« A-t-on raison de persister à vouloir mener 80 % d’une classe d’âge au bac ? Oui, si l’objectif est de donner à tous un niveau commun de formation. Encore faut-il le définir. Les comparaisons internationales montrent que les facteurs affectant le plus la cohésion sociale ne relèvent pas tant du niveau d’instruction moyen de la population que de l’égalité de niveau entre chacun : plus les écarts se creusent, plus les effets sont négatifs et se ressentent, par exemple, en termes de violence. Or, plus on élève le niveau, plus il est difficile de l’atteindre, et plus on prend le risque que subsiste un noyau d’exclus. C’est le reproche à faire aux 80 % : quid des 20 % restants ? » Dans L’Humanité Marie Duru-Bellat jette un regard critique sur la course au bac et aux diplômes. » Encore une fois, cela profite à ceux qui sont déjà en tête. En outre, je m’interroge : ces jeunes, qui sont en maîtrise, y prennent-ils du plaisir ? Beaucoup disent qu’ils n’ont pas le choix, parce qu’on leur a dit que pour trouver un emploi il fallait un bac + 4″.
Faut-il élever le nombre de reçus au bac ? A-t-on besoin de davantage de diplômés ? Marie Duru-Bellat, dans son livre sur « L’inflation scolaire » juge que non. La question fait débat. Ainsi pour A. Schleicher, patron de l’éducation à l’OCDE, » les économies les plus compétitives seront celles qui produiront le plus d’information et de connaissances… On pourrait penser qu’avec un tel développement de l’éducation il y aurait une baisse de la valeur des diplômes. A l’évidence c’est le contraire. A l’exception de l’Espagne, les revenus et les autres variables qui nous informent sur la valeur sur le marché du travail de l’éducation ont augmenté plus vite que l’offre depuis 1998. La demande de personnel qualifié augmente plus vite que la fourniture par nos universités ». Retrouvez dans le Café les éléments du débat.
L’Humanité
http://www.humanite.fr/journal/2006[…]
Dossier spécial sur l’inflation scolaire