Par Françoise Solliec
Vingt organisations* (syndicats, fédération de parents d’élèves, associations péri-éducatives et mouvements pédagogiques) ont été signataires de l’appel « Projet de programmes : copie à revoir ! » et d’une lettre à François Fillon. Comment ont-elles perçu les nouveaux textes proposés par Xavier Darcos le 29 avril ? Comment vont-elles se situer dans les journées de mobilisation des 15 et 24 mai ? Elles exposaient leur point de vue à la presse le mardi 13 mai.
La prise en compte des remarques, ce n’est que de l’habillage
En introduction, Claire Krepper, secrétaire nationale du SE-UNSA, a rappelé le peu de satisfaction retirée par les organisations de la conférence de presse tenue par Xavier Darcos le 29 avril pour présenter les textes revus. Qualifiant le ton du ministre « d’agressif » et rappelant qu’il avait fustigé le « pédagogisme » des différentes assocations et organisations, elle retrace brièvement les évolutions notées dans la nouvelle mouture par rapport au projet de février et qui ont été rapportées en détail dans l’Expresso du 30 avril. Elle note la contradiction entre les propos du ministre qui se présente comme un homme de consensus et le nouveau texte qui ne prend que superficiellement en compte les remarques formulées par les professionnels. Elle estime, et ses collègues insisteront tous sur ce point, que ces programmes ne traitent pas la question des élèves en difficulté et conduiront à davantage d’échecs scolaire. La position des 20 organisations est donc claire : elles dénoncent le projet et en demandent le retrait.
Philippe Joutard, président de la commission des programmes de 2002, s’estime « très déçu ». « On passera probablement son temps à faire de la grammaire et des opérations et il n’y en aura plus guère pour l’histoire et les sciences » ajoute-t-il. Il note aussi la contradiction qu’il y a à envisager le développement de l’autonomie du lycée et à fermer les enseignements du primaire. Il se déclare enfin inquiet de voir que les mathématiques seront renforcées dans leur rôle de sélection scolaire et ce beaucoup plus tôt que maintenant. Il y a eu « de l’habillage » dans la nouvelle version, mais sur le fond, elle est très peu différente de la première.
Pour Gilles Moindrot, secrétaire général du SNUipp, le discours ministériel sur la synthèse nationale en masque les appréciations réelles. Les seuls commentaires positifs concernent la clarté des programmes. Pour le reste, il relève que les commentaires montrent qu’ils sont souvent jugés trop lourds et trop ambitieux et que les enseignants craignent une fragilisation accrue des élèves. Il s’indigne également de l’attitude du ministre, qui refuse de prendre en compte les avis des professionnels. C’est selon lui un changement radical par rapport à son attitude de l’an dernier et un changement dangereux pour l’école.
Guillaume Touzé, SGEN-CFDT, explique que c’est ce refus de tenir compte de ce que pensent les professionnels de ces nouveaux programmes qui a conduit les 20 signataires à écrire le 6 mai une lettre à François Fillon, en soulignant « l’absence totale de dialogue avec les syndicats enseignants, les fédérations de parents d’élèves, les mouvements pédagogiques et les associations péri-éducatives » et en demandant « que s’engage le temps d’une concertation approfondie sur la politique éducative » .
Jacques Hazan, FCPE, estime que dans la nouvelle version des programmes, « il ne faut pas se laisser impressionner par les titres qui donnent une assez bonne image » mais s’attacher aux contenus qui sont « catastrophiques », car rien n’y est prévu pour aider les enfants en difficulté. Or, selon lui, comme le montrent les enquêtes internationales, ce sont bien ces élèves en diffculté et redoublants qui portent la responsabilité des mauvais résultats des élèves français. Il demande des assemblées générales d’informations pour les familles et assure du soutien de la FCPE aux manifestations du 15 et du 24 mai.
En effet, la journée de jeudi sera décisive pour les actions à venir. Si les prévisions du SNUipp sont plutôt d’une mobilisation importante, il restera à démêler les demandes et les motifs des participants. En tout cas, une cjhose est certaine, le conseil supérieur de l’éducation ne pourra adopter le texte des nouveaux programmes ce jour-là, faute de quorum. Il se réunira à nouveau le 22. La situation aura-t-elle suffisamment évolué pour arriver à un consensus, ou au moins à une ouverture ? On devrait en avoir une première idée jeudi soir.
* Les 20 organisations signataires :
AGEEM – AFEF – AIRDF- FCPE – CEMEA – CRAP Cahiers pédagogiques – FOEVEN – FRANCAS – GFEN – ICEM- JPA – Ligue de l’enseignement et USEP – OCCE – SNUipp FSU – SE UNSA – SGEN CFDT – SI EN UNSA – SNPI FSU et FGPEP.