Par Norbert Troufflard
Les libertés en danger selon la CNIL
« Les textes législatifs et réglementaires qui ont été adoptés depuis 2001 ont abouti à la mise en place de nouveaux systèmes plus intrusifs du point de vue des libertés : fichiers, procédés de surveillance, biométrie, etc. Même si beaucoup de ces textes ne sont en réalité pas appliqués faute de moyens, je vois là un danger ». Dans Le Monde, le président de la Commission nationale Informatique et Libertés (CNIL) tire la sonnette d’alarme.
« On élargit constamment le champ d’action des fichiers. Celui des délinquants sexuels est un bon exemple. On est passé insensiblement d’un fichier technique répondant à un objet précis, fixé par le premier cadre législatif, à un fichier général. Quand la CNIL dit que le champ visé par un fichier est trop large, le législateur rétorque qu’il ne s’agit que d’y ajouter un degré supplémentaire. Or cela finit par changer sa nature… Dans quinze ans, nous risquons de nous réveiller dans une société où nous aurons consenti des abandons importants de notre sphère privée et de nos droits fondamentaux ».
Article
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-897133@51-931629,0.html
La CNIL met en garde l’opinion
« Chacun admet aujourd’hui que l’on ne saurait continuer à agir, dans le domaine de la protection du capital naturel, sans risquer d’amputer celui-ci et de mettre en cause sa pérennité. De la même manière, s’agissant du capital représenté par notre identité, notre vie privée et la protection de nos droits fondamentaux, nous devons être conscients que les atteintes qui lui sont portées, de manière irréversible, mettent en cause sa pérennité ». Le 27ème rapport d’activité de la Cnil est doublement alarmant.
D’une part il montre les graves pressions qui s’exercent sur la Commission nationale de l’informatique et des libertés. « Alors même que notre Commission est ainsi confrontée à un accroissement considérable de son champ d’intervention, voici que son action et, dans une certaine mesure, son existence même ont été fortement mises en cause, et ce de deux manières » déclare le président de la Cnil, Alex Türk.
Un décret pris en mars 2007 a rendu plus difficile l’action de la commission. Le texte » comporte un certain nombre de dispositions qui tendent à alourdir à l’excès les procédures, à allonger les délais de réponse des administrations aux citoyens et, parfois, à limiter l’autonomie de fonctionnement de la CNIL ». Il a été suivi de restrictions financières qui concrètement ligotent ses activités.
D’autre part,la Cnil dénonce les menaces sur nos libertés. « La société de surveillance menace notre capital de protection des données et nos libertés » estime la Cnil qui évoque le développement de la biométrie et la vidéosurveillance.
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/074000422/index.shtml
L’enseignement des sciences face à un tournant ?
« Ces dernières années, de nombreuses études ont souligné le déclin alarmant de l’intérêt pour les sciences et les maths chez les jeunes… Si rien n’est fait, la capacité de l’Europe à innover et la qualité de sa recherche vont décliner ». C’est le tocsin que sonne le rapport Rocard sur l’enseignement des sciences réalisé pour la Commission européenne.
C’est que le déclin des études scientifiques touche presque tous les pays européens. Ainsi, en France, le nombre d’étudiants en sciences fondamentales est passé de 196 000 en 2000 à 169 000 en 2005, en SVT de 82 000 à 72 000. Seule l’Angleterre semble avoir renoué avec la croissance dans ces domaines.
Pour le rapport Rocard, c’est l’enseignement des sciences qui doit changer. Des expériences menées aussi bien au primaire qu’au secondaire montrent qu’il faut passer d’une démarche déductive à une méthode basée sur le questionnement, l’Inquiry based science education (IBSE). Le rapport évoque l’expérience de La main à la pâte, un programme français d’expérimentation au primaire ou encore les programmes Pollen et Sinus Transfer. Tous montrent qu’il est possible d’éveiller l’intérêt des élèves et par suite le taux de réussite. « Cette méthode est particulièrement efficace pour les étudiants qui témoignent de peu de confiance en eux et sont issus de milieu désavantagé » écrit le rapport. La méthode IBSE a un autre intérêt c’est d’ouvrir l’école sur son environnement et de responsabiliser les acteurs locaux dans l’objectif du relèvement.
Le rapport Rocard vient après bien d’autres textes. Ainsi récemment en France, le rapport du Hait conseil de la science et de la technologie, le rapport de l’inspection générale sur l’épreuve expérimentale de maths au bac , ou , encore, celui sur l’enseignement de la physique et de la chimie. On pourrait tout aussi évoquer les rapports, un peu plus anciens, Charvet ou Blandin Renard.
Cette succession de textes montre des résistances solides peut-être insurmontables. C’est que la démarche déductive a une histoire scolaire, qu’elle correspond à l’enseignement reçu en université et donc participe de l’identité disciplinaire. C’est qu’elle correspond à un type de rapport pédagogique. C’est qu’elle facilite la sélection or celle-ci en France se fait précisément par les maths. C’est que le recadrage de l’enseignement des sciences interroge fortement le découpage disciplinaire en ce qu’il incite à regrouper les disciplines au moins au collège. C’est enfin que cette entrée de l’Europe dans la prescription pédagogique interfère avec un monopole étatique et une conception fermée de l’Ecole.
Enfin d’autres facteurs jouent également dans l’intérêt des jeunes envers les sciences. Si l’Angleterre connaît un renouveau des vocations, c’est aussi parce que des incitations financières accompagnent les étudiants en sciences fondamentales.
http://cordis.europa.eu/fetch?CALLER=FR_NEWS&A[…]
Rapport du Haut conseil de la science et de la technologie
http://cafepedagogique.net/lemensuel/larecherche/Pages/82LutterDes[…]
Le rapport de l’Inspection Générale sur l’expérimentation de l’épreuve pratique
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/sciences/math[…]
« L »image des sciences physiques et chimiques au lycée »
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/28032007Accueil.aspx