Darcos bousculeWeek-end
obligatoire à l’école comme au collège. Week-end
chômé obligatoire sauf pour le ministre. Vendredi 28 septembre, Xavier
Darcos annonçait la suppression des cours du samedi matin à l’école
primaire dès la rentrée 2008. Dimanche 30, il étendait la formule au
collège.
Au
primaire, les 2 heures de cours du samedi matin seront supprimées dès
la rentrée 2008 partout pour les élèves. La semaine scolaire passe à 24
heures, l’année scolaire comportera 864 h de cours au lieu de 936. Pour
les enseignants, les 25ème et 26ème heures de cours restent dues. Ils
les utiliseront, à un moment encore inconnu, pour du soutien scolaire
auprès des enfants en difficulté. L’heure de concertation n’est pas
supprimée. Pour les écoles (26% en 2007) qui pratiquaient la
semaine de 4 jours, le grand changement, c’est qu’il n’y aura plus de
récupération sur les vacances. Cependant le ministre demande aux
communes de laisser les écoles ouvertes le samedi matin pour que puisse
y avoir lieu des activités d’accompagnement.
Le
ministre justifie sa décision par trois arguments : la confusion du
système actuel où les calendriers varient souvent à l’intérieur d’un
même département ; une charge horaire trop importante pour les écoliers
français ; la nécessité d’aider les écoliers en difficultés.
Au collège, le ministre demande que
les cours du samedi matin aient lieu le mercredi. Il n’y aura pas de
réduction horaire.
Les
réactions portent toutes sur le primaire et sont plutôt critiques, à
l’exception de la Peep. La Fcpe, première association de parents
d’élèves, appelle aux grands principes et demande que les heures de
soutien « soient affectées à tous les enfants selon le principe
d’égalité des citoyens devant le service public ». L’association
rappelle que l’horaire français tient compte de l’Eps et des arts, ce
qui n’est pas forcément le cas à l’étranger, et demande si le ministre
souhaite les externaliser.
Du
coté syndical, le Snuipp estime que les 2 heures de soutien sont
insuffisantes et demande une transformation de l’école. Pour le
Se-Unsa, la mesure est « un non-sens pédagogique » : « tous les
spécialistes savent que la fatigue accumulée dans une journée de 6
heures, déjà trop longue, diminue les capacités d’apprentissage,
particulièrement pour les enfants en échec. Ce sont pourtant eux qui
verraient leur journée rallongée par des activités de soutien délivrées
par les enseignants ! ». Le Sgen-Cfdt évoque un « bricolage » ministériel.
C’est
aussi sur le terrain des rythmes que La Jeunesse au Plein Air (JPA)
critique l’initiative de Darcos. « Nous avons évalué sur le terrain les
effets catastrophiques de quatre jours secs » écrit sonprésident F.
Testu dans Libération. Un week-end a sur les enfants (surtout ceux qui
subissent les rythmes de leurs parents qui n’ont pas d’occupations) des
conséquences qui durent jusqu’au lundi, voire mardi midi. Ils ont du
mal à s’y remettre. Le vendredi est perturbé à cause d’un phénomène
d’aspiration (l’attente du samedi). La semaine des quatre jours casse
le rythme des enfants… Enfin, seuls certains enfants peuvent profiter
d’activités intéressantes le mercredi, ce qui accroît les injustices
culturelles et sociales ». Certains maires, même UMP, ont aussi réagi
négativement, tel J. Myard qui dénonce « une décision nationale et
jacobine ».
Car
là où se retrouvent tous les acteurs du débat, c’est pour dénoncer la
décision unilatérale du ministre. Sur un sujet qui a un impact sur la
vie quotidienne de millions de personnes et qui faisait débat, X.
Darcos a tranché seul et sans aucune consultation. Est-ce possible en
démocratie ?
Synthèse
sur la situation actuelle (pdf)
Déclaration
ministérielle
Communiqué
SGEN-CFDT
Communiqué
Se-Unsa
Communiqué
Fcpe
Communiqué
Snuipp
Testu
dans Libération
Pour l’Andev la semaine de 4 jours est
incohérente et défavorable aux apprentissages
« La
diminution du nombre d’heures du service public de
l’enseignement
apparaît d’autant plus étonnante qu’elle est contradictoire avec
différentes orientations récentes ». Pour l’Andev, association des
directeurs de l’éducation des villes de France, la suppression des
cours du samedi matin n’est pas que néfaste pour les enfants. Elle
augmente les charges des communes.
« Ce
n’est sans doute pas l’intérêt des enfants qui a prévalu dans cette
orientation » affirme l’association. L’Andev rappelle plusieurs études
sur les rythmes scolaires, dont celle du CNRS (2003) : « ayant concerné
800 enfants de CE2 et CM2 (elle) tire les enseignements suivants :
globalement, les enfants sont particulièrement fatigués le lundi matin,
surtout en semaine de 4 jours du fait du long week-end; il y a de
grosses variations de forme des élèves dans la semaine lorsqu’il y a un
« trou » le mercredi ». Pour l’Andev ce n’est pas le nombre d’heures de
cours qui est trop important mais le nombre de jours de classe qui est
trop faible et par conséquent les journées qui sont trop longues.
La
suppression des cours du samedi matin semble aussi incohérente aux yeux
de l’Andev. Elle contredit la politique ministérielle la plus récente.
« Le Ministre appelait récemment les enseignants à effectuer réellement
les trois heures de sports prévus dans les programmes, et certaines
académies ont même incité les écoles à pratiquer 4 heures de sports
hebdomadaire. De l’autre le ministre dans sa déclaration
insiste
sur les enseignements fondamentaux « tous les enfants entrant en 6ième
doivent savoir lire écrire et compter ». Tout cela devra donc être mis
en œuvre par les enseignants dans le cadre d’un nombre d’heure
d’enseignement diminué ».
Surtout,
la décision ministérielle ignore les contrats éducatifs locaux et
l’action des communes. » Une telle décision a des conséquences
importantes pour les communes notamment en terme d’organisation de leur
personnel. Les communes qui pour la plupart organisent de nombreuses
activités le matin, le midi le soir, les mercredis
et les
vacances scolaires interviennent déjà auprès des enfants sur un temps
beaucoup plus long que l’éducation nationale. La plupart, en complément
de l’école sont aussi présentes dans le soutien scolaire en mettant en
place des études surveillées et de l’accompagnement à la scolarité.
L’organisation de nouvelles activités à l’école le samedi
matin
augmenterait donc encore leurs responsabilités auprès des enfants et
les coûts de prise en charge des enfants. C’est pourquoi l’Andev estime
que les heures d’enseignement libérées devraient être mise à
la
disposition des communes en compensation de ce désengagement de l’Etat ».
La
décision unilatérale du ministre intervient au moment où il appelle les
collectivités locales à participer financièrement au programme
d’accompagnement scolaire. Pourra-t-il le mener à bien sans l’aide
communale ?
L’Andev
Que faire des deux heures libérées ? Le
débat commence…
« Il
est en effet plus que temps qu’une véritable concertation s’engage. La
mise en œuvre de la suppression des cours du samedi matin, fixée à la
rentrée 2008, en laisse largement la possibilité » déclare le Se-Unsa
dans un communiqué. Le syndicat « demandera à Xavier Darcos
l’installation d’un comité national de pilotage réunissant tous les
partenaires (représentants des personnels, parents, municipalités,
associations complémentaires de l’Ecole…) ». Il semble avoir
été
entendu puisque le ministre annonce l’ouverture de discussions.
Recevant
le Snuipp, il a annoncé qu’une « journée banalisée » début 2008
permettrait aux enseignants des écoles de discuter des projets de
nouveaux programmes attendus pour la rentrée 2008.
La
concertation est également demandée par la Peep. L’association de
parents d’élèves demande un rééquilibrage des rythmes scolaires en des
termes qui témoignent d’un certain raidissement pédagogique : » il est
important d’équilibrer les journées en respectant les rythmes propres à
l’enfant, en faisant alterner les apprentissages purement
intellectuels, avec les activités d’éveil et sportives ». La Peep
demande aussi » l’affectation de moyens pour permettre à tous les
enfants d’avoir accès, en dehors du temps scolaire, aux arts, aux
activités sportives et culturelles ». Mais pas intellectuelles ?
Communiqué
Se-Unsa
Communiqué
Peep
à
paraître le 1er novembre sur le Café : accompagnement scolaire, un dossier
de synthèse.