Les résultats de l’étude PISA 2006 qui viennent d’être diffusés vont donner lieu à nombre de commentaires sur la qualité de notre système éducatif. Ces commentaires « à chaud » vont surtout concerner l’évolution du classement de la France par rapport aux autres pays. S’il est incontestable, d’un point de vue relatif, que notre pays est moins bien classé en 2006 qu’il ne l’était en 2003 ou en 2000 dans cette même enquête, ceci reste insuffisant pour se prononcer réellement sur la qualité de notre système éducatif. Rappelons en premier lieu que PISA mesure l’expérience scolaire, mais aussi familiale et personnelle, accumulée par les jeunes de 15 ans depuis leur naissance. Il est par conséquent difficile de relier un score moyen des jeunes français avec les seules caractéristiques de l’enseignement secondaire.
L’appréciation de la qualité doit être explorée sur la base d’indicateurs plus larges sur le fonctionnement, les coûts et les résultats de notre système éducatif. Apprécier la qualité d’un système sans la rapporter aux ressources qui y sont allouées n’a pas de sens. Sur ce plan, la France dépense à peine moins pour l’enseignement primaire que la moyenne des autres pays de l’OCDE mais davantage que ces mêmes pays pour l’enseignement secondaire.
Au niveau des résultats, si l’on s’en tient à un indicateur global qui est l’espérance de scolarisation (nombre moyen d’années d’études), la France, avec une valeur de 16,8 années affiche un résultat inférieur aux pays de l’OCDE. Si l’on rapporte ce chiffre à l’effort budgétaire en matière d’éducation, la performance française apparaît encore plus faible. Par exemple, l’Allemagne qui a une l’espérance de scolarisation comparable à celle de la France réalise ce résultat en mobilisant 20 % de crédits publics pour l’éducation en moins.
Sur le plan de l’évolution des résultats des élèves entre les enquêtes PISA depuis 2000, en termes de scores, et non pas seulement de classement, les performances moyennes des élèves français sont réellement à la baisse pour les trois domaines de compétences évalués dans PISA (compréhension de l’écrit, culture mathématiques et culture scientifique) en référence à la moyenne de l’OCDE. En outre, le pourcentage d’élèves faibles aurait augmenté sensiblement.
Il reste à présent aux spécialistes à déterminer précisément les causes de ces faibles résultats, mais cela ne pourra se faire que sur la base d’analyses rigoureuses des données des différentes enquêtes. L’objectif étant d’identifier les facteurs explicatifs à différents niveaux : du pays lui-même et de son contexte socio-économique et culturel, de l’organisation global du système éducatif, du fonctionnement des établissements et des conditions socio-économiques et culturelles du milieu familial de l’élève.
C’est uniquement à partir de ces analyses que l’on pourra réellement dégager des pistes d’actions en matière de politique éducative ; cela dépasse donc le simple constat de baisse de performances en termes de classement entre pays. Il faut donc être vigilant sur les mesures politiques qui pourraient être prises rapidement à partir de la publication des résultats de PISA 2006 sans qu’aucune analyse complémentaire et spécifique sur la situation de la France ne soit effectuée.
Bruno Suchaut
Irédu-CNRS