La lecture, PIRLS et la réforme du primaire
« Encore nous avons perdu des places… Aujourd’hui, sur 40 pays, nous sommes dans les six derniers. Même la Bulgarie est devant nous ». S’exprimant au grand jury RTL, Xavier Darcos a annoncé de mauvais résultats pour la France à l’enquête internationale PIRLS 2006. Il a aussitôt annoncé une « clarification » des programmes de l’école : « Il faut que dans les objectifs de l’école primaire que nous centrions sur l’écriture, la lecture, le français. Sans maîtrise de la langue, nous ne ferons rien »
Les premiers résultats de l’enquête PIRLS 2006 devraient être publiés dans trois semaines. PIRLS évalue les habiletés des élèves de 9 ans par rapport à la lecture de textes littéraires et informatifs. 43 pays ont participé à cette enquête qui fait suite à Pirls 2001 et à une première étude en 1991.
L’enquête de 2001 avait déjà montré une position médiocre de la France. 12 pays faisaient mieux qu’elle, 15 moins bien et 7 avaient des résultats similaires. A noter que la Bulgarie, citée par le ministre en repoussoir, obtenait d’excellents scolaires en 2001, se classant 4ème. Les résultats français étaient un peu plus faibles en 2001 qu’en 1991. Les propos de X. Darcos laissent penser que la position de la France a continué à empirer depuis 2001.
Comment expliquer ce phénomène ? Nous avons interrogé Bruno Suchaut, qui avait travaillé sur les résultats de 2001. Qui est responsable de ce fiasco éventuel ?
» Il est vrai que depuis 30 ans », nous dit B. Suchaut, « le classement de la France dans les évaluations internationales est moins favorable. Pour l’école primaire on ne dispose que peu d’évaluations et les résultats de PIRLS 2006 constitueront une base de comparaisons pertinente (mise en rapport des résultats de PIRLS 2001).
Les causes de cette baisse relative de qualité n’est en tout cas pas à mettre du côté des ressources car, le coût par élève a augmenté significativement dans la même période. Les conditions globales d’enseignement se seraient donc plutôt améliorées (en termes de taux d’encadrement notamment). La problème est que le système éducatif français (école primaire notamment) n’a pas pu transformer efficacement les ressources en résultats.
La recherche des causes de ces moindres performances n’est pas aisée, car elle demande à bien séparer ce qui tient au contexte économique et sociale du pays (et donc des caractéristiques socio-économiques de la population) de ce qui tient au fonctionnement de l’école. La mise à disposition des données de PIRLS 2006 permettront d’examiner plus en détail la part de chacun de ces facteurs.
Ce que l’on sait en revanche, c’est que le pilotage de l’école primaire n’est pas efficace actuellement, d’autant plus que des réformes se succèdent sans qu’elle ne puissent véritablement être appliquées. Mais de là à penser que c’est la seule raison des baisses de performances….
On peut supposer que les enseignants ont besoin de repères stables pour leur pratiques, ce qui n’est pas le cas actuellement dans les discours successifs des ministres (comme on peut le voir au sujet du débat sur l’enseignement de la lecture par exemple)
Je ne pense pas que les solutions soient à rechercher du côté de prescription officielle car on sait que les modalités de mises en oeuvre des textes portant sur les pratiques sont difficiles. C’est sans doute plus dans une réflexion sur une nouvelle organisation du pilotage de l’école, plus proche des classes, des enseignants et des élèves qu’il faut s’orienter.
Après tout, la société a beaucoup évolué ces dernières décennies, l’école a connu aussi des évolutions dans son organisation, mais rien n’a changé dans l’organisation des mécanismes de gestion pédagogique, de pilotage et d’évaluation des enseignants, des établissements et des élèves ».
Déclarations DarcosPirls 2006Analyse officielle en 2003Histoire : Confusion et impensé dans l’histoire de l’immigration à l’Ecole
Longtemps absente des programmes, l’histoire de l’immigration fait son entrée à l’Ecole dans la confusion, souligne le rapport de Benoît Falaize, Olivier Absalon et Pascal Mériaux, réalisé dans le cadre de la recherche « Enjeux contemporains de l’enseignement en histoire-géographie » de l’INRP.
L’enquête révèle que cette histoire occupe peu de place dans les programmes à l’exception de la filière STG et de l’école primaire. « L’histoire de l’immigration en classe est peu enseignée du point de vue historique. Ce sont les matières comme la géographie, l’éducation civique ou les langues et les lettres qui prennent volontiers en charge cet enseignement, moins dans ses dimensions historiques que contemporaines. Cet enseignement apparaît diffus et peu structuré. Il est souvent le fait de projets pluridisciplinaires qui échappent à l’ordinaire de la classe ». C’est dire que l’actualité et ses enjeux sont omniprésents.
Les pratiques pédagogiques font souvent appel à l’histoire familiale et vont parfois à rebours des objectifs attendus. « Les professeurs… dans une générosité bienveillante et spontanée, « enferment » les élèves dans une reconnaissance de groupe (« les élèves Maliens », « les Maghrébins »…) où un regard extérieur ne peut être posé pour aider ces élèves en adolescence, à l’inverse même d’une conception dialogique de la construction identitaire. Le rapport d’enquête que nous remettons constate qu’il y a un impensé de l’histoire migratoire en France véhiculé par l’école et par l’institution tout entière : un impensé qui concerne non pas les immigrés eux-mêmes mais la nation elle-même et qui fait de l’étranger un autre irréductible, et de l’immigré, ou de ses enfants, une figure équivoque de la question nationale ».
Le groupe de travailLe rapport (en pdf)
TICE : Tice-Instits, la formation par les pairs
Ils étaient maîtres ressources informatique dans le département du Rhône et, à ce titre, disposaient de deux jours par semaine pour accompagner les enseignants du département, y compris les stagiaires, dans l’intégration des Tice. C’est à l’imparfait car depuis le début de cette année, leur décharge est supprimée. Leur formation aussi…
Enfin presque; Car comme ils croient, eux, envers et malgré tout, à l’importance de l’intégration des tice dans l’enseignement, ils proposent d’aider leurs collègues à travers une liste de discussion créée et animée par eux : Tice-Instits. Tice-Instits n’est évidemment pas une structure officielle…
La liste
Langues : L’association des enseignants de breton (UGB) demande l’annulation des nouveaux programmes
L’UGB estime que les nouveaux programmes publiés le 27 septembre dernier sont « à l’opposé des attentes des enseignants et des parents » pour l’enseignement bilingue. Le niveau A2 fixe en objectif de cet enseignement serait « en deça du niveau actuel des élèves des écoles bilingues » et empêcherait tout apprentissage au collège. Ils craignent « l’éradication » de l’enseignement bilingue.
UGBPrimlangues et Emilangues ouvrent des forums
Primlangues, le site officiel des langues au primaire ouvre un nouveau forum sur l’utilisation de documents authentiques en classe. Le nouveau forum d’Emilangues aborde lui la question des démarches interdisciplinaires.
PrimlanguesEmilangues
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