Par François Jarraud
C’est Le Parisien qui a sorti l’information le 19 février. Selon une étude réalisée par G. Fotinos auprès de près de 2 000 chefs d’établissement, un quart déclare avoir un mauvais moral et la moitié avoir un moral en baisse. Les chefs d’établissement auraient le « blues » pour reprendre la formule du Parisien. Un sentiment qui surprend venant d’un groupe social qui a obtenu récemment de réelles marques de reconnaissance du ministère.
Certains motifs de découragement sont anciens. Traditionnellement, le chef d’établissement devait faire face à un émiettement incroyable de ses tâches. Homme orchestre de son établissement, il va dans la même journée enchaîner des tâches très différentes comme une réponse à une enquête académique, la gestion d’un élève difficile, une réunion avec un enseignant, un coup de fil à l’inspecteur d’académie, le choix d’un fournisseur avec son gestionnaire etc. Un autre motif traditionnel de plainte concerne les relations avec les enseignants, souvent difficiles, parfois même inciviles. Enfin l’année dernière ils avaient largement fait remonter au ministère leur exaspération devant la multiplication des enquêtes académiques.
Des tensions nouvelles sont apparues et sont promises à un bel avenir. Tous les derniers rapports, et par exemple le rapport Pochard, font du chef d’établissement la cheville ouvrière du changement dans le système éducatif . C’est sur eux que l’on compte pour instituer une culture de l’évaluation dans les établissements, à commencer par l’évaluation des enseignants. C’est eux qui sont sommées de se transformer en managers d’établissements autonomes, capables d’animer leurs équipes d’enseignants tout en définissant une véritable stratégie d’établissement.
Dans « Sociologie des chefs d’établissement », Anne Barrère a pu montrer à quel point cette posture de manager peut être difficile pour un chef d’établissement. Elle s’oppose à la culture dominante d’un corps largement issu du corps enseignant. Elle oblige les chefs d’établissement à faire des choix qui peuvent être en contradiction avec leurs valeurs. Elle les isole davantage.
La dernière épreuve des chefs d’établissement vient de leur arriver. Ils sont amenés à faire passer les nouvelles contraintes budgétaires, comme par exemple la gestion des heures supplémentaires, dans la communauté enseignante. Effectivement, c’est un motif de blues.
Dansle Café, Article d’Anne Barrère
Article du Parisien
http://www.leparisien.fr/home/info/vivremieux/articles.htm?articleid=296068661
Les directions ne sont pas assez assistées
Selon une étude ministérielle, la majorité des nouveaux personnels de direction nommés en 2004 se plaignent d’un nombre insuffisant de collaborateurs. Leur temps moyen de travail est de 51 heures par semaine, il varie de 36 à 75 heures.
Globalement satisfaits selon l’étude (13% de mécontents) ces nouveaux ou futurs chefs d’établissement gardent une identité pédagogique. Ils ont choisi ce métier pour « travailler à la réussite des élèves » (50%) ou « élargir son champ de compétences » (45%). « Travailler avec des adultes », le coté manager, n’attire que 25% d’entre eux. Enfin six sur dix ont eu à gérer une situation difficile dans leurs six premiers mois.
L’étude
Sur le Café, article d’Anne Barrère