Par Monique Royer
Connaissez-vous le système des postes gagés ? Ce sont des titulaires affectés à des établissements et ces établissements remboursent leurs salaires à l’Etat. Dans l’enseignement agricole public, beaucoup de contractuels ont été titularisés par les concours Sapin entre 2001-2006, concours visant la résorption de la précarité. Ils sont ensuite souvent restés dans leur lieu d’affectation d’origine, souvent des Cfa ou des Cfppa (formation pour adultes). Cette année, leurs postes ne sont pas ouverts au mouvement. Si l’enseignant en poste gagé mute vers la formation par voie scolaire, le poste est fermé et il y a de forte probabilité pour qu’il soit remplacé par un contractuel ou un vacataire, cela s’appelle de la précarisation.
Dans un même temps, les charges patronales pour les postes gagés augmentent en 2008 de plus de 10%. Les personnels en postes gagés sont donc incités à demander fissa une mutation vers la formation par voie scolaire même s’ils préfèrent enseigner dans le cadre de la formation par apprentissage ou pour adultes.
Doit on pour cela blâmer les établissements concernés ? Peut être pas, car l’argent nécessaire à financer ces postes est largement tributaire d’activités marchandes, soumises aux appels d’offres publics ou aux commandes du secteur privé. Mais une question plus large se pose : prend on vraiment au sérieux la formation tout au long de la vie. Car retirer du circuit de la formation pour adultes publique, des emplois pérennes, des personnels souvent motivés par leur travail « au profit » de contractuels dans le meilleur des cas, des vacataires au coup par coup plus généralement à l’avenir, n’est ce pas garantir une piètre qualité à ce qui est pour beaucoup une seconde chance pour se qualifier. A moins que le service public ne s’arrête à la formation initiale et que l’Etat par la suite glisse un énorme tas d’oursins dans ses poches.
Les concours Sapin pour l’enseignement agricole
http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/dgern20072067z.pdf