Par Norbert Troufflard
L’enseignement des sciences face à un tournant ?
« Ces dernières années, de nombreuses études ont souligné le déclin alarmant de l’intérêt pour les sciences et les maths chez les jeunes… Si rien n’est fait, la capacité de l’Europe à innover et la qualité de sa recherche vont décliner ». C’est le tocsin que sonne le rapport Rocard sur l’enseignement des sciences réalisé pour la Commission européenne.
C’est que le déclin des études scientifiques touche presque tous les pays européens. Ainsi, en France, le nombre d’étudiants en sciences fondamentales est passé de 196 000 en 2000 à 169 000 en 2005, en SVT de 82 000 à 72 000. Seule l’Angleterre semble avoir renoué avec la croissance dans ces domaines.
Pour le rapport Rocard, c’est l’enseignement des sciences qui doit changer. Des expériences menées aussi bien au primaire qu’au secondaire montrent qu’il faut passer d’une démarche déductive à une méthode basée sur le questionnement, l’Inquiry based science education (IBSE). Le rapport évoque l’expérience de La main à la pâte, un programme français d’expérimentation au primaire ou encore les programmes Pollen et Sinus Transfer. Tous montrent qu’il est possible d’éveiller l’intérêt des élèves et par suite le taux de réussite. « Cette méthode est particulièrement efficace pour les étudiants qui témoignent de peu de confiance en eux et sont issus de milieu désavantagé » écrit le rapport. La méthode IBSE a un autre intérêt c’est d’ouvrir l’école sur son environnement et de responsabiliser les acteurs locaux dans l’objectif du relèvement.
Le rapport Rocard vient après bien d’autres textes. Ainsi récemment en France, le rapport du Hait conseil de la science et de la technologie, le rapport de l’inspection générale sur l’épreuve expérimentale de maths au bac , ou , encore, celui sur l’enseignement de la physique et de la chimie. On pourrait tout aussi évoquer les rapports, un peu plus anciens, Charvet ou Blandin Renard.
Cette succession de textes montre des résistances solides peut-être insurmontables. C’est que la démarche déductive a une histoire scolaire, qu’elle correspond à l’enseignement reçu en université et donc participe de l’identité disciplinaire. C’est qu’elle correspond à un type de rapport pédagogique. C’est qu’elle facilite la sélection or celle-ci en France se fait précisément par les maths. C’est que le recadrage de l’enseignement des sciences interroge fortement le découpage disciplinaire en ce qu’il incite à regrouper les disciplines au moins au collège. C’est enfin que cette entrée de l’Europe dans la prescription pédagogique interfère avec un monopole étatique et une conception fermée de l’Ecole.
Enfin d’autres facteurs jouent également dans l’intérêt des jeunes envers les sciences. Si l’Angleterre connaît un renouveau des vocations, c’est aussi parce que des incitations financières accompagnent les étudiants en sciences fondamentales.
http://cordis.europa.eu/fetch?CALLER=FR_[…]
Rapport du Haut conseil de la science et de la technologie
http://cafepedagogique.net/lemensuel/larecherche/Pages/82Lu[…]
Le rapport de l’Inspection Générale sur l’expérimentation de l’épreuve pratique
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/sciences/math[…]