Par Claire Balas
Si le dossier sur la littérature de jeunesse proposé au mois de mai 2007 dans nos pages CDI-documentation du Café Pédagogique vous a mis en appétit, voici une formation intéressante à découvrir… à travers le vécu de deux documentalistes : le Master Lettres, Littératures & Civilisation Spécialité Littérature de Jeunesse -à distance.
Mieux connaître la littérature jeunesse
Mieux connaître la littérature de jeunesse, son histoire, ses évolutions, sa situation éditoriale, mais aussi se donner le temps d’analyser les caractéristiques de quelques œuvres phares d’hier et d’aujourd’hui, tel est l’objectif de la formation proposée par l’université du Maine (sise au Mans).
Cette formation entièrement par correspondance via un campus numérique est particulièrement adaptée pour des professionnels en activité dans toute la France voire le monde entier. La première année, accessible avec un diplôme de niveau bac+3, se décompose en deux modules d’enseignements et comprend également la rédaction d’un mémoire d’environ cent pages. La deuxième année, professionnalisante, donne le choix entre trois orientations : Enseignement/Edition et Librairie/Bibliothèque.
Les brochures pour l’année universitaire 2007-2008 sont consultables à l’adresse suivante :
Retour sur une expérience réussie
Julia Thatje et Irène Manssens, respectivement professeur documentaliste et professeur de lettres d’un collège de l’Académie de Rennes ont toutes deux suivi avec bonheur et profit ce master :
L’expérience personnelle de Julia, grande dévoreuse d’histoires depuis l’âge de 12 ans l’a amené à se tourner vers la littérature de jeunesse, et à la retrouver avec enthousiasme dans les rayons des CDI, lors de la préparation du CAPES de Documentation.
Irène a découvert quant à elle ce domaine littéraire au contact des élèves et par tâtonnements, la littérature de jeunesse n’étant en effet pas abordée lors de la formation au CAPES de Lettres.
C’est à la fois une approche plus structurée et un certain recul théorique que toutes deux ont recherché à travers ce master.
Malgré la difficulté d’une complète implication et d’une planification entre vie professionnelle, familiale et poursuite d’études, cette formation leur a permis d’acquérir ce recul théorique à travers la découverte d’auteurs et la pratique de méthodes d’analyses, à la fois d’œuvres » classiques » de littérature de jeunesse (Sans famille, Voyage au centre de la terre), mais aussi de supports moins utilisés dans l’enseignement secondaire tels les albums.
Ces acquis n’ont pas été sans conséquences dans leurs pratiques quotidiennes.
Pour Irène, le premier impact a sans doute été de légitimer ce qu’elle faisait déjà » au feeling » (lecture d’albums par exemple), mais aussi de repenser plus globalement les dispositifs de lecture grâce à des pratiques expérimentées ailleurs et découvertes lors des cours. Quant à Julia, après un mémoire portant sur les romans pour les adolescents dits » de société « , elle envisage de poursuivre en master 2 dans le domaine de l’édition pour diversifier et pourquoi pas ( ?) envisager une reconversion.
Le bilan est donc nettement positif pour toutes les deux , l’ouverture littéraire et culturelle de la formation leur apportant légitimation, assise professionnelle et envie de découverte… Laissons ainsi la parole à Irène, qui évoque ici un coup de cœur repéré lors de cette année :
« Faire le Mort de Stefan Casta, est une œuvre exigeante qui pose la question de la frontière entre littérature de jeunesse et « littérature tout court ». Dans ce roman, le narrateur, violemment agressé par ses » amis « , sans que le lecteur puisse réellement comprendre pourquoi, couvre ses bourreaux alors qu’il a frôlé la mort. Ce roman invite à s’interroger sur ce qu’on attend réellement de la littérature jeunesse et de quelle manière on peut l’accueillir en classe quand elle ne respecte pas une certaine norme « morale ».