Par Rémi Boyer et Catherine Terseur
Prof en L.P., dans l’enseignement privé, I. Soulet a su quitter l’enseignement à temps et créer sa propre entreprise. Mieux : ses qualités d’enseignante représentent 50% de son capital…Cet exemple montre que même quand on n’est pas fonctionnaire, la sortie de l’enseignement est possible. L’association Aidoprofs a trouvé pour vous quelques pistes.
Témoignage : Isabelle Soulet, 45 ans : du professorat en lycée professionnel à la création d’entreprise en réflexologie plantaire
Diplômée d’un BTS de logistique et transport en 1986 sans aucun débouché, Isabelle travaille, après deux ans de galère, dans la formation professionnelle au sein d’un GRETA et dans l’enseignement privé en 1988. De 1989 à l’an 2000, elle est embauchée sous forme de CDD renouvelable chaque année dans un CFA où elle enseigne le Français, la Vie Sociale et Professionnelle (VSP) et l’Environnement économique et juridique (EEJ).
Dès 1992, elle pense à reprendre des études avec une Licence de Sciences de l’Education, mais ne passera pas les concours de l’enseignement. Lorsqu’en 2000 son CDD n’est plus renouvelé, elle connaît à nouveau le chômage pendant un an et en profite pour réaliser une formation en informatique. Le 11 septembre 2001 (elle se souvient elle aussi de cette journée), elle devient de nouveau enseignante en lycée professionnel pour un remplacement de 2 ans et 4 mois : elle enseignera alors le droit, l’économie et le B.A-BA de l’informatique.
Dès 1998, Isabelle avait envie d’arrêter l’enseignement, car elle ressentait une certaine saturation. De plus, lorsqu’elle était en CFA, sous la tutelle de la Chambre de Commerce, les contraintes d’emploi étaient beaucoup trop fortes pour l’inciter à poursuivre dans ces conditions.
Ce qui décide vraiment Isabelle à stopper l’enseignement, c’est le surplus de discipline à réaliser avec ses classes de « 3e Techno », et même avec ses Bac Pro, elle est de plus en plus écoeurée par le manque d’écoute en classe des élèves.
Entre son envie et le moment où elle « saute le pas », il s’est passé cinq ans. Fin 2003, c’est à nouveau le chômage, avec une indemnisation maintenue pendant deux ans, période durant laquelle Isabelle réalise un bilan de compétences qui lui confirme qu’elle ne sera heureuse qu’en exerçant une activité indépendante. Elle souligne qu’avec un mari artisan, ce changement professionnel a été facilité, car si elle avait été seule, financièrement, c’eût été impossible.
D’octobre 2004 à novembre 2005, très motivée, après mûre réflexion, elle se lance dans une formation non reconnue par l’Etat de réflexologue plantaire, qu’elle finance totalement. A la fin de cette formation, une année de chômage s’ajoute encore à ce parcours cahotique. La formation n’étant pas reconnue, Isabelle ne bénéficie d’aucune aide à la création d’entreprise.
C’est donc seule qu’elle crée de A à Z son cabinet de réflexologie plantaire le 5 octobre 2006. Son nouveau métier consiste à réaliser des massages du pied, en stimulant ses terminaisons nerveuses, pour soigner différentes pathologies et lui apporter de la détente.
C’est par connaissance qu’Isabelle a eu connaissance de cette profession, qu’elle a considéré comme la plus rapide pour en finir le plus vite possible avec cette vie d’enseignante qu’elle ne supportait plus.
Aujourd’hui, Isabelle confie : « quand on cherche à quitter l’enseignement, on est très vite catalogués, car une étiquette nous colle à la peau : un prof, c’est quelqu’un qui est tout le temps en vacances, donc qui n’est pas très courageux, et cela ne facilite pas la réorientation ».
Quelles compétences, mises en œuvre dans l’enseignement, Isabelle a-t-elle conservées ?
Isabelle souligne que l’écoute des autres est un savoir-être qu’elle a acquis au fil de son enseignement et qui est essentiel dans sa nouvelle profession. Cela constitue la moitié de son travail. Elle a également appris à gérer son stress, à prendre du recul par rapport aux êtres et aux choses, et peut désormais, a contrario de l’enseignement, réaliser une nette coupure entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle.
Comment Isabelle a-t-elle vécu ce « grand saut » ?
Cette nouvelle étape de carrière a été vécue comme une véritable « libération », par perte d’envie d’enseigner. Ce nouveau métier, très diversifié, synonyme de passion, a dynamisé Isabelle, en lui apportant une nouvelle motivation.
Comment ses anciens collègues ont-ils perçu ce changement d’orientation ?
Ceux à qui elle a confié ce projet lui ont dit : « si tu peux, arrête ». Elle n’a aucun regret, et a complètement changé d’identité professionnelle aujourd’hui.
Comment Isabelle considère-t-elle l’enseignement aujourd’hui ?
Pour elle qui a ses enfants au collège et au lycée, elle indique « savoir se mettre à la place des professeurs », « faire preuve de plus d’indulgence, pour avoir vécu de métier de l’intérieur », mais « ne pas regretter de ne plus y être, sauf pour les bonnes classes ».
Que pense Isabelle de ses nouvelles conditions de travail ?
Cela n’a vraiment plus rien à voir, le rythme est très différent, le temps est géré différemment, sans stress, avec un plaisir renouvelé de travailler à son compte, pour soi, sans hiérarchie.
Cependant, l’absence de collègues lui manque parfois, heureusement compensé par le contact régulier avec ses clients.
Que pense Isabelle de la création d’une association comme AIDOPROFS ?
« Plus qu’une bonne chose, car se réorienter est loin d’être simple, car personne ne vous aide ». Etant dans l’enseignement privé, Isabelle n’a pas du tout songer à se tourner vers son rectorat pour accompagner sa mobilité, puisque déjà, dans l’enseignement privé, « on n’a droit à rien ».
Enseignants du privé, une reconversion difficile…
Il faut le savoir, et nous espérons que les 12 sages de la commission Pochard résoudront cette situation, que les enseignants de l’enseignement privé sous contrat avec l’Etat ne peuvent pas bénéficier du détachement, de la mise à disposition, ni de la disponibilité. Ainsi, pour évoluer professionnellement, alors qu’ils passent eux aussi des Capes et des agrégations, alors qu’ils enseignent eux aussi à des élèves, alors qu’ils sont eux aussi payés par l’Etat, ils doivent résilier le contrat qui les lie à leur établissement, ce qui représente une mobilité professionnelle nettement plus difficile, plus décisive, et nécessite une très forte motivation. C’est pour cette raison qu’avec François Falempin, dans le n°85, et Isabelle Soulet, dans ce n°86 de la rubrique carrière, nous vous avons présenté deux enseignants du privé sous contrat avec l’Etat qui avaient réussi leur réorientation. S’ils l’ont réussi avec de pareilles conditions, c’est que toute reconversion professionnelle est possible, dès lors que l’on en a la motivation, la conviction, et les compétences.
Pour aider les enseignants du privé sous contrat avec l’Etat dans leur recherche de postes, voici les sites les plus intéressants :
Tous postes dans le domaine artistique (danse, chant, musique, audiovisuel…) :
http://www.irma.asso.fr/emploi/
Tous postes dans le domaine de l’édition, de la traduction :
Tous postes dans le domaine de la documentation :
Tous postes en lien avec la formation, la communication, les ressources humaines, l’informatique, les nouvelles technologies, la documentation :
http://www.bale.fr/index_bale.php
et
Tout poste en coopération :
Tout poste de cadre :
http://www.apec.fr/Accueil/ApecIndexAccueil.jsp
Public : Les détachements
Nous nous sommes penchés ce mois-ci sur les types de postes qui peuvent être proposés au titre du détachement dans l’une des 150 structures repérées sur la Toile qui en proposent.
Nous avons regroupés ces profils de postes selon neuf rubriques qui correspondent à des domaines d’activité qui correspondent, selon les disciplines, à des compétences développées par les enseignants au cours de leur carrière. La liste ci-dessous concerne le réseau SCEREN (CNDP-CRDP-CDDP) depuis 1998.
Tous ces postes ont été pourvus dans l’une de ces neuf dernières années par des enseignants qui n’avaient pas fait autre chose que d’enseigner, ou, pour les postes de direction, par des IEN, des IA-IPR ou des personnels de direction.
Cela montre un peu mieux la diversité des postes que l’Education nationale recèle, sans en faire mention autrement que par les « vacances de postes » paraissant au BOEN tous les jeudis.
Voici donc cette liste :
En animation culturelle :
Professeur chargé de l’animation et de l’accompagnement pédagogique
Responsable de la mission Arts et culture
En audiovisuel :
Chargé de projet « audiovisuel et multimédia pédagogiques »
Chargé de réalisation audiovisuelle et multimédia
Producteur-réalisateur audiovisuel multimédia.
En communication :
Chargé de communication
Chargé de la politique académique de communication et des relations avec les acteurs culturels et artistiques régionaux
En conception pédagogique :
Chargé(e) de mission pour les enseignements professionnels et technologiques
Chargé-e de mission pour le français, les lettres et la philosophie
chargé-e de mission pour les sciences humaines : histoire, géographie, éducation civique, ECJS, sciences économiques et sociales et histoire des arts
Chargé-e de mission pour les sciences de la vie et de la terre
Chargé de projets « Edition »
Chef de projet Enseignement primaire
Chef de projet Enseignement professionnel (général et technique)
Chef de projet éditorial
Chargé de projets internationaux
Concepteur-réalisateur de documents pédagogiques, éducatifs et culturels au sein du secteur éditorial
En documentation :
Adjoint à la responsable de la médiathèque et du service documentation
Chargé de documentation
Chargé de la médiation avec les publics
Responsable de la documentation
Responsable de la médiathèque
En édition :
Chargé de mission au service édition (1er degré)
Chargé de mission au service édition (2nd degré)
Chef du service national des imprimés numériques
En diffusion commerciale :
Chargé de l’activité commerciale
Chargé de la promotion et de la diffusion de l’ensemble des ressources pédagogiques
Chargé de la promotion des produits et services
Délégué pédagogique itinérant et librairie
Délégué pédagogique chargé de la promotion et de la diffusion des ressources
Responsable commercial
Responsable de la librairie
Responsable du service de librairie
Responsable librairie et délégué pédagogique
En informatique et tice :
Chargé de développement des TICE
Chargé de la gestion et du développement de projets Web
Chargé des fonctions d’ingénierie éducative dans le domaine des TICE
Chargé de projet TICE
Enseignant dans le domaine des TICE
Responsable de la production éditoriale multimédia
Ingénieur éducatif
Responsable TICE
En fonctions de direction :
Adjoint de direction éditoriale
Directeur
Directrice adjoint(e)
Responsable administratif
Responsable du secteur édition
Responsable de la division “réalisations pédagogiques”.
Poste de responsable de l’édition et de la commercialisation