Protocole d’accord sur la rénovation de l’enseignement professionnel : quel contenu ?
Quatre syndicats (le SNETAA, premier syndicat de l’enseignement professionnel, et le SGEN ; le SNPDEN et ID-FAEN, deux syndicats de chefs d’établissement) ont finalement décidé de signer le « protocole d’accord » du 23 mai 2008 avec le ministre. Bien qu’ayant participé aux négociations, l’UNSA n’a pas signé. Avant de passer en revue les motivations affichées par les uns et les autres, quel en est le contenu ?
La mesure la plus « médiatique » est évidemment la transformation du bac Pro en trois ans, qui n’occupe qu’une ligne dans un texte de trois pages, et encore est-il intitulé « cycle de référence ». Cela implique-t-il en creux des aménagements possibles ? L’histoire le dira.
Mais le texte veut s’inscrire dans une perspective globale de « rénovation de la voie professionnelle ». Affichant l’objectif de «niveau V » (CAP ou BEP) pour tous, il ne fait finalement que reprendre les injonctions de faire baisser les « sans qualification », injonction constante depuis 1989. Ce taux baisse d’ailleurs constamment (voir article sur ce sujet).
Rien n’est dit explicitement dans les textes publiés sur l’avenir des Bep, même s’il est désormais clair qu’ils n’ont pas d’avenir, «coincés » entre le CAP et le BacPro en trois ans.
Quels moyens le texte préconise-t-il pour la « rénovation » ?Pas grand chose pour « l’accompagnement des enseignants », simplement cité dans une phrase isolée, sans aucune modalité.
Par contre, le texte annonce que les moyens horaires devraient permettre de mettre en œuvre, outre les enseignements de référence prévus par les textes, des « projets pédagogiques » et des « moyens organisationnels permettant le fonctionnement des équipes enseignantes ». Ce qui devrait signifier un volant conséquent d’heures alloués aux établissements pour rémunérer des heures de réunion, de projets…
Mais l’état actuel de la mise en œuvre des PPCP, bien décrite par le récent ouvrage de Françoise Lanthéaume, montre qu’il ne suffit pas de décréter.. Encore faut-il entrer précisément dans les contraintes de l’enseignement professionnel (assumer à la fois la réussite des élèves les plus en difficulté, l’exigence grandissante des référentiels professionnels et les tensions sur les moyens budgétaires…) qui ne semblent pas propices à l’introspection des enseignants sur les meilleurs moyens de faire réussir les jeunes.
Enfin, le dernier paragraphe du protocole signé par le SNETAA envisage d’instituer une indemnité spécifique pour les enseignants de terminale professionnelle, à laquelle s’ajouterait diverses indemnités pour les professeurs principaux ou le suivi du contrôle en cours de formation (CCF). Une perspective légale d’enseignement dans l’enseignement supérieure est annoncée, à travailler par un groupe à mettre en œuvre.
Les positions syndicalesPour le SNETAA, signataire, cet accord prévoit « le développement du nombre de CAP, le maintien du diplôme BEP, le maintien d’un parcours en 4 ans pour obtenir le baccalauréat professionnel pour les élèves qui en ont le plus besoin, des passerelles, des moyens pour les jeunes en difficulté, le renforcement des SEGPA, l’ouverture des découvertes professionnelles dès la classe de 5ème en collège, d’implantation de BTS en Lycée Professionnel et des avancées considérables pour les Professeurs de Lycée Professionnel : une indemnité conséquente, la possibilité d’enseigner dans le supérieur, des formations aux nouvelles pédagogies. »
Le SNUep-FSU, qui avait déjà fait connaître son opposition à la généralisation des BacPro 3ans, considère que les éventuelles revalorisations de salaire sont trop floues, et les perspectives de pouvoir enseigner dans le supérieur réservées à quelques uns.
Il réaffirme « sa demande d’un moratoire sur la généralisation du bac pro 3 ans et souhaite un vrai programme de réduction des sorties sans diplôme qui ne soit pas qu’un habillage ou un catalogue très théorique sans moyen ». Le SNUEP rappelle également son hostilité à la généralisation des baccalauréats professionnels en 3 ans car « elle engendre la fermeture des sections de BEP et donc entraîne la suppression automatique d’une année d’enseignement pour les élèves qui s’orienteront vers la voie professionnelle. Il s’agissait donc pour le Ministère de compacter quatre années d’étude en trois seulement et donc de revoir l’intégralité des contenus des enseignements généraux en les adaptant à cette réforme ».
Le SE-UNSA, après avoir participé aux discussion, a finalement décider de ne pas signer. « Malgré les avancées obtenues dans la négociation, le SE-UNSA estime insuffisantes les réponses apportées par le ministère de l’Education nationale pour garantir leur mise en œuvre effective sur le terrain », dans un contexte de restrictions budgétaires et d’annonce de suppressions d’emplois encore plus massives.
Pour l’UNSEN-CGT, le relevé de conclusion « ne révèle rien de nouveau et ne fait que de confirmer ce qui se met en place depuis des mois, c’est-à-dire la généralisation des bacs pro 3 ans. Il confirme la restructuration des diplômes professionnels et la disparition des BEP actuels ». Du point de vue de l’organisation des études, il « fait référence à des dispositifs et des possibilités qui existent déjà (module, travail en groupe, tutorat…), sans toutefois s’avancer concrètement sur ce qui sera possible de faire. » (…)
Finalement le Sgen a signé le protocole d’accord sur la rénovation de la voie professionnelle. Le syndicat demande « qu’une lettre de cadrage soit adressée aux recteurs sur l’application et le suivi de ce protocole ».