Par Cyril Froidure
Eh! oui, une fois de plus le Grenelle fait la une du café EDD. Il vient d’entrer dans sa phase finale. Cet été a été consacré à la réflexion, aux échanges à l’intérieur des six groupes de travail.
Cette première étape a permis aux différents acteurs d’échanger, de débattre, souvent de parvenir à obtenir un consensus sur les constats mais plus difficilement sur les moyens à utiliser pour résoudre les problèmes identifiés. Plus encore, des sujets, tels que le nucléaire, la question agricole, les déchets, voient s’affronter des positions difficilement conciliables.
L’exemple récent de la question des OGM a engendré une forte crispation dans le monde agricole accrue par la cacophonie gouvernementale : gel des autorisations pour le ministre Borloo, moratoire en discussion pour Nathalie Kosciusko-Morizet, question ouverte pour Michel Barnier, l’actuel ministre de l’agriculture ; dans tous les cas, le vote d’une loi dans ce domaine est acquis, elle renforcera les contrôles et il est prévu la constitution d’une haute autorité sur les biotechnologies. Bref devant ce qui leur semble être un diktat, les agriculteurs par l’entremise de la FNSEA, se sont retirés du Grenelle de l’environnement.
http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/279746.FR.php
http://www.lemonde.fr/web/panorama/0,11-0@2-3224,32-9[…]
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,36[…]
http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/2798[…]
En tous les cas, tout le monde devait rendre sa copie début octobre au ministre Jean-Louis Borloo ; avant cela, certaines ONG ont mis la pression, non seulement pour valider les synthèses devant être rendues au gouvernement mais aussi pour déterminer le fonctionnement du Grenelle en lui-même, auquel participeront bien sûr de nombreux ministres emmenés par le président de la République et le premier ministre mais aussi des personnalités extérieures invitées pour l’occasion : AL Gore, José Manuel Barroso (président de la commission européenne) ou encore Rajendra Pachauri (président du GIEC).
L’ONG Alliance pour la Planète a ainsi menacer de se retirer du dispositif sans une clarification tant sur la forme que sur le fond
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,36-953739@51-946550,0.html
http://www.lefigaro.fr/france/20070917.FIG000000140_la_france_se_pe[…]
http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/279395.FR.php
http://www.lefigaro.fr/sciences/20070912.FIG000000005_gre[…]
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-959155,3[…]
C’est fin septembre que les présidents des groupes de travail ont présenté leurs travaux respectifs à Jean-Louis Borloo et Nathalie Kosciusko-Morizet sous la forme d’une clé USB. Parmi les centaines de propositions, en vrac, on peut citer : la réduction de 10 km/h de la vitesse des voitures sur le réseau routier hors-agglomération, la pénalisation des voitures les plus polluantes, l’obligation pour les bâtiments neufs d’être à basse consommation à partir de 2015, 6% de la surface agricole utile réservée au biologique pour 2010 et un doublement pour 2020…
Parmi les propositions concernant l’éducation nationale, à noter plusieurs pistes : Michel Hagnerelle, doyen de l’inspection générale d’histoire-géographie, souhaite que l’EDD vise quatre objectifs :
-la généralisation (toucher l’ensemble de la scolarité)
-l’intégration dans l’ensemble du système éducatif
-La prise en compte des trois volets constitutifs du développement durable
-Une réflexion sur les formations professionnelles.
Pour cela il souhaite « l’inscription d’ici 2010 des questions de DD dans l’ensemble des programmes et leur prise en compte par toutes les disciplines ; l’inscription de l’EDD dans les projets d’école et d’établissements, un plan ambitieux et généralisé de formation de tous les acteurs du système éducatif ; une mobilisation concertée des partenaires de toutes natures, de nouveaux outils pédagogiques ». D’autre part le comité 21 demande une épreuve obligatoire d’EDD au brevet et au bac.
http://www.lemonde.fr/web/articleinteractif/0,41-0@2-959155,49-960038@51-946550,0.html
Etant donné que l’adjectif durable est désormais accolé à tous les secteurs de l’activité humaine, pourquoi ne pas parler d’architecture durable.
C’est le sujet de l’interview que Françoise-Hélène Jourda, architecte spécialiste de la construction écologique, a accordé au Monde.
Elle reconnaît que l’expression architecture durable n’a pas vraiment de sens mais que l’on peut envisager de construire en gérant mieux les ressources utiles à la construction : le sol, les matériaux, l’eau, l’air, l’énergie. Tout cela va selon elle modifier l’écriture de l’architecture car l’on va privilégier des bâtiments plus compacts.
Cette architecte interrogée sur le label haute qualité environnementale ne mâche pas ses mots en précisant qu’e ce label n’est pas efficace dans la mesure où pour l’obtenir il faut atteindre 4 objectifs sur 14.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3238,36-961115@51[…]
Les rapports des différents sont groupes sont disponibles sur le site dédié au Grenelle de l’environnement.
G1 : Lutter contre les changements climatiques et maîtriser la demande d’énergie.
http://www.legrenelle-environnement.fr/grenelle-environnement/IM[…]
G2 : Préserver la biodiversité et les ressources naturelles
http://www.legrenelle-environnement.fr/grenelle-environnement/IM[…]
G3 : Instaurer un environnement respectueux de la santé.
http://www.legrenelle-environnement.fr/grenelle-environnement/IM[…]
G4 : Vers des modes de production et de consommation durables
http://www.legrenelle-environnement.fr/grenelle-environnement/IM[…]
G5 : Construire une démocratie écologique :institutions et gouvernance .
http://www.legrenelle-environnement.fr/grenelle-environnement/IM[…]
G6 : Modes de développement écologique favorables à l’emploi et à la compétitivité.
http://www.legrenelle-environnement.fr/grenelle-environnement/IM[…]
Désormais la consultation publique est lancée ; les Français peuvent réagir du 28 septembre au 12 octobre aux propositions des six groupes. Les réactions sont vite tombées et certaines sont très offensives. Un exemple trouvé pour le groupe 1 :
« en ce qui concerne les éclairages nocturnes, je lis que ces derniers nous coûtent les yeux de la tête(…)pour une ville d’une centaine de milliers d’habitants, la facture est de 4-6 euros par habitant et par an. Construire un rond-point anglais coûte des dizaines de fois plus, la mise en place de feux tricolores est plus économique mais le lobby du BTP n’en veut pas : plus juteux de construire des ronds-points » (Salma)
Bien entendu, tous les messages n’ont pas un ton aussi polémique. Il faut quand même se poser la question de l’utilité de cette consultation. Qui va dépouiller les milliers de messages ? Que va-t-il en rester ?
http://www.legrenelle-environnement.fr/grenelle-environnement/spip.php?rubrique4
Les Français donnent aussi leur avis dans des sondages comme celui réalisé par l’institut LH2 qui révèle que 90% des Français seraient favorables au développement de l’énergie éolienne. 36% pense que celle-ci est un enjeu environnemental, 29% voit en elle une énergie essentielle pour une production d’énergie non-polluante, 15% comme créatrice d’emplois…
http://www.actualites-news-environnement.com/11992-francais-fa[…]
A ce jour plusieurs questions sont posées :
-Le Grenelle va-t-il déboucher sur des décisions concrètes fruit des travaux des six groupes ou les décisions sont-elles déjà en partie arrêtées ?
-Le Grenelle a-t-il une autre utilité que de réunir des acteurs ne se parlant pas d’habitude ? En effet, le Grenelle de l’environnement franco-français a-t-il un intérêt pour lutter contre des phénomènes mondiaux ?
Pour ce qui est de la première question, le document de travail présenté aux acteurs du Grenelle livre quelques pistes tout en restant relativement vague sur les sujets les plus polémiques.