Par Cyril Froidure
Le courrier des pays de l’Est : Energie et environnement à l’Est, novembre-décembre 2007
Cette revue éditée par la Documentation Française traite de l’actualité des PECO et des membres de la CEI soit 27 pays au total. Elle paraît tous les deux mois et chaque numéro s’organise autour d’un dossier auquel s’ajoutent des articles supplémentaires et une rubrique Repères abordant les relations entre l’Est et l’Union européenne.
Ce numéro de la fin 2007 a particulièrement intéressé le Café dans la mesure où il présentait, en partie, la situation des pays d’Europe de l’Est au regard des questions énergétiques et environnementales. Ce dossier, quelques mois après un FIG dédié aux questions énergétiques, permet d’éclairer notre lanterne d’occidental pour qui l’Est de l’Europe est associé à Tchernobyl, vétusté des équipements, dégradation avancée de l’environnement. Bien sûr ces trois idées ne sont pas entièrement fausses mais il convient d’en nuancer la portée ce à quoi contribue cette série d’articles.
Michel Deshaies, dans un premier article, souligne la nouvelle donne à l’Est notamment pour tous les nouveaux entrants dans l’Union européenne. Ceux-ci ont en effet accepté en accédant à l’Union les options choisies par celle-ci en matière de lutte contre les émissions de GES pour ne prendre par exemple ; choix européen donc mais parfois difficile à assumer même si l’arrêt des centrales les plus douteuses indiquent une nette volonté de se plier aux objectifs communs. Seulement, tout n’est pas si simple car ces pays, dont l’économie monte en puissance, doivent faire avec l’héritage des années communistes.
Le bouquet énergétique choisi par ces pays varient de l’un à l’autre mais le charbon conserve une place importante dans nombre d’entre eux (Pologne, République tchèque) car production locale mais la part des énergies renouvelables et les émissions de GES sont tout de même soit dans la moyenne européenne, soit inférieure. Mais des progrès restent à réaliser en particulier en termes de modernisation et d’efficacité énergétique, défis que les pays occidentaux ont aussi à relever.
Pour assumer toutes ces responsabilités, une solution est quasi-unanimement envisagée : le nucléaire. Phénomène mondial, le renouveau du nucléaire, et ses partisans, s’appuie sur ses quelques atouts réels : réponse à une demande d’énergie en forte croissance, pas de rejet de GES. Donc un choix commun mais des situations différentes entre les pays qui sont dans une période de transition (fermeture/rééquipement) comme la Lituanie, ceux qui tendent à développer les infrastructures actuelles (la Hongrie) et enfin les démunis souhaitant s’équiper (la Biélorussie). Mais comme partout des avis contraires posent les problèmes de la sécurité, des déchets et l’invariable NIMBY : les populations veulent de l’énergie mais de la centrale près de chez eux.
Autre dynamique s’insérant dans la démarche européenne, le développement des énergies renouvelables. Pour les pays baltes, là aussi les états des lieux divergent car Estonie (schistes bitumineux), Lituanie (nucléaire) et Estonie (bois) privilégient des énergies différentes et la part des énergies renouvelables va de 9% en Lituanie à 43% en Lettonie. Tous les trois font des efforts et esquissent des politiques fiscales et de soutien aux énergies renouvelables afin d’atteindre les objectifs fixés par Bruxelles. Hors UE, Isabelle Bigard analyse la situation en Russie. Les premières initiatives en faveur des énergies renouvelables datent des années 30 mais l’abondance, le faible coût des énergies fossiles et le choix de l’industrie lourde ont annihilé ces débuts. Aujourd’hui, on regarde, selon l’auteur, autrement ces énergies du fait du potentiel évident et pour les services qu’elles pourraient rendre, desservir les régions importatrices d’énergie ou les habitations isolées dans l’immensité russe. Sous-utilisation, sous-équipement telles sont les expressions collant le mieux à la situation des énergies alternatives d’autant, qu’à ce jour, aucune législation ne vient réglementer, soutenir le secteur et le vote de la loi ENR se fait attendre. Le soutien des institutions internationales, la ratification du protocole de Kyoto peuvent laisser penser à un intérêt réel des autorités fédérales.
A lire sur Strates, un article complémentaire sur la dégradation de l’environnement en Pologne.
http://strates.revues.org/document2583.html
Capital, numéro Hors-Série, avril 2008
« Environnement. L’état de la planète, les solutions pour la sauver ». Bon soyons clair, l’état des lieux en trois chapitres est tragique ; pollution/ressources/réchauffement climatique sont associés à dégâts et épuisement. Et si les titres ne suffisent pas, la masse, que dis-je, l’avalanche des chiffres pousse le lecteur à reposer régulièrement la revue et ce pour deux raisons :
l’énumération de chiffres, pourcentages au fil des pages fatigue mais surtout terrifie l’acquéreur du magazine. Si vous pensez que tout va bien, lisez ce numéro de Capital et vous changerez d’avis, bref peu de rayons de soleil. Point positif pour le citoyen curieux et l’enseignant en quête d’informations, les chiffres répondront en partie à leurs attentes.
Seulement une question se pose : d’où viennent tous ces chiffres ?
Pour l’essentiel d’ONG vertes (Greenpeace, WWF) et parfois d’institutions internationales : pour les premières, elles versent le plus souvent dans le catastrophisme et ont un rôle de lobbying avéré ; pour les deux, il faudrait connaître qualités des experts et méthodes de calcul. Bon bien sûr, ça n’est pas l’objectif de Capital de présenter ses méthodes mais quand on assène des chiffres à ce point, le lecteur est en droit de s’interroger.
Autre problème que soulevaient les auteurs de l’ouvrage collectif pour les concours, « Le développement durable », dirigé par Yvette Veyret (http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lenseignant/sch[…])
Celui des définitions, ici la forêt, les réserves de ressources en eau, pétrole… ne font l’objet d’aucune définition ou presque.
Si l’on revient aux agressions de l’environnement que relatent les trois premières parties, on trouve au ban des accusés l’homme et ses activités, les Etats-Unis et la Chine. La revue pose quelques problèmes moins connus du grand public : les réfugiés climatiques (voir les Dessous des Cartes : http://www.clionautes.org/spip.php?article1690), la modification des espaces touristiques, la pollution urbaine et quelques bizarreries tels que ces plaques de déchets situées dans l’océan Pacifique couvrant la bagatelle de 3,5 millions de km2.
La suite du Hors-Série s’attache à faire le tour des actions possibles à tous les niveaux, des institutions internationales jusqu’au citoyen : des incitations, des contraintes, des gestes, des innovations techniques et technologiques, rien d’inconnu pour celui qui s’informe, quelques solutions à portée de main (économiser, isoler…) , d’autres réservées aux hauts revenus (voiture hybride, maison verte de Yann Arthus-Bertrand).