce que nous avons le plus de mal à faire bouger c’est le rapport du maître à l’élève. Il y a là des enjeux considérables ». Dans Les dossiers de l’enseignant, le mensuel du Se-Unsa, Christian Forestier, membre du HCE, analyse la réforme du lycée.
Il plaide pour davantage de bacheliers généraux afin d’augmenter les qualifications. « Si nous avons des difficultés dans le supérieur c’est probablement que nous avons un taux de bacheliers généraux qui est insuffisant… Un lycée rénové doit défendre deux objectifs : un diplôme qualifiant pour tous et plus de diplômes d’enseignement secondaire préparant aux études longues… De ce point de vue l’organisation modulaire, en permettant une plus grande souplesse,… va clairement dans le bon sens ».
C. Forestier rappelle que seulement un jeune sur deux commence des études supérieures. « A l’arrivée c’est 20+20+10 ». 20% obtiennent un diplôme supérieur long, 20% un diplôme court (BTS DUT), 10% rien.
Article dans le dossier l’enseignant
Dans le Café entretien avec C Forestier
Dans l’Expresso du 09 octobre 2008
Division des syndicats ?
Xavier Darcos a reçu mercredi 8 le Sgen et le Snes sur la réforme du lycée. Le Snes a fait savoir à l’AFP qu’il y avait « un point de blocage « sur les horaires. Le syndicat, qui a déjà fait part d’oppositions aux fondements de la réforme, annonce une conférence de presse aujourd’hui. Elle pourrait annoncer son départ des négociations et marquer la division officielle des syndicats sur cette question. En attendant le Snes a lancé une nouvelle pétition demandant le maintien des horaires et du groupe classe.
A l’issue de cette rencontre, le Sgen a publié un document de 4 pages qui liste les points d’accord et les attentes du syndicat. Pour lui, « le Lycée, tel qu’il se dessine et si la démarche initiée se confirme, sera une chance à saisir ». Le Sgen estime qu’il faut « combattre les œillères comptables pour que le changement soit possible ». Mais le syndicat entend « peser pour obtenir une réforme du lycée qui permette une amélioration des conditions de travail des personnels : moins d’heures en face à face traditionnel, plus d’accompagnement des élèves et un travail en équipe facilité ».
Le Sgen approuve la modularisation proposée par JP de Gaudemar et la fin du groupe classe. « Pour en finir avec le redoublement, générateur de démobilisation et accélérateur d’échec, il faut rompre avec le triptyque, un an, une classe, une série. Chaque élève doit pouvoir progresser à des rythmes différents suivant les matières étudiées. Les modules permettent cette variation de rythmes des élèves ». Mais le syndicat estime que l’organisation en modules exige des heures de concertation chez les enseignants.
Le désaccord apparaît sur le « bloc 3 », c’est-à-dire les modules d’accompagnement. Pour le Sgen, leur nombre est insuffisant. « Les modules de remise à niveau ne peuvent figurer en parallèle des modules d’approfondissement prévus dans le groupe 2. C’est pourquoi nous proposons de les affecter au bloc 3. Par ailleurs, le service des enseignants doit pouvoir intégrer les heures qui sont dévolues à ce bloc d’accompagnement ». Ce qui implique une redéfinition des services demandée par le Sgen. « Les modules du groupe 3 devront être en grande partie encadrés par des enseignants et cela non pas en heures supplémentaires, mais dans le temps de service. Plus que jamais, le Sgen-CFDT demande une redéfinition de ce service, intégrant toutes les tâches ».
Un autre point de désaccord est le calendrier. Pour le ministre la réforme doit s’appliquer à la rentrée 2009. Le Sgen demande un report. Il demande « que des moyens conséquents soient accordés pour l’année 2009/2010 consacrée à la réflexion dans les établissements ».
Par ailleurs, T. Evennou de l’UNL a indiqué à l’AFP « qu’aucune matière actuellement obligatoire ne devient une option… Les mathématiques et l’histoire-géo resteront obligatoires ». Reste à savoir si ce sera sur l’ensemble du lycée ou seulement en seconde. Selon lui, le ministre réfléchit à regrouper les sciences de la vie et de la terre et les sciences physiques et chimie en un seul groupe « sciences », à l’image de ce qui est expérimenté au collège.
ST2S : L’APSMS veut être discipline d’exploration en 2de
Quelle place pour les disciplines technologiques dans la réforme du lycée ? L’APSMS (association de professeurs de SMS) demande que les sciences médico sociales deviennent un module d’exploration proposé à tous les lycéens.
L’APBG et le SNCL contre la réforme du lycée
L’APBG, qui regroupe des professeurs de SVT, et le syndicat SNCL (Faen) publient un communiqué commun où ils demandent que les SVT fassent partie des enseignements fondamentaux obligatoires en seconde.
Dans l’Expresso du 08 octobre 2008
Le Snes cherche la sortie ?
« Le Snes qui doit rencontrer JP de Gaudemar mercredi, déterminera en fonction des réponses apportées s’il maintient ou non sa présence dans les discussions ». Mot pour mot le principal syndicat du secondaire reprend sa formule du 18 septembre pour communiquer ses hésitations. Mais le 2 octobre, le Snes a fait connaître son opposition aux principaux points de la réforme : disparition des filières et du groupe classe, réduction des horaires…
Dans cette démarche, le syndicat lance une pétition demandant « une remise à plat du calendrier de la réforme ».
Dans l’Expresso du 07 octobre 2008
Lycée : Le Sgen dénonce des manœuvres
« Qui fait semblant de négocier et qui cherche à faire échouer la réforme ? » interroge le Sgen Cfdt dans un communiqué. Le syndicat s’étonne de voir la presse publier des informations sur la réforme alors que celle-ci est loin d’être cadrée. «
Dans sa rencontre avec la mission lycée, le 8 octobre, le Sgen-CFDT défendra la nécessité d’une véritable transformation de l’enseignement en lycée. La baisse des heures de cours pour les élèves comme pour les enseignants doit permettre plus de travail autonome pour l’élève, plus d’autonomie pour les équipes enseignantes, plus de disponibilité des enseignants pour le suivi des élèves » affirme le Sgen.
Vive réaction aussi du Snpden, le premier syndicat de chefs d’établissement. Il s’inquiète de l’annonce du report d’une semaine de la pré-maquette de la nouvelle seconde. Pour lui tout retard du calendrier met en péril la réalisation de la réforme.
Lycée : L’ARF se rappelle au souvenir de Darcos
« Nous tenons à rappeler que notre rôle ne se confine pas seulement à celui de financer des murs et des salles de classe. Nous portons des projets pédagogiques… » Dans une lettre envoyée à X. Darcos le 1er octobre, l‘Association des régions de France (ARF) rappelle que les régions sont « coresponsables des lycées ».
L’ARF rappelle que « les régions n’ont été ni sollicitées, ni associées » à la réflexion sur la réforme et demande une réunion du Conseil territorial de l’éducation nationale.
L’Udppc et la réforme du lycée
« Nous considérons que la seconde actuelle ne remplit pas son rôle de classe d’orientation et doit donc être réformée », nous écrit Jean-Charles Jacquemin, président de l’Udppc. « Mais le délai proposé est absurde : que pouvons nous dire aux élèves et aux familles en ce moment en collège alors que l’orientation est une mission importante ? Y aura t il encore des sections de sciences et technique de laboratoire ? Quel enseignement suivre en seconde pour y aller dans les meilleures conditions … Si la réforme consiste à réduire l’offre d’enseignement, il est difficile de concevoir comment l’orientation sera renforcée ». L’Udppc, qui regroupe les professeurs de physique-chimie est d’autant plus inquiète que l’avenir de ces disciplines au lycée n’est plus garantie.
« La présence des sciences expérimentales dans l’enseignement fondamental est indispensable pour l’ensemble des futurs citoyens qui passent par la seconde générale et technologique », continue-t-il. « La présence de modules optionnels est vitale pour que les élèves qui ont un projet scientifique affirmé puissent l’approfondir : ce n’est pas en reculant d’un an la formation des futurs scientifiques que la Nation formera les techniciens, ingénieurs, chercheurs … dont elle aura besoin ». L’Udppc a lancé une pétition pour défendre ses disciplines.
Dans l’Expresso du 03 octobre 2008
L’APMEP rassurée par JP de Gaudemar
Quand un polytechnicien rencontre des profs de maths, le courant passe. L’Apmep avait rendez-vous le 1er octobre avec JP de Gaudemar pour évoquer la réforme du lycée. Selon Pascale Pombourcq, présidente de l’Apmep, interrogée par le Café, « l’entrevue nous a rassurés, ce que JP de Gaudemar a dit correspond à nos attentes ».
L’APMEP avait des questions précises sur trois points. En ce qui concerne la seconde, l’association a obtenu la promesse que les maths pourraient participer aux trois types de modules différents. Il y aurait 2 modules dans les enseignements obligatoires, 2 en exploration et peut-être aussi en accompagnement. L’ensemble variera selon les établissements mais l’horaire sera moins affecté que d’autres disciplines.
Pour le cycle terminal
, la principale revendication de l’Apmep était de ne pas avoir de module commun à tous les lycéens, mais d’avoir des enseignements de niveau différent et un renforcement du caractère scientifique au sein d’une filière. L’Apmep a obtenu que « si tous les lycéens auront des maths, ce ne sera pas les mêmes maths pour tous ».
La filière STI
, qui semblait un peu flotter en ce moment, sera maintenue a promis Gaudemar.
Si l’Apmep sort rassurée de l’entretien certaines décisions pourraient rebondir ailleurs. Car, en écartant l’idée d’un tronc commun de maths pour tous les lycéens et en promettant des maths différentes, JP de Gaudemar restaure les filières différentes. Une position très éloignée des données de départ.
Le Se-Unsa écrit à Gaudemar
Partisan d’un lycée modulaire, le Se-Unsa partage les principes de la réforme du lycée. Mais il souligne dans un courrier adressé à JP de Gaudemar, chargé par le ministre de définir la réforme, des « points d’achoppement ». Ils sont au nombre de 5 :
« – le nombre de modules envisagé (18 par an, soit 27 heures hebdomadaires, y compris le temps d’accompagnement) est trop réduit et générateur de rigidités ;
– le périmètre des enseignements fondamentaux n’apparaît ni précisé ni clairement motivé : l’exclusion totale des sciences expérimentales est pour nous incompréhensible ;
– la nature des enseignements complémentaires est ambivalente : réelle découverte de champs disciplinaires nouveaux en préparation du parcours de formation, ou perfectionnement / renforcement dans des disciplines déjà connues ? Cette confusion pourrait être source de nouvelles ségrégations en contradiction avec l’objectif affiché d’une seconde de détermination « réhabilitée » ;
– la remise en cause de la « brique de base universelle de 3 heures semestrielles » pour certaines disciplines hypothèque fortement la possibilité de construire des parcours réellement modulaires et ouvre la porte à tous les marchandages ;
– les conséquences sur les postes existants, les recrutements et les services des enseignants doivent être clarifiées au plus vite ».
Dans l’Expresso du 02 octobre 2008
Le Snes précise son hostilité à la réforme
« Le SNES reste attaché à une organisation en parcours suffisamment encadrés pour assurer la cohérence dans la formation et les approches disciplinaires. La meilleure réponse à ce jour reste pour nous l’organisation en séries, mais il convient certainement de ré-interroger leur organisation ». Dans un 8 pages le Snes présente son analyse de la réforme du lycée proposée par JP de Gaudemar. Il marque sur plusieurs points des oppositions de principe.
La première concerne la diminution des horaires disciplinaires. «
La diminution de l’horaire élève n’est pas un principe acceptable. On peut travailler sur une meilleure articulation entre le travail en classe et le travail prescrit à l’extérieur, en prenant pour base l’horaire actuel augmenté d’heures d’accompagnement ». Là où le ministère envisage 27 heures le Snes envisage 32 à 36 heures hebdomadaires.
Le syndicat s’oppose aussi à la disparition du groupe classe qui pourrait être « un facteur d’aggravation des inégalités ». Enfin il exige le maintien des filières dans l’enseignement général. «
Le SNES exige le maintien de séries, c’est-à-dire de parcours de formation clairement identifiés par leurs dominantes et les perspectives d’études supérieures qu’ils permettent. Cela n’empêche pas de réfléchir à la possibilité d’enseignements complémentaires, dont l’organisation peut être modulaire ou annuelle suivant les disciplines ou les types d’activités ».
Dans l’Expresso du 01 octobre 2008
La révolte des associations de spécialistes
Alors que de premiers éclairages sont portés sur les horaires du futur lycée, les associations de spécialistes font leur compte : il n’y est pas.
C’est ce qui pousse l’Udppc, qui regroupe les professeurs de physique-chimie, à faire une chose « jamais vue depuis 1906 » : inviter ses adhérents à participer à une manifestation, celle du 19 octobre. L’indignation de l’Udppc est liée à la découverte des horaires de seconde. En l’état actuel de la réforme, il est prévu un maximum de 27 heures de cours répartis en 18 modules semestriels de 3 heures, à savoir 11 modules pour les matières « fondamentales » (français, maths, langues, EPS, histoire-géo), 4 « d’enseignements d’exploration » et 3 « d’accompagnement de l’élève ». La physique-chimie ne fait plus partie des enseignements obligatoires. « Nous découvrons avec stupeur que, en l’état actuel de la réflexion menée sur l’avenir du lycée, la classe de seconde ne comporterait pas d’enseignement de sciences expérimentales dans les enseignements fondamentaux, ni en physique et chimie, ni en sciences de la vie et de la Terre. Il nous semble même que leur place ne serait pas assurée dans les enseignements d’exploration ! » croit savoir l’Udppc. « Nous affirmons qu’il est impossible d’avoir un enseignement fondamental composé à 70% de disciplines non scientifiques dans une classe dite de «détermination» ». L’association lance une pétition, demande un report de la réforme et l’inscription de ses disciplines dans le bloc des fondamentaux.
La réaction est similaire chez les professeurs de SVT réunis dans l’Apbg. « C’est un recul très grave, une aberration économique et culturelle alors que le gouvernement proclame que l’on a besoin et que l’on doit former plus de scientifiques. C’est un retour à un lycée des « humanités » » croit savoir l’Apbg. Pour l’association « la riposte doit être immédiate et forte ».
Même jugement négatif du côté de l’APHG, l’association qui regroupe des professeurs d’histoire-géo. L’APHG « est hostile à la diminution prévue du volume des enseignements disciplinaires au profit d’options indistinctes ». C’est que si l’histoire-géographie reste fondamentale en seconde, mais en perdant des heures, il n’est pas certain que ce soit encore le cas en 1ère et terminale. Discipline après discipline, le vent se lève sur la réforme du lycée.
Dans l’Expresso du 30 septembre 2008
S.E.S. : L’Apses mobilise
Reçue récemment par JP de Gaudemar, en charge de la réforme du lycée, l’Apses estime que la réforme du lycée « comporte une réelle remise en cause de l’enseignement des SES ». Elle craint une fusion ES – STG et dénonce « l’Institut de l’entreprise aux commandes », JP de Gaudemar citant en référence le rapport sur les SES de l’Académie des sciences morales et politiques, proche des milieux patronaux. « Le ministère ouvre la porte aux innombrables lobbies qui assiègent l’école » estime l’Apses.
Du coup, l’Apses rejette la réforme du lycée en bloc. » L’APSES rappelle son opposition absolue à des programmes structurés sur la séparation économie/sociologie. L’entrée par des problématiques contemporaines a fait la preuve de son efficacité auprès des élèves si on en juge l’augmentation régulière des effectifs de la série ES et les taux de réussite de ses bacheliers dans le supérieur. Elle demande au Ministre de garantir la pluridisciplinarité et la présentation des différents paradigmes en SES. Elle s’inquiète du projet de semestrialisation de tous les enseignements du cycle terminal qui revient au dépeçage des disciplines actuelles du lycée pour les éclater dans des modules semestriels de 3h. La disparition du groupe-classe et de la cohérence des parcours d’enseignements seraient un désastre pour la formation des lycéens ».
L’association des professeurs de SES organise une semaine de mobilisation, avec des assemblées régionales devant déboucher dans la manifestation du 19 octobre.
Dans l’Expresso du 24 septembre 2008
Lycée : Le Sgen s’affirme favorable à la réforme
« Le lycée tel qu’il se dessine, avec des parcours polyvalents construits en partie par les élèves, avec une offre diversifiée qui abandonne la hiérarchie des voies et des séries, avec la souplesse des modules qui donne le droit à l’erreur et au remords, avec un accompagnement de l’élève et une autonomie qui s’apprend, est une chance à saisir ». Quelques jours après le départ de la CGT et les hésitations et réticences du Snes, le Sgen Cfdt se déclare favorable aux orientations de la réforme. Ce qui, moyennement diplomatiquement mais clairement traduit, s’exprime ainsi : « Il serait dommage, pour les élèves comme pour les enseignants, que les réticences excessives des uns ou les œillères comptables des autres conduisent une fois plus à ne rien changer ».
Mais le Sgen entend obtenir « une réforme du lycée qui permette une amélioration des conditions de travail des personnels : moins d’heures en face à face traditionnel, plus d’accompagnement des élèves et un travail en équipe facilité ». Le Sgen demande une mise en place progressive de la réforme.
Le syndicat se détache du Snes
par exemple en demandant, comme le Se-Unsa, davantage d’heures d’accompagnement. Le Sgen demande aussi des heures de concertation intégrées au service des personnels dès la rentrée 2009.
Le Snes
, qui avait menacé de rompre les négociations le 18, fait savoir le 23 septembre que « le directeur de cabinet du ministre s’engage à porter une réflexion « sur la façon dont la réforme sera progressivement mise en place à compter de 2009 afin de prendre en compte [les] attentes [des organisations syndicales] et [les] préoccupations [du ministère] quant au calendrier de mise en œuvre de cette réforme » « . Du coup, « le Bureau national du SNES, réuni ce jour, a considéré que ce courrier constitue un engagement du ministre dont le SNES prend acte et permet, à ce titre, les conditions de la poursuite des discussions en cours ».
Dans l’Expresso du 23 septembre 2008
Nouvelles lueurs sur la réforme du lycée
Comment sera construite la future classe de seconde ? Que deviennent les disciplines ?
Après d’autres syndicats, le Snes publie le compte-rendu de ses échanges avec J.-P. de Gaudemar, chargé par le ministre de la réforme du lycée., les 16 et 19 septembre.
Les documents apportent plus de précisions sur le contenu des 4 grandes familles de parcours du lycée. A côté de « humanités et arts » et « sciences », le parcours « sciences de la société » pourrait offrir, à côté des SES, du droit et de la gestion. Un dernier parcours « technologies » comporterait des sous parcours médico-social, STI etc., sans que l’on sache exactement où se glisse l’actuelle STG : plutôt « sciences de la société » ou « technologies » ?
La Seconde
comporterait 18 modules par an sur 36 semaines : 11 d’enseignements généraux, 4 d’exploration et 3 d’approfondissement. Elle disposerait comme enseignements généraux des lettres, maths, LV1 et LV2, EPS et histoire-géo, et comme enseignements d’exploration SES, ISI, IGC, « SMS », LV3, arts, histoire des arts etc. L’avenir de la physique n’est pas déterminé. D’ailleurs JP de Gaudemar s’interroge sur l’avenir des disciplines associées. Physique et chimie pourraient être des modules différents, histoire et géo également.
Le cycle Première – Terminal
e offrirait 16 modules d’enseignements généraux et 16 de spécialisation sur 2 ans. « L’offre de modules serait discutée dans l’établissement, mais aussi au niveau rectoral en référence à une grille nationale ». Reprenant une idée émise par X Darcos quelques jours auparavant, JP de Gaudemar a évoqué un module « informatique » qui serait une initiation à la société de la connaissance. « Il s’agirait d’approcher l’informatique au sens de la manière dont elle a transformé la société ».
Sur ce cycle, selon le Snes, les enseignements généraux seraient le français, les maths, les deux langues vivantes (5 heures annonce le Snes pour les deux), la philosophie (2 modules) et l’EPS. L’histoire-géographie deviendrait un enseignement de spécialisation.
Alors que la réforme envisage trois types d’enseignements
(obligatoires, de détermination et d’accompagnement) le Snes refuse «
une diminution de l’horaire-élève de cours au nom de la mise en place d’un accompagnement ». Le syndicat a manifesté son « exigence de véritables séries technologiques » et sur le maintien du groupe classe, pourtant difficile à concevoir avec des modules variés.
Dans l’Expresso du 19 septembre 2008
Le Snes va-t-il quitter la négociation sur la réforme du lycée ?
Le 17 septembre, la CGT annonçait qu’elle quittait les discussions sur la réforme du lycée. Le 18, c’est le Snes et le Snep qui font savoir que « les instances du SNES et du SNEP examineront en début de semaine prochaine la question de la poursuite de leur participation aux discussions ».
Les deux syndicats demandent au ministre de revoir le calendrier de la réforme et de démentir « que les projets parus dans la presse soient des propositions déjà tranchées ».
De son côté, le Se-Unsa met en ligne l’état de ses échanges avec lJP de Gaudemar, en charge de la réforme. On y trouve la liste des disciplines qui resteraient fondamentales : le français, les maths, les 2 langues vivantes, l’EPS et l’histoire-géographie (contrairement à ce qu’on peut lire ici et là). La place des SES , des SVT et de la physique-chimie reste encore à définir.
Le Se-Unsa attire l’attention du ministre sur deux points importants. D’une part sur l’accompagnement individualisé : le syndicat demande que sa proportion soit augmentée, compte tenu de la forte demande lycéenne. Il pointe aussi une exigence importante de la réforme.
Puisque les lycéens devront construire leur propre parcours, que le groupe-classe sera supprimé, il est essentiel que les jeunes soient bien accompagnés. « Ceci implique une présence accrue des COP et des CPE dans les lycées », écrit le Se-Unsa. « La notion de professeur principal n’est pas opérationnelle dans ce nouveau contexte ». Le syndicat demande la création de « professeurs référents » chargés du suivi d’un groupe de 10 à 15 élèves.
On sait qu’en Finlande, où l’enseignement est également modulaire, un corps spécial de conseillers pédagogiques accompagne les élèves sur le plan méthodologique et sur celui de l’orientation.
Sur le Café, le lycée finlandais
L’Expresso du 19 septembre 2008
Dans l’Expresso du 18 septembre 2008
Lueurs et tensions sur l’avenir du lycée
Jean-Paul de Gaudemar
, chargé par X. Darcos de la réforme du lycée, a reçu au début du mois les syndicats. Il a donné de nouvelles indications sur le projet ministériel.
Il apparaît que ‘l’objectif de la réforme n’est pas de toiletter le lycée mais « d’aller beaucoup plus loin » et de ne pas entrer dans « un déterminisme de série ». L’horaire annuel par élève s’identifierait à celui de la norme européenne de 970 heures/an par élève, ce qui correspond à 27h/semaine, soit un peu moins que l’horaire actuel (28h30 à 31h30 en première par exemple). Attention : cet horaire comprend des heures d’accompagnement.
En seconde
, l’élève aurait 18 modules de 3 heures par semestre, soit 11 d’enseignement général, 4 d’exploration et 3 d’accompagnement.
En première et terminale
, les élèves choisiraient entre 4 grandes familles : humanités et arts, sciences, sciences de la société et technologie. Des séries qui rappellent furieusement L, S, ES et STG/STL/ST2S etc…
Deux disciplines semblent encore flotter
: SVT et physique-chimie en seconde deviendront-elles des modules d’exploration ou d’enseignement général ?
Des tensions syndicales sont apparues
. La CGT a décidé de quitter la négociation en cours. Elle proteste contre le délai beaucoup trop court de celle–ci et la nature même de la réforme. « La réforme engagée de cette façon apparaît de plus en plus comme une réforme structurelle, principalement destinée à faire des économies budgétaires en supplément des suppressions déjà annoncées au budget 2009 ».