Par Françoise Solliec
Comment les six établissements désignés le 5 février par Xavier Darcos vont-ils accueillir les équipes de volontaires qui ont répondu en septembre à l’appel de Gabriel Cohn-Bendit ? Pour l’instant, la situation est très diverse d’une académie à l’autre. Le point avec Gabriel Cohn-Bendit et Michel Héron, responsable de la mission InnoValo de l’académie de Créteil.
Un calendrier et des modalités d’action précis avaient été établis entre le collectif pour l’innovation éducative, CIE, qui s’est formé pour soutenir la mise en place des collèges innovants, et le cabinet du ministre. Les recteurs ont ainsi reçu début décembre un courrier du ministre leur proposant de chercher dans leurs académies des établissements à public difficile, connaissant un important turn-over de leurs enseignants et qui risqueraient de se voir encore davantage déstabilisés du fait de la suppression de la carte scolaire. Ces établissements, s’ils en étaient d’accord, entreraient pour tout ou partie dans le cadre d’une expérimentation au sens de l’article 34 de la loi de 2005 et accueilleraient dès la rentrée des équipes cohérentes d’enseignants volontaires, rassemblés autour d’un projet pédagogique visant la réussite des élèves dans une organisation originale du temps et du travail.
En janvier, quatre académies se sont portées volontaires et ont, chacune à leur manière, mené les études qui ont conduit le 5 février à la désignation de 6 établissements :
· le collège Jean Jaurès et, pour faire un prolongement, le lycée Louis Lumière de la Ciotat, Bouches-du-Rhône, académie d’Aix-Marseille ;
· le collège Jules Vallès de la Rocamarie (réseau de réussite scolaire), Loire, académie de Lyon ;
· les collèges Beaumarchais, Meaux, Seine-et-Marne et Chevreul, l’Haÿ-les-Roses, Val-de-Marne, tous deux réseau de réussite scolaire, académie de Créteil ;
· le collège des Explorateurs, Cergy, Val-d’Oise, académie de Versailles.
Michel Héron, en tant que responsable de la mission InnoValo, vous avez suivi la procédure de désignation des établissements de Créteil. Quels ont été les critères de désignation retenus ?
Les établissements ont été choisis sur les critères indiqués par le ministère (public difficile, important turn-over du personnel) et l’engagement du chef d’établissement à entrer dans cette expérimentation. Les établissements RAR ou faisant déjà partie d’une expérimentation comme Victor Hugo à Aulnay ou le micro lycée de Sénart ont été d’emblée exclus.
(C’est d’ailleurs aussi la position adoptée par Alain Boissinot, interrogé à ce sujet par le Café le 18 janvier, lors d’une conférence de presse).
Le CIE avait proposé aux volontaires de prendre contact avec les responsables des pôles académiques d’innovation pendant le mois de janvier. Avez-vous été très sollicité ?
Non, deux enseignants seulement m’ont contacté, tous deux d’ailleurs appartenant déjà à des structures expérimentales.
Gabriel Cohn-Bendit, que s’est-il passé depuis la désignation des établissements ?
Des contacts ont été établis entre le CIE et Jean-Michel Blanquer, recteur de Créteil, ainsi qu’avec Alain Boissinot, recteur de Versailles. Du recteur de Lyon, aucune nouvelle. Jean-Paul de Gaudemar, recteur d’Aix-Marseille, n’a pas non plus donné suite ma demande de contact. C’est bien qu’un établissement « Freinet » se soit vu désigné, mais cela ne correspond pas tout à fait à la proposition initiale.
(Si l’on en croit l’article publié dans la Provence le 7 février, il semble que la désignation réponde à la demande du collège de la Ciotat, et remporte un assentiment, prudent, des responsables locaux des syndicats).
Par ailleurs, je regrette que l’annonce ministérielle ait été faite alors que les enseignants d’au moins trois des établissements n’ont pas été informés officiellement. Cela a provoqué des réactions de surprise et d’inquiétude, voire de rejet, ce qui n’était évidemment pas l’effet recherché.
(Signalons que plusieurs de ces réactions ont été publiées sur le site de l’OZP ou dans l’espace réservé au projet sur le Café).
Où en êtes vous alors sur Créteil et Versailles ?
Nous nous sommes mis d’accord avec les recteurs de Créteil et de Versailles pour que des représentants du rectorat et des membres du CIE se déplacent dans les établissements pour présenter le projet et répondre aux questions des enseignants. Par exemple Michel Héron et Jean-Claude Guérin se rendront le lundi 18 février au collège Chevreul et à Beaumarchais au retour des vacances d’hiver. Une démarche similaire est prévue pour le collège des Explorateurs.
Ce qui pose aujourd’hui le problème le plus aigu, c’est que dans les établissements désignés, la capacité d’accueil prévisible d’une nouvelle équipe ne sera environ que du tiers de l’effectif enseignant. Il faudra donc que tout le monde coexiste en bonne intelligence, car, si ce doit être la guerre, cela ne se fera pas.
Je tiens à dire très clairement aux enseignants en place que personne ne les forcera à entrer dans l’expérimentation. Elle ne pourra donc être que partielle, si les enseignants en place ne souhaitent pas se rallier au nouveau projet. Mais cela semble tout à fait gérable. On peut, par exemple, imaginer commencer avec les classes de 6ème et voir ensuite comment cela peut se propager. Je suis très confiant car je pense bien que les élèves qui auront pu vivre une année heureuse, avec une organisation en ateliers et un tutorat renforcé, et leurs parents, seront tout à fait désireux de poursuivre ainsi.
Ces questions seront évoquées à la réunion de cadrage prévue au ministère le 25 février, avec la participation du recteur de Créteil. De toutes façons, l’année 2008-2009 sera vraiment une année de réflexion pour que les autres volontaires puissent mûrir leurs projets et que d’autres établissements se lancent dans l’aventure.
Que proposez-vous pour mettre en rapport les volontaires franciliens et les établissements ?
Au niveau du CIE, nous souhaitons convoquer, avant le 15 mars, une réunion des volontaires franciliens, à la suite de la réunion ministérielle et des visites prévues dans les établissements. Cette rencontre permettra de faire le point sur les candidatures définitives pour chacun des trois établissements et sur le projet pédagogique adopté. Il n’est pas encore décidé s’il y aura une réunion unique ou une dans chaque académie, ni où elle(s) se tiendra(ont), encore que le rectorat de Créteil ait été évoqué.