quelques infos marquantes récemment publiées par le Café3èmes Entretiens de la petite enfance
Les
21 et 22 mai, l’Observatoire de l’enfance, en partenariat avec l’Inrp,
organise à Nantes les 3èmes Entretiens de la petite enfance. IL y sera
question des premiers apprentissages (V. Bouysse), des attachements (A.
Florin), de la place de l’enfant dans la société (C. Sellenet) etc.
Le programme
http://www.observatoiredelenfance.org/
La RGPP n’oublie pas l’éducation…Annoncé
vendredi 4 avril, le programme de Révision générale des politiques
publiques (RGPP) vise à dégager 10 milliards d’économie en 2009 dont 5
sur le budget de l’Etat. Les 166 mesures choisies par le président et
le gouvernement ciblent prioritairement les dépenses sociales (sécurité
sociale, insertion sociale, logement etc.).
Mais
la RGPP
s’intéresse aussi de près à l’éducation. » La refonte du système
éducatif passe par un recentrage de l’école sur les apprentissages
fondamentaux » confirme le programme gouvernemental. « La
refonte du
système repose sur l’engagement des enseignants qui sont à l’origine de
la réussite des élèves. La rénovation de leurs conditions de travail et
la diversification de leurs missions permettra l’augmentation de leur
pouvoir d’achat. L’autonomie des établissements sera développée afin
que ceux-ci disposent de leviers plus importants pour mieux adapter
l’offre aux besoins ».
Le document annonce donc la
révision du
métier d’enseignant, » une réflexion sur l’offre éducative au lycée et
l’équilibre entre les différentes filières ». Le calendrier est accéléré
: « Les travaux de la révision générale des politiques publiques se
poursuivent jusqu’au prochain Conseil de modernisation des politiques
publiques, prévu en mai 2008 ».
L’ensemble de la réforme
éducative est donc officiellement liée à un objectif budgétaire.
La RGPP
http://www.rgpp.modernisation.gouv.fr/cmpp4-4-8/cmpp4_avril_08.html
: L’Appel des 19
« Votre
projet de programmes est marqué par l’inadaptation des
contenus, par
un affaiblissement de leur dimension culturelle et par une
conception
mécaniste des apprentissages ». Sous le titre « copie à revoir », un appel
est lancé contre les futurs programmes du primaire.
Parmi
les
signataires on relève les noms de Remy Brissiaud, Bernard Devanne,
François Dubet, Agnès Florin, Philippe Joutard, Claude Lelièvre,
Jean-Emile Gombert, Philippe Meirieu, André Ouzoulias, Bruno Suchaut.
L’appel est aussi signé par les dirigeants syndicaux (Snuipp, Sgen,
Se-Unsa), d’associations professionnelles (Ageem, Afef), de mouvements
pédagogiques (Gfen, Crap, Icem, Ancp, Cemea etc.), de parents (Fcpe),
de la Ligue de l’enseignement etc.
Ils dénoncent »
un
appauvrissement sans précédent des apprentissages et des objectifs, à
commencer par la lecture et l’écriture ». Pour eux, « loin de contribuer
à la réussite de tous les élèves, il pénalisera de fait ceux qui ont le
plus besoin d’école. Il ne favorisera pas la maîtrise de
l’ensemble
des connaissances et des compétences que l’école se doit de faire
acquérir à tous les élèves. Il tourne le dos à l’ambition des
programmes de 2002 qui était de doter tous les élèves des outils
nécessaires pour réussir au collège ».
La pétition contre les programmes
http://www.programmesecoleprimairecopiearevoir.org/?petition=3
critique les programmes
L’Académie
des sciences ne valide pas les programmes du primaire. En termes
diplomatiques mais très clairs, les académiciens demandent des
modifications qui éclairent les tares des futurs programmes. Ainsi, les
académiciens demandent au moins 2 heures hebdomadaires pour les
sciences expérimentales. Ils critiquent aussi la conception même des
maths : « que l’indispensable acquisition de mécanismes en mathématiques
soit toujours associée à une intelligence de leur signification pour
l’enfant, à leur lien avec le concret et au rôle de l’imagination aux
côtés de la rigueur ». Et plus généralement : « Que l’école primaire
demeure centrée sur le développement de l’ensemble des potentialités de
l’enfant ».
Le
communiqué
http://www.academie-sciences.fr/actualites/textes/ecole_primaire_31_03_08.pdf Déjà des manuels « conformes aux
programmes » !
De
qui se moque-t-on ? Le 20 février, le ministre promettait une
consultation des enseignants sur les nouveaux programmes du primaire
avant leur adoption définitive. Celle-ci devait avoir lieu de façon
très rapide.
On comprend maintenant la précipitation de la rue
de
Grenelle. Alors que le ministre présentait les programmes, certains
manuels étaient sous presse. C’est le cas par exemple (mais c’est loin
d’être le seul) du manuel d’Alain Bentolila, « L’île aux mots », publié
par Nathan. Cité par X. Darcos comme un des inspirateurs de la réforme,
ses nouveaux manuels de CM2 et de CM1 « conformes aux
programmes de
2008 » arrivent dans les écoles.
Comment
qualifier une
consultation officielle qui a lieu alors que sont déjà en vente les
manuels issus des programmes mis en consultation ? Puisque l’avis des
enseignants qui vont avoir à appliquer la réforme est jugé
ostensiblement sans valeur, de quels moyens doivent-ils user pour
transmettre leur opinion ?
Le
manuel Bentolila
http://www.nathan.fr/catalogue/catalogue_detail_enseignants.asp?ean13=9782091217437
Le ministère et l’orthographe
En
pleine querelle sur les programmes, Le Monde du 28 annonce la
publication d’une « Note d’alerte » ministérielle affirmant la « baisse du
niveau scolaire » particulièrement en orthographe.
Cette
étude
comparerait des résultats de 1987 avec ceux de 2007 et conclurait à un
déclin en orthographe et particulièrement en orthographe grammaticale.
Elle tombe à pic au moment où le ministre veut remplacer les programmes
de 2002 par de nouveaux programmes fort contestés.
Le
problème
c’est que la nouvelle étude ressemble étrangement aux travaux de
Danièle Manesse publiés en 2007. Celle-ci avait également comparé 1987
et 2007 et était arrivée à la même conclusion du déclin en orthographe
grammaticale.
Or ses conclusions ne l’amenaient pas
à demander
le retour de l’enseignement traditionnel mais à valoriser des moments
d’entraînement complémentaires à l’observation de la langue. » Oui, il
faut des moments de solfège et de gammes, oui il faut des moments
d’entraînement, oui, il faut des moments d’enseignement spécifiques de
l’orthographe et de la grammaire, c’est mon avis. Sinon, le risque est
grand de ne pas pourvoir les élèves, et notamment ceux dont le seul
recours est l’école et qui sont les plus exposés à l’échec,
des
repères dont ils ont absolument besoin », écrivait-elle dans le Café.
Cette
position était d’ailleurs critiquée par Jean-Pierre Jaffré qui
remettait en question toute possibilité de comparer 1987 et 2007. « Le
statut social de l’orthographe n’est plus aujourd’hui comparable à ce
qu’il fut naguère, les demandes faites désormais à l’école ne sont plus
du même ordre et le profil des enfants auxquels l’école à affaire n’est
plus le même non plus » écrivait-il lui aussi dans le Café. Mettant en
question le maintien en France d’une orthographe désuète et sans
rapport avec l’évolution de la société, il dénonçait : »
l’orthographe, parce qu’elle prétend ménager la chèvre et le chou, la
culture du passé et la communication d’aujourd’hui, est un monstre
social sans équivalent ».
C’est ce débat vieux d’un
an que X. Darcos semble ressusciter pour justifier un programme que
beaucoup jugent très conservateur.
Article du Monde
http://www.lemonde.fr/archives/article/2008/03/28/une-nouvelle-enquete-atteste-de-la-baisse-du-niveau-des-eleves-en-fin-de-cm2_1028630_0.html
Dossier du Café
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/larecherche/Pages/80AnalyseOrthographe%C3%A0quilafaute.aspx
primaire
« Quel projet
scolaire Nicolas Sarkozy propose-t-il aujourd’hui ? »
interroge Laurence De Cock-Pierrepont sur le site du CVUH (Comité de
vigilance face aux usages publics de l’histoire. Analysant
les futurs
programmes du primaire elle y lit un projet conservateur. « Les
nouvelles prescriptions font fi de toute réflexion sur la complexité du
moment historique pour recentrer les compétences de l’élève sur la
mécanique de la mémorisation…. La vision du passé, réduite à son
minimum évènementiel se dessèche et se teinte à nouveau
d’ethnocentrisme. C’est une histoire déshydratée qui est proposée aux
enfants… Est-ce à dire que l’on cherche ici à transformer nos petits
écoliers en simples automates dénués de sensibilité aux hauts faits de
l’histoire ou aux valeurs républicaines ? Bien au contraire, la place
laissée vacante par l’absence de toute réflexion critique sera
immédiatement investie par une pédagogie des affects. Celle initiée
chez les grands lycéens par la lecture de la lettre de Guy Môquet ;
celle récemment préconisée à travers l’indécente proposition
présidentielle de faire parrainer un enfant juif déporté ».
Conclusion
: « A une citoyenneté critique nécessaire à tout fonctionnement
démocratique, on préfère le principe de l’adhésion aveugle qui prive le
futur adulte de l’accès à une véritable conscience politique ».
Article CVUH
http://cvuh.free.fr/spip.php?article160 Une circulaire pour une rentrée
conservatrice
Le B.O. du 10 avril publie
la circulaire de rentrée,
le document annuel qui indique aux recteurs les grands axes de la
politique éducative nationale. Pour la rentrée 2008, les optimistes
resteront largement sur leur faim. Le texte a beau revendiquer « 10
grandes orientations prioritaires », il ne propose que des mesurettes
inspirées par la politique étroitement conservatrice du gouvernement.
Le
pire est sans doute le retour d’un sorte d' »apprentissage junior« ,
mais à partir de 15 ans, sous l’appellation » dispositif d’initiation
aux métiers en alternance » (DIMA). « Il permettra à des élèves de
collège de découvrir un ou plusieurs métiers par une formation en
alternance d’une année scolaire, tout en poursuivant l’acquisition du
socle commun de connaissances et de compétences. Ce dispositif pourra
être ouvert dans les lycées professionnels ou dans les centres de
formation d’apprentis et se substituer ainsi à l’apprentissage junior
abrogé ». On retrouve là les ingrédients de l’apprentissage junior à
commencer par le rappel de l’acquisition des connaissances d’un « socle
commun »… dont on exclut évidemment l’élève en alternance. On voit mal
en effet comment des jeunes en grande difficulté scolaire pourraient
acquérir les mêmes connaissances que leurs camarades en travaillant en
alternance. L’inefficacité de l’apprentissage junior avait été
démontrée au point que toutes les régions sauf une avaient fait barrage
à son application. Il faut espérer qu’à nouveau elles arrivent à
bloquer une mesure qui annule le droit à la scolarité jusqu’à 16 ans
pour les enfants des milieux défavorisés.
Les autres
mesures égrènent le chapelet conservateur. Il en va ainsi de la réforme du primaire avec
ses programmes « compréhensibles par tous » et une double évaluation en
Ce1 et Cm2. Là comme ailleurs le mot « cycle » a quasiment disparu du
texte. L’enseignement des langues vivantes commencera au CE1 et si
possible au CP. Un « livret
scolaire national »
sera mis en place dans l’année 2008-2009. Il permettra de suivre la
scolarité des enfants par rapport aux exigences du socle
commun, dont
on ne retrouve guère trace dans les projets ministériels pour le
primaire…
Au collège, pour les langues étrangères,
le programme du palier 2 entrera en vigueur en 4ème et, pour les
langues régionales, le programme du primaire et du palier 1 du collège
entrent en vigueur. Un parcours de découverte des métiers sera
expérimenté en 5ème pour donner « une meilleure connaissance de
l’entreprise ».
Le « développement » de l‘éducation artistique reflète
bien l’esprit traditionaliste. En fait les écoliers et les collégiens
(à partir de 2009) devront subir des cours d’histoire de l’art. La
pratique artistique risque d’être externalisée dans le cadre de
partenariats financés, si elles le peuvent et veulent, par les
collectivités locales. Dans cet esprit » le nombre de classes à
horaires aménagés sera multiplié par quatre en cinq ans et étendu aux
domaines du théâtre et des arts plastiques… Chaque école, chaque
collège et chaque lycée doit s’engager dans un partenariat avec des
structures culturelles et des collectivités territoriales » affirme la
circulaire. On ne saurait avouer plus crûment le désengagement de
l’Etat.
L’enseignement
professionnel verra
à la fois la multiplication des lycées des métiers (800 en 2011), celle
des bacs professionnels en 3 ans, et l’arrivée en L.P. des collégiens
des DIMA évoqués plus haut. A noter qu’en bac pro, chaque académie fera
ses programmes. » Il importe, pendant cette phase expérimentale,
d’éviter les redondances entre les programmes de BEP et de baccalauréat
professionnel d’une même discipline… Les corps d’inspection
territoriaux et l’inspection générale de l’éducation nationale
accompagneront ce processus. Afin de contribuer à la mutualisation, les
académies mettront en ligne, sur leur site académique, les productions
et réflexions transférables ». On le voit : l’Etat met en
place une
nouvelle filière en abandonnant même son rôle de régulation par un
programme officiel.
Peu de mesures pour l‘enseignement prioritaire,
si ce n’est l’expérimentation du transport en bus (busing) entre écoles
primaires et la confirmation de la création de « 30 sites
d’excellence », des lycées accueillant des filières d’excellence…
probablement pour élèves excellents…
La présidence européenne de
la France se traduira par des « pavoisements » des établissements
scolaires en septembre et une « fête des langues » le 26 septembre,
suivie d’une « semaine de l’Europe en octobre. C’est ce que le ministère
appelle un « parcours européen ».
La
dernière priorité ministérielle est « la lutte contre toutes les violences« . X.
Darcos introduit officiellement la lutte contre l’homophobie à
l’Ecole. Une décision très louable mais peut-être téméraire au regard
de sa majorité…
La
circulaire
http://www.education.gouv.fr/bo/2008/15/MENE0800308C.htm