La position de l’ANDEV sur l’accompagnement éducatif
Fondée en 1992, comme une des conséquences de la décentralisation et des nouvelles responsabilités des collectivités locales en matière éducative, l’Association nationale des Directeurs à l’Education des Villes de France est une sorte d’OVNI : rassemblant sans gros problème des fonctionnaires travaillant dans des collectivités dirigées par la droite ou la gauche, elle affirme tranquillement son ambition de voir les collectivités locales être des acteurs essentiels du service public d’éducation, loin des polémiques sur la dissolution du rôle moteur de la puissance publique dans la réduction des inégalités. Elle entretient donc des relations de travail exigeantes avec l’AMF, les syndicats d’enseignants ou les ministères. Ses positions sont le reflet de son quotidien : nécessairement confrontée à la complexité du local, l’ANDEV cherche les cohérences, les partenariats, la co-responsabilité plutôt que de se situer dans des guerres de territoires.
Elle vient donc de réagir en s’interrogeant sur l’annonce du ministère de l’Education sur la mise en place de l’accompagnement éducatif dans les collèges de ZEP.
L’ANDEV pointe l’ambiguité d’un dispositif qu’elle juge « une réponse peu opérationnelle à des besoins mal cernés ». En effet, la circulaire ne tranche pas entre deux objectifs : accueillir gratuitement les élèves volontaires après les cours, comme peut déjà le faire une structure municipale (souvent contre modique rétribution) ou organiser une réponse efficace aux difficultés scolaires ?
Dans le premier cas, le besoin est réel, dit l’ANDEV, au moins pour les 6e et les 5e, pas encore entrés complétement dans les attitudes adolescentes. Les classes suivantes lui semblent préférer s’éloigner de la shpère scolaire. Mais s’il s’agit d’accueil post-solaire, les enseignants sont-ils les mieux placés ? Ne faut-il pas plutôt s’appuyer sur des professionnels aux fonctions pérennes (métiers de l’animation) plutôt que sur le volontariat des enseignants, par définition fluctuant ? Le dispositif éducation nationale ne va-t-il pas nécessairement entrer en concurrence avec les services mis en place dans le quartier par la mairie ? Ne faudrait-il pas en profiter pour allonger la pause méridienne dans l’établissement, lorsque le « public est captif », et organiser ainsi le décalage de l’après-midi scolaire en finissant plus tard le soir, mais pour tous ?
Si on cherche au contraire le soutien scolaire, écrit l’ANDEV, alors les « études dirigées » ne sont pas la bonne réponse : il faut aller vers des solutions beaucoup plus individualisées avec les élèves en difficultés. En outre, il semble en contradiction avec d’autres dispositifs engagés par l’Etat en partant « de l’enfant pour mettre en place un parcours de réussite » (la « réussite éducative » de la loi Borloo, en partenariat avec tout le tissu local, n’a que deux ou trois ans d’ancienneté, et est encore parfois en phase de rôdage).
L’ambiguité du dispositif vient du fait qu’il rompt avec la « cohérence organisationnelle » de l’Ecole : après la classe, ce n’est plus la classe, et ce devrait donc être considéré comme un « temps libre » de la responsabilité des communes. Les établissements, peu habitués à gérer l’organisation d’activités optionnelles ou extérieures, vont devoir procéder à une « réorganisation administrative importante » (gestion des présences, des inscriptions, des répartitions fluctuantes peu habituelle pour eux), « la famille devenant dans ce cadre un acteur du parcours de l’enfant ».
« Nous avons besoin, écrit l’ANDEV en conclusion, de « plus et mieux » de partenariat entre l’Eucation Nationale ». Pas sûr que cette circulaire y aide, n’écrit-elle pas, soucieuse sans doute de rester toujours sur une posture constructive. Qui l’en blâmerait…
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