Par Françoise Solliec
Un peu plus d’une quarantaine de personnes d’âges, d’expériences et de statuts divers se sont déplacées le 17 octobre, selon l’information transmise sur le Café, pour manifester leur intérêt pour le projet de collèges expérimentaux et participer à la première réunion de travail, organisée à Paris pour les franciliens.
Des partants pour des projets à construire
En introduction, les quatre membres du comité de pilotage présents, Gérard Delbet, Jean-Claude Guérin, François Jarraud et Olivier Masson ont cadré le pourquoi et les objectifs de la réunion.
Tout d’abord, il doit être bien clair pour tous que les initiateurs du projet « ne sont demandeurs de rien », selon la formule de Gabriel Cohn-Bendit dans une lettre adressée au ministère à la suite de l’entrevue du 11 octobre. Une proposition a été formulée d’utiliser des établissements qui vont se trouver en grande difficulté de par la suppression de la carte scolaire, mais c’est au ministère de préciser ses demandes.
Ainsi que l’ont énoncé les représentants du ministre, les projets éventuellement mis en place s’inscriront dans la continuité de la loi de 1989 et relèveront de l’article 34 (article sur les expérimentations) de la loi sur l’Ecole de 2005.
Il ne faut pas prendre la formule « collèges expérimentaux » trop au pied de la lettre. Des projets peuvent très bien porter sur des écoles ou une liaison écoles- collèges, voire prendre en compte le lycée.
Pour l’instant, il n’y a pas de réel engagement du ministère à permettre l’implantation de structures autonomes dans le cadre de l’institution, bien que les services chargés de l’expérimentation travaillent sur cette question. Tout dépendra des projets proposés et de la mobilisation des personnes qui voudront bien s’engager. Cependant nombre de questions sont déjà posées, notamment sur le statut des personnels (détachement pour au moins un an, affectation rectorale, etc.) et sur l’organisation des futures structures expérimentales (nouveaux lieux ou lieux à investir, intégration dans des équipes déjà en place, etc.), qui conditionneront fortement l’avenir de ce projet. Il faut donc que ces questions préliminaires soient recensées rapidement et obtiennent une réponse non moins rapide pour que la réflexion puisse réellement prendre corps. Le salon de l’éducation (22-25 novembre) paraît une bonne occasion pour que le ministère fasse une annonce officielle.
Les questions des participants reprennent pour la plupart celles évoquées dans la liste de discussion du Café. Elles font émerger six domaines de préoccupation.
1) Qui a sa place dans le projet ? Des enseignants du 1er, du 2nd degré, d’autres personnels de l’EN, du privé, des personnels extérieurs à l’EN (psychologues notamment), des parents ?
A quoi il est répondu que le projet peut et doit concerner la palette la plus large de personnels et y associer étroitement les parents. Il n’y a d’ailleurs pas un projet, mais autant de projets que d’équipes qui voudront bien se constituer.
2) De très nombreuses expérimentations, plus ou moins connues, font partie de l’existant (Clisthène, école Decroly, école de Mons en Barœul, etc.) et certaines sont représentées dans le comité de pilotage. Leur histoire incite à la prudence, même si la diversité des organisations montre qu’à peu près tous les projets sont possibles, si une équipe est déterminée à les monter.
3) Que va-t-il se passer si on arrive en équipe dans un établissement déjà existant où, même si les élèves et les personnels ont diminué, il en reste encore ?
Une question à travailler. Il y a des conditions de viabilité à établir. Elles devraient faire l’objet d’un futur cahier des charges des projets.
4) Des contacts sont-ils pris avec les rectorats, les inspections académiques, les collectivités ?
Ils le seront. A voir avec le ministère par qui et comment.
5) Quel est le rôle du comité de pilotage ?
En fait, le comité de pilotage n’a « aucune vocation à remplacer le terrain » et n’a pas l’intention de réellement piloter le projet, mais plutôt d’offrir une structure de coordination et d’animation et de mettre son expertise au service de cette aventure.
5) Comment concrètement les projets vont-ils pouvoir se construire ? La forme de la salle et le temps imparti n’ont pas permis aux différents participants de faire vraiment connaissance et de sentir qu’ils pouvaient se retrouver sur telle valeur ou tel mode d’organisation. Tout est donc encore à bâtir.
Selon la proposition d’un des participants, le terme d’élaboration de scénarios est retenu. Quelques grands points vont être définis autour desquels les projets vont pouvoir s’élaborer, tels l’organisation générale de l’établissement, l’organisation du temps, l’évaluation de l’établissement et des élèves, la logique pédagogique (acquisition par les élèves ou logique d’enseignement), etc.
A l’issue de la réunion, l’intérêt des participants n’a pas faibli et tous se déclarent prêts à poursuivre, même si la discussion n’est peut-être pas allée aussi loin qu’ils l’auraient souhaité.
Très concrètement, une liste de discussion francilienne va se construire sur le Café à partir des présents à la réunion (et des absents intéressés qui en feront la demande). Elle pourra s’organiser autour des différentes entrées évoquées en 5. Chacun des participants pourra d’ailleurs mettre en place sa propre liste (départementale, disciplinaire ou autre) s’il le souhaite.
Par ailleurs, un séminaire d’une journée devrait être proposé, avec la participation de différents experts (chercheurs en sciences de l’éducation, responsables de structures, institutionnels, etc.) Si nécessaire, il sera demandé au ministère de favoriser la participation des personnels à cette rencontre. D’ores et déjà on retient aussi le principe d’un moment de travail le samedi 25 novembre après-midi dans le cadre du salon de l’éducation.
Enfin le comité de pilotage doit très prochainement achever la rédaction d’un cahier des charges des expérimentations. Il sera publié sur le site du Café et déposé dans l’espace documentaire.