C’est le volume annuel dégagé par la
suppression du samedi matin. A quoi servira-t-il ? La réponse devrait
être trouvée dans les deux mois à venir, si on en croit la déclaration
d’intention signée entre le ministère, le SNUipp et le SGEN.
Le ministère affiche sa volonté :
renforcer les moyens destinés aux 15% des élèves les plus en
difficulté, pour diviser par trois le nombre d’élèves en échec…
Comment
? en s’organisant localement, en s’appuyant sur la « liberté
pédagogique, l’autonomie, la responsabilité des équipes, l’évaluation
des élèves ». On parle de « plus de maîtres que de classes », mais
surtout, une fois de plus, d’évaluation. Des élèves, mais aussi des
enseignants. Reprenant un discours désormais tracé au cordeau, le
ministre tient aux enseignants un langage simple : une fois les
difficultés des élèves évaluées, au CE1 et au CM2, utilisez les
méthodes que vous voulez, mais faites les progresser : on vous évaluera
là-dessus.
Que les causes de l’échec soient
largement sociales, que les écoles aient besoin de l’appui de RASED, le
ministre n’en parle pas. Repérez, remédiez, évaluez, le tryptique de la
modernité ?
Mais
pourra-t-on sortir « par le haut » ? Les personnels, dont beaucoup
osent dire que leur principale préoccupation est de « travailler moins
», tant certains aspects du métier leur pèsent, sont-ils prêts à jouer
un « gagnant-gagnant » : moins d’heures de classe, mais plus pour les
enfants qui ont le plus besoin de l’Ecole ?
Une
fois de plus, on serait plus optimiste si on sentait les hiérarchies
intermédiaires en capacité d’impulser, de donner confiance, de
coordonner, de tracer la route. Là où cela existe, nul doute qu’on
trouvera des équipes prêtes à « jouer le jeu ». Après tout, est-il
incompatible de préparer une grève du 20 novembre, qui s’annonce très
forte, et de réfléchir à des solutions concrètes pour aider ceux qui
sont dans les classes, des deux côtés du bureau… ?