Par Françoise Solliec
Comme dans un certain nombre d’écoles partout en France, à l’école maternelle Marcadet (Paris 18ème) des parents d’élèves se relaient pour occuper le bureau du directeur et faire connaître leur action, avec le ferme espoir d’être entendus et de tenir bon « jusqu’à ce que les choses changent ».
Ce 9 juin après-midi, c’est Marie-Hélène Courtin, maman d’une élève de petite section et élue au conseil d’école, qui assure la permanence et occupe le bureau du directeur.
« Nous avons commencé cette occupation il y a six jours », nous explique-t-elle, « à la suite de plusieurs réunions d’information organisées par les instituteurs. Les parents ont été reconnaissants aux enseignants de s’attacher à répondre à leurs questions et de prendre le temps de leur expliquer les enjeux des propositions de réforme en cours. Quand on est parent, on a souvent du mal à comprendre ces enjeux et d’en voir les conséquences, comme par exemple pour les stages de vacances. Ici on est très sensibilisé à l’incertitude qui pèse sur le RASED et au devenir des maternelles. J’ai pu mesurer les progrès de mon fils cette année et je vous assure que l’on est ici très loin de faire du baby sitting. D’ailleurs mes deux autres enfants sont aussi passés par cette école et nous en avons tous été très satisfaits ».
« Touche pas à mon école ! » pourraient effectivement dire la quinzaine de parents qui se sont mobilisés et qui chaque matin participent à un point d’information. Il faut afficher un résumé de la situation sur les murs extérieurs, souvent en plusieurs langues, accueillir et tenter de convaincre les parents qui amènent leurs enfants et préparer les faxes et les mails qu’on enverra aux différentes écoles mobilisées, aux autorités institutionnelles, à la mairie, à la presse, etc. Le communiqué du jour porte sur la poursuite de l’action, avec un ensemble un peu disparate de revendications diverses déjà énoncées dans les médias : suppressions de psotes, nouveaux programmes, suppression de la carte scolaire, « fichage des enfants » avec le Base élèves, précarisation d’emplois, etc.
Jeudi dernier, un rassemblement de parents s’est effectué devant la mairie du 18ème, mais malgré les assurances du maire, Daniel Vaillant, qui avait promis une salle de réunion, les parents ont trouvé porte close et ont dû se réunir à l’église voisine. Ils ont ainsi pu échanger entre représentants de différentes écoles et se sont promis de mieux s’organiser au niveau de la communication et de la concertation.
La prochaine étape, c’est la participation à la nuit du 13 juin et parents et instituteurs essaient à la fois d’informer les écoles non encore mobilisées dans l’arrondissement et d’organiser les permanences de cette nuit. « On essaie tous d’avoir la même ligne de conduite et on fait passer de nombreux communiqués dans toutes les écoles qu’on peut toucher » explique Marie-Hélène Courtin.
Pendant ce temps, dans l’école Marcadet, les enfants continuent d’être accueillis en classe, mais le directeur, tout en soutenant l’action, estime que le fonctionnement est loin d’être normal. Il n’a plus, par exemple, les moyens de s’organiser ni de préparer les réunions. Les enseignants continuent à passer du temps avec les parents pour les assister dans leurs rencntres ou les visites d’autres écoles.
« On ne cherche pas à bloquer l’école » affirme Marie-Hélène Courtin, « mais à se faire entendre et faire prendre en compte nos revendications. L’école maternelle aujourd’hui sait tenir compte du rythme et de la perosnnalité des enfants. Nous ne voulons pas que des décisions soient prises qui anéantirait ce fonctionnement. Nous resterons mobilisés autant qu’il le faudra, mais nous avons très peur de la coupure des vacances ».