Par Cyril Froidure
Le 17 novembre, le groupe international d’experts sur le climat a rendu son rapport de synthèse à Valence (Espagne). Quelle ne fut pas la surprise des congressistes de se voir accueillir par une banderole d’une association écologiste espagnoles portant la sentence suivante : »Bienvenue à Valence, capitale du modèle insoutenable ». Pourquoi donc cette assertion : d’abord car l’Espagne ne se distingue guère pas ses avancées dans le domaine des émissions de GES (augmentation de 53% de celles-ci alors que le pays à signé le protocole de Kyoto), ensuite parce que le chef de la droite ibérique s’était crû obliger d’affirmer à Al Gore récemment qu’il doutait du réchauffement. Semblant lui répondre, le secrétaire général des Nations Unies, dans une interview donné à l’International Herald Tribune, affirmait que si aucune mesure n’était prise rapidement, il entrevoyait pour le monde une catastrophe, inquiet qu’il est particulièrement de la fonte des glaces de la calotte polaire (voir la carte interactive du New-York Time sur le retrait des glaces dans la zone polaire Nord)
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244[…]
http://www.iht.com/articles/2007/11/16/opinion/edmoon.php
http://www.nytimes.com/interactive/2007/10/01/science/20071002_A[…]
Pour les experts, le changement climatique est évident car démontré par les observations sur le climat, le niveau des océans, la fonte des glaces. De nombreux milieux pourraient être affectés. Le changement climatique aura aussi un effet sur la santé humaine et sur des activités économiques comme l’agriculture.
En Europe, l’érosion et les risques d’inondation devraient augmenter. Le tourisme d’hier serait affecté par la fonte des neiges. Dans le Sud de l’Europe, la sécheresse devrait s’intensifier affectant la fourniture d’énergie et le tourisme. Mais ce sont l’Arctique et l’Afrique et les deltas asiatiques qui devraient être les régions les plus affectées du globe.
Parmi les effets irrémédiables, le rapport cite la disparition de 20 à 30% des espèces et le ralentissement des courants dans l’océan atlantique.
La presse écrite française et étrangère a relayé l’information dans des termes quasi-identiques pour deux quotidiens français ( à lire les trois premières lignes de chaque article). Pour le reste, les deux se projetaient déjà vers la conférence de Bali (Indonésie) qui se tient début décembre et qui doit permettre, je cite les deux articles « de donner une suite à la première phase du protocole de Kyoto qui expire en 2012. Libé prenait soin tout de même de lister les principaux impacts du changement climatique (cités plus haut) et de citer quelques-unes des solutions ou adaptations possibles.
http://www1.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar4/syr/ar4_syr_spm.pdf
http://www.ipcc.ch/press/index.htm
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3[…]
http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/291842.FR.php http://www.nytimes.com/2007/11/17/science/earth/17climate.[…]
Ce nouveau rapport du GIEC intervient au moment où la convention des Nations Unies sur les changements climatiques (UNFCCC) annonce que les émissions de 40 pays industrialisés n’ont jamais été aussi fortes, notamment du fait des transports. C’est ainsi que seuls 4 états industrialisés signataires de Kyoto ont réduit leurs émissions (France, Allemagne, Suède, Royaume-Uni) alors que le Portugal, le Canada font partie des mauvais élèves.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-32[…]
http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/292651.FR.php
http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/295577.FR.php
Cette plutôt mauvaise nouvelle est contrebalancée par celle de la conclusion d’un accord par plusieurs pays d’Asie-Pacifique (ASEAN plus pays associés) pour lutter contre le réchauffement climatique en développant les énergies alternatives, améliorant l’efficacité énergétique. Dans la même région et à une autre échelle, Shanghaï a désigné comme priorité la réduction de la consommation d’énergie et à cette fin, elle limite le nombre d’immatriculations. Pékin, pour préparer les JO, a décidé d’imposer des normes anti-pollutions aux véhicules à proximité des sites olympiques mais ces mesures et celles prises à l’échelle du pays semblent plus répondre à un souci de restreindre les dépenses énergétiques qu’à une véritable démarche environnementale.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,36-[…]
http://www.aseansec.org/21116.htm
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3[…]
Si les politiques sont lents à prendre des décisions, il en est qui n’ont pas ces pudeurs ; le « marché » ou les « marchés » ont, semble-t-il pris à bras le corps ce nouveau paramètre. La mission climat de la caisse des dépôts signale ainsi que plus de 7 milliards « auront été investis fin 2007 dans des fonds de placement dédiés à la réduction des émissions de GES et les résultats de la conférence de Bali en décembre prochain pourrait un « signal positif » vers les investisseurs.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-32[…]
Kyoto II, Bali I, ou plus certainement protocole de Copenhague, peut importe le nom qui sera donné au rendez-vous des représentants des 180 pays réunis à Bali (Indonésie), seul le résultat comptera, c’est-à-dire la décision de limiter le réchauffement à 2°C. A cette occasion, toute la galaxie onusienne est mobilisée. Un blog permet de suivre (en anglais) le déroulement de la conférence.
http://www.un.org/climatechange/
http://www.un.org/climatechange/blog/index.asp
Chaque organisation apporte sa pierre à l’édifice.
La convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques permet de suivre la conférence de Bali ainsi que de trouver des informations plus générales sur les changements climatiques.
Le PNUE met à disposition une brochure « Bali et au-delà ».
http://www.unep.org/Themes/climatechange/french/bali/pdf/brochure.pdf
La FAO propose un document étudiant les relations changement climatique et sécurité alimentaire.
http://www.fao.org/clim/docs/climatechange_foodsecurity.pdf
Le programme alimentaire mondial.
http://www.wfp.org/english/?ModuleID=137&Key=2542
Lors de cette conférence, il faudra convaincre les Etats-Unis, seulement en pleine campagne pour l’investiture, il n’est pas sûr que la position américaine soit claire et celle attendue, toutefois la récente ratification australienne de Kyoto, laisse l’administration Bush un peu seule. Celle-ci a toutefois déjà changé son fusil d’épaule en proposant des accords sectoriels mais ce nouvel isolement et la perspective d’une victoire démocrate pourrait modifier la donne mais parmi les pays montrés du doigt, les Etats-Unis sont accompagnés du Japon et du Canada, peu enclins à s’engager fermement dans la voie d’objectifs de réductions obligatoires.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244[…]
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2007/12/05/01011-2007120[…]
Le programme d’Hillary Clinton dans le domaine environnemental et de la lutte contre le réchauffement climatique. « Energy dependance and global warming” est le titre de la rubrique en questions mais lorsque l’on entre à l’inérieur, le titre change est devient « powering america’s future :new energy, new jobs ». Avant de savoir ce que fera le futur président américain qu’il soit démocrate ou républicain, un ancien candidat malheureux, Al Gore, devenu le chantre de la lutte contre le réchauffement climatique, et présent à Bali, a affirmé lors de son séjour en Indonésie que l’un des mécanismes les puissants pour renverser la vapeur était « le marché » par sa puissance financière rappelant sa conviction de la nécessité de donner un prix au carbone. Autre ancien candidat démocrate, John Kerry est venu à Bali conforter les participants dans l’idée qu’une autre Amérique, soucieuse de changement et des risques futurs, appuyant cette assertion sur les nombreux exemples d’états, de villes américains engagés dans la lutte contre les changements climatiques.
http://www.hillaryclinton.com/issues/energy/
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-32[…]
http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/29[…]
Convaincre les pays dits émergents sera un autre objectif or Chine plutôt ouverte, Inde réticente, Brésil souhaitant l’inclusion d’une prime à la non-déforestation… n’ont pas tous la même attitude.
Néanmoins tous les participants semblent alertés par plusieurs phénomènes : augmentation des émissions de GES, augmentation des cors du pétrole, semi-échec de Kyoto
http://www.lefigaro.fr/sciences/2007/12/03/01008-20071203ARTFIG0031[…]
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36[…]
Ainsi la Corée du Sud a déclaré, par l’intermédiaire de son représentant à Bali, « être prête à jouer un rôle à la hauteur de son statut. », mais en pleine campagne présidentielle, le climat et ses changements ne sont pas parmi les sujets centraux. Pourtant, la Corée émet proportionnellement presque autant de CO2 que les Etats-Unis mais le pays n’est pas décidé à appliquer n’importe quel accord affirmant pourtant avoir comme objectif « d’améliorer son efficacité énergétique de 40% d’ici 2030. » ce alors que selon les scénarios du GIEC, la Corée du Sud est l’un des pays les plus vulnérables.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-32[…]
De l’autre côté, l’UE tient à marquer son engagement fort dans la lutte contre les changements climatiques. Pour l’Europe, les pays riches doivent se donner les buts suivants : réduction des émissions de GES de 30% d’ici 2020 à 60-80% d’ici 2050 par rapport aux émissions de 1990. Malgré ce volontarisme, l’UE ne parvient pas à ce jour à atteindre les objectifs de Kyoto. Cette position externe n’efface pas les désaccords internes.
L’Allemagne, elle, se veut à la pointe de l’UE. Le gouvernement d’Angela Merkel a annoncé vouloir réduire ses émissions de 36% d’ici 2020 en mettant l’accent sur les énergies renouvelables et les économies d’énergie.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,3[…]
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,3[…]
Dès la première journée, deux initiatives ont été prises : mettre en place un groupe de travail afin de préparer la suite de Kyoto et faire le nécessaire afin d’assurer de meilleurs transferts de technologie entre pays riches et pays en développement. Mais la suite est moins radieuse du fait d’un manque de volonté de la part des Etats-Unis et des pays dits émergents. En effet, la première partie de la conférence n’a apporté aucune autre évolution décisive avant l’arrivée des ministres des états représentés dont l’assemblée est parcourue de fractures diverses :
Division entre pays développés opposant l’Union européenne décidée à avancer et Etats-Unis freinant des quatre fers.
Division entre pays en développement : les pays émergents veulent poursuivre leur développement accéléré et des états qui sont en danger (îles du Pacifique). Bref, le 2ème round de discussions devait s’avérer ardu, et il ne tient qu’aux négociateurs et aux ministres de le fêter dignement.
Jeudi 13 décembre a été diffusé un document de travail annonçant comme objectif la nécessité de réduire de 25 à 40% les émissions de GES par rapport à 1990 d’ici à 2020 et ce pour les pays développés. Cet objectif est défendu par l’UE soutenue par le groupe des 77 + la Chine mais, fidèles à leur position, les Etat-Unis s’y opposent. Plus largement, le même texte donne pour horizon le plafonnement global des émissions d’ici dix à quinze ans mais à nouveau Etats-Unis soutenus par le Canada et le Japon se sont montrés hostiles : l’enjeu est d’importance, à la fois pour motiver les pays émergents et en développement et pour cadrer le futur protocole de Copenhague.
Face au refus répété des Etats-Unis d’accepter des objectifs chiffrés, l’UE, avec en pointe l’Allemagne et la France, s’agacent au point que Sigmar Gabriel, ministre allemand de l’environnement a menacé de boycotter le sommet des pays principaux émetteurs de GES organisé par les Etats-Unis à Washington en janvier et que la rencontre Borloo et envoyée de Washington ait été qualifiée de rude par les observateurs. Notre ministre multiplie les actions et initiatives : séance de plongée pour observer un site de reconstitution de massifs coralliens à Bali, annonce dans un discours du souhait de la France de voir se former un fonds pour la lutte contre le réchauffement climatique alimenté par une taxe sur les flux financiers.
Omniprésent, Jean-Louis Borloo a l’allure d’un « chevalier vert » en Indonésie au moment où les premières décisions post-Grenelle font grincer des dents en France.
Comme quoi on est parfois plus souvent maître à l’extérieur que chez soi.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-985488,0.html
http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/29[…]
http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/29[…]
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244[…]
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http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/bali/actu/297[…]
Face à ces atermoiements, la société civile mondiale profite de la réunion de Bali pour tenter de peser sur les débats.
Oxfam, dans un rapport intitulé « Financer l’adaptation :pourquoi la conférence des Nations Unies sur le climat à Bali doit mandater la recherche de nouveaux fonds. ». L’ONG déplore les inégalités face aux changements climatiques réclamant aux pays les plus riches un financement pour les pays pauvres ou en développement à la hauteur des enjeux.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244[…]
http://www.oxfam.org/fr/programs/campaigns/changement_climatique/[…]
Le 8 décembre a eu lieu l’initiative de Global climate campaign principalement les grandes villes européennes.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244[…]
C’est aussi le moment choisi par l’OCDe et l’ONU pour rendre public deux rapports aux conclusions convergentes : le danger représenté par le changement climatique. Les experts onusiens évoquent les risques possibles de conflits interétatiques en Afrique, autour de la Méditerranée, autour du pôle Nord… Ce rapport intitulé « Climate change as a security risk » n’est guère engageant. Celui de l’OCDE met en lumière les risques reposant sur les populations littorales ainsi un grand nombre de très grandes villes asiatiques seraient en danger.
http://www.lefigaro.fr/sciences/2007/12/10/01008-20071210A[…]
Le rapport « climate change as a security risk » en anglais.
http://www.wbgu.de/wbgu_jg2007_engl.pdf
Le rapport de l’OCDE.
http://www.oecd.org/dataoecd/16/58/39720578.pdf
La conférence de Bali en vidéo :
-Présentation de la conférence :
http://www.dailymotion.com/relevance/search/conf%C3%A9rence+de+bali/[…]
http://www.dailymotion.com/relevance/search/conf%C3%A9rence+de+bali/v[…]
-Un bilan de l’été 2007 : inondations, cyclones… : reportage qui fait un lien entre les évènements climatiques de cet été et le réchauffement global identifié par le GIEC.
http://www.dailymotion.com/relevance/search/conf%C3%A9rence+de+bali[…]
-Interview de Stavros Dimas, commissaire européen à l’environnement et représentant de l’UE à Bali.
http://www.youtube.com/watch?v=l7_InkDz1lg
-vidéo diffusée lors de la conférence de Bali.
http://www.youtube.com/watch?v=jtn-F2RWm-k
Les changements climatiques sur Planète Terre :
*7/11/2007 :Glaciers et climat : une liaisons dangereuse ?
Invité Bernard Francou.
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/planete[…]
*14/11/2007 :Le réchauffement climatique ; une approche alternative.
Invitée : Martine Tabeaud.
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/planete/[…]
*21/11/2007 : Jean Jouzel présente le GIEC.
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/planete/f[…]
*28/11/2007 : le changement climatique, les savants et la politique.
Invités Jean Jouzel, Jean-Pierre Vigneau.
Jean Jouzel pense qu’il existe des certitudes : le réchauffement climatique par exemple et il explique que la poursuite des émissions des GES aux niveau actuels rendrait la situation très difficile si vraiment rien n’est fait.
Jean-Pierre Vigneau rejoint Jean Jouzel sur l’action à venir mais moins enthousiaste quant aux certitudes et regrette la place prise par les médias et les groupes de pression entre politiques et scientifiques.
Jean Jouzel rappelle la lenteur du processus de travail du GIEC et il a fallu attendre 20 ans pour affirmer que le réchauffement était une certitude…
La suite à écouter…
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/planete/[…]