François Jarraud, Patrick Picard
Cinq jours après le discours de Nicolas Sarkozy à Périgueux, qui annonçait » la plus importante réforme de l’école primaire depuis des décennies », Xavier Darcos a présenté le 20 février à la presse les nouveaux programmes du primaire. Pour la première fois la nouvelle majorité réforme l’Ecole. Plus qu’une réforme, une rupture ?
L’analyse
Pour Xavier Darcos, il s’agit « d’une véritable révolution culturelle, qui consiste à « recentrer l’école sur les enseignements essentiels », c’est-à-dire le français, les maths et l’EPS. Cependant le français est crédité de 10 heures au CP et CE1, puis 8 heures, soit sensiblement autant qu’avant. Les maths occuperont 5 heures, soit un peu moins que dans les anciens programmes. Le sport passe à 4 heures au lieu de 3.
Le grand changement serait alors plutôt à chercher dans la pédagogie. « L’enseignement de la grammaire, du vocabulaire et de l’orthographe est désormais abordé de manière explicite » précise le ministre. Ainsi en maths, » les programmes prévoient le renforcement des techniques opératoires. Là où l’on se contentait par exemple d’aborder véritablement la multiplication à partir du CE2, et pas totalement la division, par exemple pour des nombres décimaux, les élèves devront maîtriser parfaitement les quatre opérations avant d’entrer au collège et savoir pratiquer une règle de trois. La pratique quotidienne du calcul mental sera encouragée pour permettre aux élèves d’acquérir très tôt les automatismes nécessaires pour ne pas se tromper dans leurs calculs ».
Il s’agit bien d’un retour à l’instruction traditionnelle. Et c’est confirmé par les programmes des autres enseignements. Ainsi la géographie est recentrée sur le territoire français. L’histoire est elle aussi centrée sur l’histoire nationale avec des grands hommes parmi lesquels Clovis. « L’histoire fait désormais l’objet d’un véritable enseignement, introduisant chez l’enfant des repères chronologiques fondés sur la connaissance des grandes dates de l’histoire de France » précise Darcos, comme si la chronologie avait disparu dans les programmes précédents…. Cette histoire est complétée par une initiation à l’histoire des arts qui devrait occuper 20 heures annuelles, probablement aux dépens des pratiques artistiques.
Un changement particulièrement remarqué concerne la disparition de l’éducation civique, remplacée par une instruction civique et morale. « Cet enseignement permet à l’enfant de découvrir progressivement les valeurs, les principes et les règles qui régissent l’organisation des relations sociales » annonce Darcos. Les programmes sont carrément rétros. « Les élèves découvrent les principes de la morale qui peuvent être présentés sous forme de maximes illustrées et expliquées par le maître (telles que « ne pas faire à autrui… »).
La réforme est placée par le ministre sous les auspices des héros du conservatisme, ceux-là même qui conseillaient Robien : A. Bentolila, Stanislas Dehaene, Marie-Christine Bellosta.
Sur le Café, la présentation des principaux changements
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/90_programm[…]
L’analyse du Café
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/90_[…]
Le dossier de presse ministériel avec les nouveaux programmes
http://www.education.gouv.fr/cid21007/presentation-des-nouveaux-[…]
L’analyse de Patrick Picard
Soyons clairs : si le discours du ministre a une chance d’être entendu de l’opinion, c’est qu’il s’appuie sur des faits que personne ne peut contester : 15% des élèves qui sortent de l’Ecole sans maîtriser les contenus qui permettent de réussir au collège, une école qui ne progresse plus dans la réduction des écarts sociaux. Une impression de sur-place dans une société qui a besoin de plus de compétences, de plus de qualification, dans laquelle les places pour les « exclus de l’école » deviennent infinitésimales.
Et sans vouloir défendre absolument des programmes de 2002 qui avaient leurs limites, chacun sait que leur ambition, et celle des documents d’applications qui les complétaient, était de travailler à hausser d’un cran les ambitions de l’ecole, notamment en préparant mieux les élèves à maîtriser les savoirs exigés par le collège, cette capacité à se servir de l’écrit au service des apprentissages disciplinaires et de leurs contraintes, de travailler dans le temps long de la scolarité.
Et il ne suffit pas de dire que le collège a peiné à se transformer pour aider les « nouveaux publics » à profiter de l’école. Sans doute. Mais même si les parents continuent à massivement faire confiance à l’école primaire de la République, il est juste de poser la question de la réussite de tous.
Mais poser la question n’est pas y répondre, et c’est là que le volontarisme médiatique a ses limites.
M. Darcos et ses amis ont bien sûr un souci : remettre en cause ce qui a été fait, de la loi de 89 aux programme de 2002, comme si c’était là que se trouvaient la source des difficultés des élèves. La polémique ouverte par M. De Robien a eu beau montrer les limites des approches idéologiques et revanchardes, il existe toujours un lobby, qui a ses entrées largement ouvertes au ministère, et qui veut « remettre de l’ordre » dans la brèche ouverte par les programmes de 2002, au nom du « tout fout le camp » et « ils ne savent plus rien ».
Ces programmes étaient-ils trop ambitieux ? On pourrait le croire, si on ne juge que par ce qu’ils ont pu faire changer pour les élèves en difficulté.
Etaient-ils trop complexes pour être mis en œuvre par les enseignants ? Si cette question est difficile, on sait au moins qu’ils ont été fort peu accompagnés : non-parution des documents sur l’ORL, baisse de la formation continue là où il fallait un gigantesque effort d’accompagnement pour gagner le défi de la réussite de tous. Qui peut oser prétendre qu’en quelques années, sans moyens, les enseignants eussent pu à ce point gagner en compétence pour pouvoir seuls répondre à un défi aussi important ? Là où les acteurs du système avaient besoin de temps, de confiance, de soutien, de formation, on a continué à répondre par les priorités sans cesse changeantes, l’injonction ou la culpabilisation. Le temps politique, comme le temps médiatique, n’a rien à voir avec le temps long de l’éducation.
Etaient-ils trop jargonnants ? A-t-on négligé un temps les nécessaires apprentissages systématiques ? Sans doute, ici ou là. Lorqu’on consacre son énergie à travailler en profondeur l’entrée dans la résolution de problème ou la littérature, on risque toujours de moins mettre l’accent sur le calcul mental ou la grammaire. Mais qu’on relise les programmes de 2002 : ces exigences y figurent, sans impasse ni démagogie. Et depuis dix ans, les inspecteurs et les formateurs qui travaillent avec les enseignants tentent de concilier les deux approches, la compréhension et l’entraînement, l’individuel et le collectif.
Mais reconnaissons-le : cela exige beaucoup des enseignants, souvent trop seuls, souvent peu accompagnés, face au quotidien de la classe, aux élèves de plus en plus difficiles à gérer, à la sensation de glisser sur le noeud des difficultés : des conditions de vie de plus en plus précaires, des repères éducatifs fuyants, une opposition de plus en plus lourde entre le « tout, tout de suite » de la société de consommation et le besoin d’efforts, de mise à distance, de cloture de l’univers scolaire.
Retour aux « fondamentaux » ?
Ce « retour aux fondamentaux » est évidemment dans l’air du temps : retour au sacré, à l’ordre, à la morale, comme un exutoire au désordre, à l’angoisse, aux difficultés, à l’avenir incertain.
Mais quel mépris, au-delà des mots flatteurs, pour les enseignants, qui oeuvrent chaque jour à trouver les équilibres entre les contraintes paradoxales :
– revenir à la morale ? Mais qui peut penser qu’en écrivant quelques maximes au tableau noir, on pourrait les aider à remettre de la cohérence dans des groupes-classes dont on sait que beaucoup d’élèves souffrent surtout d’insécurité familiale, d’inquiétude devant l’avenir ou de doutes sur l’efficacité de l’investissement scolaire ?
– revenir aux rédactions, au plus-que-parfait et à la règle de trois ? Mais si les enseignants s’épuisent à inventer chaque jour des situations pédagogiques efficaces, à fabriquer des équilibres complexes entre l’enseignement et les apprentisages, c’est justement parce qu’ils connaissent les limites des postures exlusivement magistrales. Nul ne croit que le maître doit s’empêcher d’enseigner, mais bien peu pensent que cela suffise pour que les élèves apprennent.
Pour les enseignants, ces annonces risquent de renforcer le sentiment qu’ils expriment très fort depuis quelques temps : décidément, à force de répondre par des injonctions faussement simplistes à des questions complexes, c’est bien leur professionnalité qui est niée. Puisqu’on vous dit que c’est simple, pourquoi continuez-vous à réclamer au ministère les moyens de travailler en équipe, de réclamer des aides pour mieux comprendre les difficultés des élèves… ? De la rigueur, de la morale, de la discipline, et vous verrez les élèves en difficulté disparaître…
Y-a-t-il la moindre chance que M. Darcos œuvre pour la justice sociale, comme il le souhaite dans ses réponses aux journalistes ?
Les plus optimistes diront que toute cette écume ne touchera qu’à la marge la réalité de la classe. Pas plus que les programmes de 2002 ou les cycles n’ont modifié profondément des processus qui ne bougent que sur des temps longs, la sortie d’un nouveau BO ne bouleverse les enseignants, souvent habitués à courber la tête en attendant que le balancier repasse en sens inverse.
Mais les plus inquiets craindront l’effet en retour : la fin de l’évaluation diagnostique, le retour aux pressions plus fortes exercées sur les enfants qui vont mal, le repli sur soi des enseignants : « tout ça pour ça… ».
Parce que l’ambition de faire réussir tous les élèves n’est jamais allée de soi, parce que notre système d’éducation français qui n’a jamais fait le choix d’abandonner le modèle « descendant » où les contenus enseignés à Normale Sup déterminaient en cascade les programmes de chaque niveau, parce qu’il continue de donner beaucoup plus d’argent pour la scolarisation des élèves qui accèdent aux filières « nobles » que pour ceux qui quittent tôt l’école, parce qu’on continue de penser qu’une note est « juste » dès lors qu’un enseignant l’a donnée, parce qu’il est très difficile de comprendre pourquoi on n’apprend pas forcément en empilant des couches de « simple » pour arriver au « complexe », il n’est pas tout à fait sûr que la postérité retienne que l’action de M. Darcos lui a permis d’ œuvrer pour la justice sociale… Malheureusement.
Les réactions
Le dossier spécial du Café
Qu’en pensent les experts ? Le Café a sollicité les meilleurs spécialistes de l’Ecole sur les nouveaux programmes du primaire. Découvrez les analyses de R. Goigoud, S. Plane, X. Brissiaud, G. de Vecchi, P. Frackowiak, P. Boisseau… Un dossier riche et contrasté pour mieux comprendre les changements en maternelle et à l’école élémentaire.
Le dossier spécial
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/[…]
« Le projet que vous nous présentez est marqué par un alourdissement des contenus, par une conception mécaniste des apprentissages et un affaiblissement de leur dimension culturelle. Il est loin de pouvoir contribuer à la réussite de tous les élèves qui par ailleurs nécessite les moyens adéquats. En fait il pénalisera ceux qui ont le plus besoin d’école et ne favorisera pas la maîtrise de l’ensemble commun des connaissances et des compétences que l’école doit faire acquérir à tous les élèves. Il tourne le dos à l’ambition des programmes de 2002 qui était de doter tous les élèves des outils nécessaires pour réussir au collège ». Dix neuf organisations syndicales (Se-Unsa, Sgen, Snuipp, Sien, Snpi), parentales (Fcpe), pédagogiques (Afef, Airdf, Crap, Cemea, Gfen, Icem), éducatives (Ligue de l’enseignement, Foeven, JPA, Occe etc.), regroupant une large majorité des acteurs de l’école, demandent au ministre « une consultation approfondie » sur les projets de programme du primaire.
Elles relèvent notamment que » les apprentissages fondamentaux que vise l’école primaire s’appuient sur un travail de l’élève dans lequel la recherche, la découverte et l’expérimentation s’allient nécessairement à la rigueur, à la structuration des connaissances et à la mémorisation ». On est loin des maximes de « l’instruction civique et morale » des nouveaux programmes…
Communiqué
http://www.snuipp.fr/spip.php?article5379
Sur le Café, le dossier nouveaux programmes
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/Programmesduprim[…]
Les 19 organisations proposent un argumentaire sur les nouveaux programmes
Le document est destiné aux enseignants qui doivent, d’ici la fin du mois, répondre à la consultation ministérielle sur les nouveaux programmes. Les 19 organisations comprennent des mouvements pédagogiques ou éducatifs (Cemea, Crap, Gfen, Icem, Usep, Foeven, Occe, Jpa, Ligue de l’enseignement), des associations de parents (Fcpe), des chercheurs (Airdf), des associations professionnelles (Afef, Ageem), et des syndicats (Se-Unsa, Sgen Cfdt, Si.En Unsa, Snuipp, Snpi), bref pratiquement tout l’univers de l’école primaire. Ensemble ils proposent une lecture attentive des nouveaux programmes du primaire.
A commencer par leur caractère réductif. « On alourdit les programmes », déplorent-ils, « on relève le niveau d’exigences et on diminue le temps d’enseignement, telle semble être la philosophie de ce projet de programmes ». Ils relèvent « qu’en français et en maths, les connaissances visées en fin de cycle 3 sont semblables à celle attendues en fin de classe de 5ème ». « On garde tout, on compartimente, on morcelle en disciplines et sous-disciplines et on diminue le temps pour faire ce travail » déplorent-ils. Résultat . « entre les dix heures de français, les cinq heures de mathématiques, les quatre heures de sport et l’heure et demie de langue vivante, que restera-t-il à la « culture humaniste » ? Aux sciences ? A l’éducation artistique ? 3h30 en cycle 2 (contre 6 heures auparavant) et 5h30 au cycle 3 (contre 9h30 auparavant) ».
Réductifs ils le sont aussi dans leurs objectifs.« La centration sur le français, les maths et l’EPS en élémentaire, le vocabulaire et l’étude des sons en maternelle, réduit les apprentissages à des visées étroitement utilitaires sans permettre l’ouverture culturelle sur d’autres horizons ».
Les 19 dénoncent aussi « une conception réductrice de l’enfant / élève ». « Le choix d’une terminologie à l’ancienne : l’instruction avec la rédaction, la mémorisation, les règles, la morale… n’est pas anodin. Il enterre les visées d’une émancipation de l’enfant et d’une compréhension du monde que l’éducation porte… La modification significative de la posture d’enfant/ élève entraîne au passage le renoncement au concept d’éducation globale, elle attribue aux enseignants les savoirs « académiques », aux animateurs/éducateurs les savoir-faire et aux parents les savoir-être! C’est penser les lieux d’éducation que sont l’école, les loisirs et la famille, étanches les uns aux autres ».
En conclusion de cet argumentaire, les 19 dénoncent l’école de l’obéissance passive. « Des compétences visées plus limitées. De la maternelle au CM2, les programmes mettent l’accent sur la réception passive de la parole, sur la reproduction de routines et non sur les capacités de compréhension et d’expression orales et écrites qu’il faudrait pourtant développer ».
Le document (format doc)
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Documents/Argumentai[…]
Le réquisitoire de Lang et Ferry
» Nous en appelons donc à l’honnêteté de Xavier Darcos et à son sens des responsabilités : il faut cesser de bouleverser sans cesse élèves, parents et professeurs à chaque changement de gouvernement ! Il faut au contraire préserver ce qui a été fait de bon par le passé, quelle qu’ait été la majorité de l’époque. Les professeurs ont plus qu’assez de ces changements aussi incessants qu’inutiles. S’il y a quelques points à modifier, qu’on les modifie en conservant l’essentiel, mais qu’on ne sacrifie pas l’intérêt des enfants et des professeurs à des motifs de pure tactique politicienne ». Pères des programmes de l’école primaire publiés en 2002, Jack Lang et Luc Ferry signent une tribune dans le numéro du 13 mars du Nouvel Observateur.
Avec beaucoup de force ils dénoncent dans les nouveaux programmes une entreprise politicienne qui sacrifie l’intérêt des enfants à ceux du gouvernement. « Comment croire » écrivent les deux anciens ministres, « comme le prétend sans rire le dossier de presse présentant les nouveaux textes, qu’une réforme des programmes et des horaires, quelle qu’elle soit, puisse, à elle seule, permettre de «diviser par trois en cinq ans le nombre d’élèves qui sortent de l’école primaire avec de graves difficultés» ? Même s’ils étaient sublimes, infiniment supérieurs à ceux de 2002 – ce qui est tout l’inverse -, une telle affirmation relèverait de l’illusionnisme. Il n’est pas un spécialiste du système scolaire pour y croire une seconde tant il est évident que l’échec scolaire relève de bien d’autres paramètres… En revanche, l’opération politicienne est transparente : elle consiste à faire croire à un public ignorant des textes en vigueur, mais qu’une sourde angoisse associée au sentiment diffus que «tout fout le camp» prédispose à avaler la couleuvre, que les programmes élaborés en 2002 étaient «modernistes», écrits dans un jargon incompréhensible, bref, «soixante-huitards» (ce qui pour l’un d’entre nous au moins est un comble !), et qu’il est temps de restaurer les bonnes vieilles recettes du temps de nos aïeux. Succès garanti dans les chaumières. Si c’était vrai, nous signerions peut-être des deux mains mais c’est en l’occurrence une imposture ».
Ils dénoncent également des programmes élaborés dans le plus grand secret. » S’agissant des nouveaux programmes, nul ne parvient à savoir, pas même les anciens ministres de l’Education que nous sommes, comment et par qui ils ont été rédigés ! Et pour cause. Les groupes d’experts, présidés et composés par des personnalités identifiables et reconnues, ont disparu. Le Conseil national des Programmes a été supprimé, et l’Inspection générale elle-même n’a pas été saisie du dossier ! Est-il raisonnable de laisser de simples conseillers du ministère ou de l’Elysée élaborer dans l’opacité la plus totale des textes voués à régir l’école de la nation pour dix ans au moins et qui concernent des millions de familles et de citoyens ? Prenons un exemple tout à fait concret : dans les nouveaux programmes, décision a été prise sans aucune concertation de diminuer environ par trois le temps consacré à l’enseignement de l’histoire et de la géographie afin de faire plus de place au sport et aux mathématiques : ce choix lourd de menaces ne peut-il être discuté publiquement ? Tous les démocrates ne peuvent que rejeter cette méthode aberrante ».
Cette forte attaque tombe au pire moment pour Xavier Darcos. Celui-ci a répondu en affirmant le caractère traditionaliste de ses programmes. « Il s’agit d’en finir avec 30 ans de pédagogisme qui a laissé croire qu’on pouvait apprendre en s’amusant.. On peut s’obstiner à penser que l’observation réfléchie de la langue vaut mieux que l’apprentissage de la grammaire, mais on a la preuve que ce n’est pas ce qui permet aux élèves d’apprendre à lire, écrire et compter correctement ».
Article du Nouvel Observateur
http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2262/articles/a369288-.html
Dépêche AFP
http://www.vousnousils.fr/page.php?P=data/autour[…]
Sur le Café, le dossier sur les programmes du primaire
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/Programmesdupri[…]
Sylvie Plane : « Un programme qui inculque la docilité passive «
« Le projet de programme soumis à consultation, s’il a le mérite d’être aisément lisible, est en revanche, de façon démagogique, d’un niveau de généralité qui le prive des précisions que les professionnels attendent de ce type de document, précisions qui sont nécessaires pour choisir, comme le demande de façon paradoxale le projet de programme, un « manuel de qualité » ». Professeure de Sciences du Langage à l’IUFM de Paris, Sylvie Plane décrypte pour nous les nouveaux programmes de français du primaire et nous donne la position de l’Association Internationale pour la Recherche en Didactique du Français.
Lire l’article sur le Café
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/programmes_P[…]
Des programmes déraisonnables pour P. Joutard
« Regardons les évaluations internationales. Quelles sont les faiblesses des élèves français ? Le manque de confiance en eux, la non prise de risques, la résolution des problèmes, la rédaction libre, l’expression de l’imagination… Et quelles sont les réponses ? Le développement des techniques, et pas du tout le développement de la créativité et de l’imagination ». Dans Fenêtres sur cours, Philippe Joutard juge les nouveaux programmes déraisonnables, infaisables et en même temps « peu exigeants ».
FSC n°311
http://www.snuipp.fr/IMG/pdf/FSC_311_light.pdf
Les nouveaux programmes et le salaire au mérite
« Que va gagner la maîtrise du langage et de la langue à cet appauvrissement des perspectives ? » sur le site de l’Afef, Philippe Devaux (Iufm de la Vienne), analyse les nouveaux programmes du primaire. Il dénonce « le discrédit jeté par l’institution sur ses propres productions » , en l’occurrence les documents élaborés à l’occasion des programmes de 2002, modifiés en 2007 et déjà périmés car trop « complexes ». Il conclue en estimant que » la posture adoptée et les moyens retenus pour servir des finalités et des exigences sur lesquelles tout le monde peut s’accorder (celles de la justice sociale par exemple, celles qui visent à diminuer drastiquement l’échec scolaire), par leurs concessions appuyées à un air du temps rétrograde, par le brouillage et la déstabilisation des repères institutionnels qu’ils suscitent, par leur refus de s’inscrire dans un mouvement de capitalisation progressive des acquis, des recherches et des expériences – l’heure étant à la « rupture », au « renversement copernicien » –, ne contribuent pas à légitimer le discours institutionnel et à lui faire servir en la circonstance les ambitions du socle commun ».
Critique aussi la Ligue de l’enseignement qui affirme sa « déception » devant » un petit goût de fondamentalisme archaïque qui fleure bon la blouse grise, la bonne odeur de craie, la « leçon de morale » du bon vieux temps ». La Ligue dénonce « la méthode choisie par ministre qui fait l’impasse sur une réelle concertation de tous les acteurs… Elle a sans doute permis à toutes les pressions opaques de s’exercer, à toutes les idées moisies et restauratrices de faire leur trou : associations disciplinaires les plus corporatistes, « déclinologues » nostalgiques d’une époque qui n’a jamais servi que les héritiers et quelques éléments réchappés de la méritocratie… »
Sur le Café, Roland Goigoux marque une certaine colère devant ce texte. » En guise de retour à l’école d’antan, le texte présenté par Xavier Darcos est surtout la consécration du cahier de brouillon ! Ce texte, rédigé sous la pression temporelle de la communication politique sarkozienne, cache mal les traces des « copier-coller » issus des médiocres rapports publiés depuis quelques mois dans le sillage de Gilles de Robien et caractérisés surtout par leur mépris à l’égard du travail enseignant… Ces programmes concoctés dans le plus grand secret constituent une importante régression par rapport à ceux de 2002 qui avaient été le fruit d’une concertation poussée et qui constituaient une ressource pour le travail enseignant ».
R. Goigoux estime que le programme se situe « dans un complexe de déplacement des problèmes scolaires vers la seule école primaire » et est la base d’un pilotage du système par l’évaluation. » Le préambule des programmes indique que liberté pédagogique des enseignants implique une responsabilité : « s’assurer et rendre compte des acquis des élèves ». Cette évaluation régulière sera un « instrument de comparaison des effets des pratiques pédagogiques » donc de l’efficacité du travail enseignant. Elle ouvre la porte au salaire au mérite dont rêve la droite dans le cadre de la modernisation de l’administration publique ».
A noter également, dans La Croix, les interventions sur le retour de la morale. » Qui peut croire que le retour aux maximes moralistes peut permettre de construire des règles de vie collective dans la classe ? » y affirme le Snuipp. Bernard Gorce interroge également Marc Le Bris, ravi, et Luc Bérille (Se-Unsa) pour qui « c’est un retour en arrière qui conçoit l’enfant comme un objet et jamais un acteur. Enfermé dans son statut d’élève, il est là pour se taire, apprendre et réciter ».
Le dossier du Café
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/Programmesdupri[…]
Communiqué Afef
http://www.afef.org/blog/index.php?2008/02/2[…]
Communiqué Afef
http://www.afef.org/blog/index.php?2008/02/27/24[…]
Article La Croix
http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2330033&rubId=788
Le nouveau programme de maths est inadapté selon R. Brissiaud
Spécialiste de la didactique des mathématiques, Rémi Brissiaud analyse en finesse les nouveaux programmes du primaire. Il y découvre un esprit étroit (avec la remise en question de la liberté pédagogique des enseignants) et une conception traditionnelle et peu exigeante des mathématiques. Dans l’ignorance des apports récents de la recherche, ou même des pratiques de l’enseignement des maths chez nos voisins, les rédacteurs des nouveaux programmes risquent de retarder l’apprentissage du calcul. » Lorsqu’on l’examine à l’aune des connaissances scientifiques disponibles et des pratiques effectives dans les classes, on a envie de dire que le projet de programmes Darcos incite à une précocité dangereuse dans certains cas et qu’il incite à un manque d’ambition dangereux dans d’autres ».
Sur le Café, lire l’article de R. Brissiaud
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/programmes_Briss[…]
Sur le site du Snuipp, article de Roland Charnay
« On peut prédire que le résultat, pour les élèves, sera inverse de celui affiché : plus de difficultés, moins de compréhension, une capacité d’initiative encore amoindrie et moins de goût pour l’étude des mathématiques… »
http://www.snuipp.fr/spip.php?article5349
La consultation
Le ministère a transmis aux inspecteurs d’académie les modalités de la consultation organisée dans les écoles pour permettre l’expression des avis des enseignants sur le projet de programme communiqué à la presse le 20 février.
D’ici à fin mars, une demi-journée sera libérée pour des conseils de maîtres extraordinaires qui disposeront d’un document type à retourner à leur IEN qui devra faire remonter. Reste à savoir quels commentaires seront faits par les enseignants, et le niveau d’engagement que les enseignants y investiront…
Par ailleurs, sur le site du ministère, les parents sont invités à donner leur avis sur les programmes en remplissant un formulaire traité par l’entreprise OpinionWay. Trois questions sont posées, dont une essentielle : « L’axe majeur de la réforme des programmes proposée par le Ministre de l’Education Nationale, Xavier Darcos, consiste à recentrer les apprentissages de l’école primaire sur les savoirs essentiels (lire, écrire, compter). Selon vous cette réforme va plutôt dans… le bon sens; le mauvais sens; Ni l’un ni l’autre ». Une bonne question ?
La consultation grand public : 3 questions
http://survey.newpanel.com/gkws/cgi-bin/newforpar/cgi.pl?XX_NXT[…]
La consultation commence
La consultation des enseignants sur les nouveaux programmes du primaire a débuté dans les écoles. Selon les circonscriptions elle s’étale jusqu’à la fin du mois. Le questionnaire type demande si « le programme est suffisamment clair », en référence à un des objectifs revendiqués par cette réforme, quels en sont les points forts et les points à améliorer.
Le questionnaire
http://www2.ac-lyon.fr/etab/ien/rhone/venissieux-nord/spip.php?ar[…]
Vu de loin : Les Etats-Unis découvrent que les fondamentaux ne sont pas primordiaux…
Les fondamentaux sont-ils primordiaux ? C’est la question posée par l’association américaine Common Core. Après 20 ans de politique scolaire axée sur les fondamentaux (maths, anglais) elle a relevé les énormes lacunes des jeunes Américains dans le domaine de la littérature, de l’histoire, de la citoyenneté. Ainsi un quart d’entre eux ignore qui est Hitler. Un jeune sur trois ne connaît pas les bases de la démocratie américaine. Or pour Common Core l’école doit aussi former des citoyens.
L’étude fait le lien entre la mise en place du système de tests (l’accountability) systématiques, renforcés par la loi No Child Left Behind, et cette situation. Les enseignants ont en effet été contraints de se focaliser sur les tests, liés au financement des écoles , aux dépens des matières « inutiles ». Ainsi de 1998 à 2004, l’horaire d’histoire et d’éducation civique a baissé en moyenne de 22% au bénéfice del’anglais. Une étude assez intéressante au moment où le système américain fascine.
L’étude