Par Françoise Solliec
Pour la commission des affaires culturelles du Sénat, pas question d’abandonner le baccalauréat, ce « monument national », car « il y a encore trop peu de bacheliers dans notre pays ». Les propositions du goupe de travail, rendues publiques le 12 juin, visent à augmenter ses performances, tant dans sa fonction de qualification professionnelle, que dans celle de premier grade universitaire, permettant l’accès à l’enseignement supérieur.
Le deux centième anniversaire du baccalauréat ne pouvait laisser indifférents les membres de la commission des affaires culturelles du Sénat, dans le contexte général de réflexion et d’interrogation autour de l’Ecole. Le rapport produit par le groupe de travail est le fruit de 43 heures de réunion et de 40 séances d’audition qui ont permis le dialogue avec près d’une centaine d’experts.
Premier constat, le baccalauréat joue 3 rôles différents : certification de fin d’études du secondaire, porte d’entrée dans la vie active au niveau IV, accès à l’enseignement supérieur. Mais, si le baccalauréat est le premier grade universitaire, la réussite dans l’enseignement supérieur exige que les bacheliers réfléchissent très soigneusement au choix de leurs filières en fonction des types de baccalauréat.
Se fondant sur les études statistiques du ministère et de l’OCDE, l’état des lieux quantitatif est simple à dresser. En 2006, on dénombrait environ 500 000 bacheliers, pour un peu plus de 600 000 candidats, soit environ 64% d’une génération. Mais, depuis bientôt 15 ans, le pourcentage de bacheliers généraux est en stagnation dans la population des bacheliers, légérement supérieur à 50%, tandis que les bacheliers professionnels sont en augmentation et les bacheliers technologiques en faible décroissance. Relativement à d’autres pays, le pourcentage de bacheliers français dans une génération est inférieur à la moyenne des pays de l’OCDE et cette infériorité est encore plus grande si l’on s’en tient aux 19 pays de l’Europe.
Les dix-huit propositions énoncées par le groupe de travail portent sur l’organisation de l’examen (notamment distribuer les épreuves sur 2 ans, organiser en septembre une vraie session de rattrapage), sur l’organisation des filières du bac général (un tronc commun avec des options équilibrées), sur la prévention de l’échec dans les filières universitaires (implication accrue des membres de l’enseignement supérieur dans la définition des programmes et la préparation des sujets, rendre publics ce qui est supposé acquis pour les enseignants des filières universitaires) et sur une mise en place spécifique de crédits formation pour les bacheliers, professionnels ou non, décidant d’entrer dans la vie active et pour les non bacheliers. Elles figurent explicitement dans une fiche de synthèse accessible sur le site du Sénat.
Qu’on trouve intéressantes ou non les propositions formulées, elles ont au moins le mérite de s’adresser à des problèmes réels : la prédominance de la filière S, la difficulté d’une orientation réfléchie fondée sur des compétences de l’élève autant que sur ses motivations, l’insuffisance actuelle de filières pensées pour les bacheliers professionnels, voire technologiques tertiaires, le manque de coordination entre enseignants du secondaire et du supérieur, la mise en place réelle d’une formation tout au long de la vie, etc.
Pour autant, quel peut être l’avenir de ce rapport ? Le rapporteur et président du groupe de travail, Jacques Legendre, espère que le gouvernement voudra bien y voir des pistes de travail répondant à ses préoccupations. Il est prévu de le présenter aux ministres Xavier Darcos, éducation nationale, et Valérie Pécresse, enseignement supérieur et recherche. Cependant, pour certains membres du groupe de travail, il y a fort à parier que ce rapport n’aura que peu d’incidences sur les décisions du gouvernement.