Par Françoise Solliec
Conduire les élèves de condition sociale défavorisée vers une insertion sociale réussie, parfois même dans une voie d’excellence, c’est une problématique que le lycée André Malraux de Montereau-Fault-Yonne connaît bien. Au cours des années, il a réussi à faire de ses filières professionnelles un véritable parcours de réussite. Dans le cadre du contrat d’objectifs qui a permis d’obtenir le label « Ambition réussite », la proviseure, Danièle Butet, a notamment choisi de renforcer le soutien aux élèves de seconde et de développer des partenariats avec les CPGE pour assurer une poursuite d’études plus ambitieuse aux bacheliers généraux.
Les clés de la réussite : suivi, tutorat, soutien, partenariats.
En effet, selon la note de service parue au BO n° 14 du 5 avril 2007, il s’agit bien pour les lycées « Ambition réussite », de « conduire davantage d’élèves vers une orientation positive et ambitieuse en accompagnant les lycéens dans leur projet scolaire et professionnel » et d’« ouvrir les voies de l’excellence à ceux qui n’ont pas la chance d’évoluer dans un environnement familial économiquement fort ou culturellement porteur».
La labellisation de ces lycées « repose sur l’existence d’un projet d’établissement pertinent s’appuyant sur l’implication de toute la communauté éducative, professeurs et parents notamment. Dans le cadre du contrat d’objectifs passé entre les autorités académiques et l’établissement, le projet précisera les modalités retenues pour sa mise en œuvre ainsi que les partenariats à rechercher (délégation interministérielle à la ville, collectivités territoriales, institutions culturelles, scientifiques, sportives ou fondations…). La capacité d’expérimentation ouverte par l’article 34 de la loi de 2005 pourra être mise en œuvre ».
Le contrat d’objectifs du lycée André Malraux, l’un des deux premiers signés au ministère l’an dernier, reprend les axes et les actions prioritaires du projet d’établissement, soutien aux élèves en difficulté, accompagnement au projet personnel de l’élève, développement de partenariats pour faciliter l’accès à des voies d’excellence, éducation à la santé et à la citoyenneté.
Construit au cœur de « la ville haute » de Montereau, dans un quartier comprenant une forte densité d’ouvriers et de migrants, ce lycée polyvalent accueille près de 950 élèves, dont une bonne partie sont issus de CSP défavorisées. Depuis longtemps, la question de leur insertion a été particulièrement travaillée et les filières professionnelles se sont montées localement avec de nombreux partenariats. Ainsi les élèves de carrières sanitaires et sociales peuvent-ils bénéficier d’un diplôme professionnel d’aide-soignant, ceux des techniques industrielles d’une formation spécifique à la maintenance nucléaire, ceux des industries graphiques (métier du livre et de l’imprimerie) d’un BTS.
Pourtant, à l’arrivée au lycée, nombre d’élèves de seconde BEP présentent des problèmes bien connus : retard scolaire, manque de motivation, difficultés d’expression écrite et orale. Pour traiter ces problèmes, un module d’accueil spécifique a été instauré. Dès la rentrée des classes, chaque élève est convié à un entretien individuel avec un groupe de 3 enseignants qui notent les éléments essentiels de son parcours et de ses projets, complétés par un test de positionnement en français et mathématiques. Il participe de plus à un atelier de motivation, animé par un COP, pour mieux appréhender la filière dans laquelle il est inscrit et à une journée de découverte du CDI. A l’issue de ce module, quelques réorientations sont effectuées dans et hors de l’établissement.
Près de 20% des élèves de seconde GT ont un an ou plus de retard et, sous l’impulsion de la proviseure, un très gros travail a été entrepris pour faire diminuer le taux de redoublement à la fin de la 2nde. De 25% il y a 4 ans, il est passé à 8% actuellement. Soutien linguistique, soutien disciplinaire sur l’heure du déjeuner, tutorat, bilans réguliers, contacts étroits avec les familles, autant d’actions qui ont porté leurs fruits, dans la voie générale comme dans la voie professionnelle, auprès des élèves doublants, en retard ou repérés en grande difficultés à la suite des évaluations. La formation des enseignants à ces missions de tutorat et d’accompagnement a été assurée grâce à un stage sur site, animé par un professeur spécialisé dans les problèmes de décrochage.
L’implication des familles et l’harmonisation du travail entre les différents professeurs des 13 classes de seconde de détermination ont également paru très importants pour le bon déroulement de cette année cruciale. Une semaine banalisée de devoirs communs sur le socle fondamental a été instituée, au cours de laquelle les professeurs échangent les copies. Les conseils du dernier trimestre sont tous co-présidés par le proviseur et un adjoint et un conseil d’harmonisation se tient après pour revoir tous les cas des élèves qui n’ont pas obtenu satisfaction par rapport à leurs souhaits. Les deux professeurs principaux de chaque classe, travaillant en étroite relation, font chaque semaine le point sur les élèves qui doivent assister aux séances d’aide individualisée ou bénéficier du tutorat. Leurs remarques, consignées sur le carnet de liaison, sont portées à la connaissance des autres enseignants. Les parents sont tous reçus individuellement juste après la rentrée et on leur remet personnellement le bulletin du 1er trimestre.
Pour contribuer à la maîtrise de la langue, une action de partenariat est menée avec l’association « Paroles d’hommes et de femmes » dans le cadre de l’opération 100 témoins, 100 écoles où la mémoire est source d’action éducative. En rencontrant un écrivain biographe, des témoins migrants, en travaillant avec leurs enseignants sur l’histoire de la migration dans la région, les élèves mettent en relation l’oral et l’écrit et apprennent à rédiger des biographies. Leur travail est valorisé dans une exposition municipale.
Deux forums sur l’orientation, l’un post-seconde, l’autre post-terminale sont l’occasion de rencontrer des partenaires culturels, d’anciens élèves et des professionnels.
Pour aider les élèves dans la voie de l’excellence, plusieurs actions sont conduites. Une option cinéma audiovisuel a été ouverte. Les élèves de 1ère et terminale L et ES volontaires suivent un module de 4 h de préparation spécifique à l’entrée en CPGE (conférences, sorties, cours supplémentaires). Un partenariat a été mis en place avec les enseignants des CPGE scientifiques du lycée François 1er de Fontainebleau (réunions des professeurs des deux établissements, visites des classes par les élèves). L’université de tous les savoirs intervient pour donner des conférences ouvertes à tous. Des sorties théâtrales sont régulièrement organisées dans le cadre du foyer socio éducatif et plus de deux cents jeunes participent aux différents clubs et activités.
Chaque année, un bilan est fait de l’ensemble des actions et des évolutions sont proposées par l’équipe de direction. La répartition des moyens est revue, que ce soit ceux attribués au titre de la labellisation, trois assistants pédagogiques, principalement affectés au tutorat méthodologique et 488 hse, ou ceux pris sur la DHG de l’établissement. Dans le contrat d’objectifs, l’action prioritaire à développer porte sur une meilleure participation et implication des familles dans le suivi scolaire de l’élève et la définition de son projet de poursuite d’études.
http://www.lycee-andre-malraux.org/http://ww2.ac-creteil.fr/zeprep/lar.htmlhttp://www.education.gouv.fr/bo/2007/14/MENE0700833N.htmhttp://www.parolesdhommesetdefemmes.fr/-100[…]
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