Réunis à Lyon pendant trois journées les enseignants documentalistes adhérents de la FADBEN avait pour thème « Culture de l’information, des pratiques… aux savoirs », A partir d’une problématisation présentée ainsi :
« Aujourd’hui le futur citoyen se doit de posséder un certain nombre de connaissances nécessaires à une meilleure intelligence des phénomènes informationnels liés à notre société.
Face à ces enjeux nouveaux, oscillant entre pratiques spontanées et utilisation raisonnée, qu’en est-il de la culture de l’information ? En quoi concerne-t-elle l’école et quels besoins en savoirs scolaires de l’information-documentation fait-elle émerger ? Quelles incidences a-t-elle sur la posture et les pratiques de l’enseignant documentaliste ? »
A la recherche d’une culture de l’information, les participants au congrés ont pu mesurer la difficulté de situer cette ou ces cultures qui sont en train d’émerger. Même si certains ont pu mettre en cause la culture des jeunes qui serait en train de bouleverser le monde qui nous entoure, les tables rondes de la deuxième journées ont pourtant toutes abordé cette évolution pour tenter de la comprendre.
La richesse des débats et la qualité des échanges n’ont pourtant pas caché les vrais problèmes qui ont été en permanence en filigrane des échanges : Quel avenir pour les enseignants documentalistes ? L’intervention de l’IGEN M Durpaire, a soulevé de nombreuses inquiétudes. Les participants auraient préféré l’annonce d’une véritable prise de position institutionnelle (une nouvelle circulaire de mission ?). En effet le flou continu qui entoure l’avenir de la place des CDI dans les établissements ainsi que la position des enseignants documentaliste entre en écho avec les questions que posent aujourd’hui la redéfinition du métier d’enseignant (rapport Pochart) et les restrictions de poste (les enseignants documentalistes sont particulièrement touchés…)
Paradoxe d’un congrés qui d’une part met en évidence l’urgence d’une indispensable prise de conscience par l’ensemble de l’institution des enjeux informationnels actuels et qui d’autre part observe le quasi désert institutionnel autour de la question des CDI. La « défiance » actuelle des politiques pour les associations professionnelles (elle est ressentie ainsi) est en train de se transformer progressivement en inquiétude pour certains, en combativité pour d’autres. Dans tous les cas, et afin de ne pas oublier l’essentiel, c’est la question de l’éducation des élèves qui est au centre. Rappelée par Philippe Meirieu qui a appelé à interroger les médias sur leur engagement dans l’éducation aux médias et signalée par de nombreux participants, la question de la formation des élèves était au centre des débats. Entre question d’autonomie, compétences, scolaires, besoins de formation et ENT, le problème de la culture informationnelle a été posée sous de nombreuses formes.
Signalons deux éléments de contexte qui le méritent : l’organisation matérielle du congrés qui s’est déroulé dans les locaux de l’ENS science de Lyon présentait la particularité de stands d’exposants entièrement en carton et en bois (société OCA), témoignant ainsi l’engagement pour le développement durable, dans les faits. Dans le même temps, pas de matériel informatique en accès libre, mais un accès wifi ouvert qui permettait de rester connecter… pour ceux qui avaient leur matériel et un seul exposant présentant exclusivement des logiciels. Paradoxe semble-t-il d’un congrès qui parlait de la place des TIC et qui en même temps ne les mettait pas en avant dans les locaux et le dispositif général.
A la clôture du congrès, la présidente de la Fadben Françoise Albertini a rappelé les engagements de la FADBEN sur les trois piliers du métier d’enseignant documentaliste tout en appelant à ne pas en laisser un se dérober sous l’effet de choix financiers ou politiques locaux, régionaux ou nationaux. Parmi les risques qui pèsent sur la profession, celui de la déprofessionnalisation doit être pris d’autant plus au sérieux que certains pourraient penser qu’un Master (niveau prochainement requis pour enseigner) est inutile pour « seulement garder des livres »…
Des moments forts, des échanges passionnés et passionnants, mais aussi des inquiétudes. Le rassemblement des acteurs impliqués dans l’organisation du congrés sur la scène du grand amphi de l’ENS a apporté un dernier moment de chaleur humaine qui venait à point après d’aussi intenses réflexions. Gageons que les actes et les suites de ce congrés sauront apporter le témoignage de la place essentielle que la question de l’information documentation et communication tient désormais dans le paysage éducatif de notre institution et de la volonté des enseignants documentalistes de relever ce défi.
Bruno Devauchelle