Par François Jarraud
Les concours
Le B.O. spécial n°3 du 17 mai 2007 publie les programmes de l’agrégation (interne et externe) et du capes (pas d’interne). A l’agrégation externe le programme concerne :
Épreuve n° 1 : Activités physiques et sportives et civilisations. Fonctions, Valeurs et Enjeux de l’école au XXe siècle (1920-1981) : place des activités physiques et sportives. Les pédagogies corporelles à l’école, entre discipline et libération ; L’éducation physique scolaire et les transformations des cultures technique et scientifique ; – Les rapports entre l’économie, le sport, et l’EPS.
Épreuve n° 2 : Éducation physique et sportive et développement de la personne. Les pratiques d’éducation physique et sportive en relation avec les connaissances scientifiques: . L’effort, le goût de l’effort ; la gestion de l’effort et de la dépense énergétique ; Développement et acquisition des habiletés motrices chez l’enfant et l’adolescent ; Activité physique, santé et bien-être. Épreuve d’admission : pas de changement, cf. B.O. spécial n°3 du 22 mai 2003.
Pour le CAPEPS, le programme publié au B.O. spécial n° 5 du 19 mai 2005 est reconduit pour la session 2008.
http://www.education.gouv.fr/bo/2007/special3/default.htm
Lectures d’été
Former les enseignants
« On ne devient bon enseignant qu’en engageant un travail réflexif sur sa pratique ». Cette réflexion de Thierry Choffin (Iufm Créteil) est valable pour tous les enseignants. Mais ajoutons que l’Eps a des spécificités qui rendent son apprentissage et son exercice plus complexe. C’est pourtant l’analyse de cette formation que tente Contre-pied dans son numéro d’avril 2007.
Car, explique Claire Pontais, il n’y a plus « de modèle d’enseignant idéal ». Il s’agit plutôt de chercher à saisir la cohérence de fonctionnement des enseignants entre théories plus ou moins conscientes et pratiques. Une tâche rendue plus difficile par la complexification du métier et par la raréfaction de ce que Jean-Luc Roger appelle le « genre professionnel ».
Tout le numéro bascule entre ces deux pôles. Entre les réflexions des formateurs et chercheurs et celles des étudiants et des enseignants. Il s’ouvre également aux tendances de la formation en Europe.
Un numéro extrêmement riche, qui fait le point sur les espoirs,les inquiétudes, les hésitations d’une formation en renouvellement régulier depuis 40 ans et qui cherche encore sa place dans l’éducation nationale.
Former les enseignants, Contre-pied n°20, avril 2007, 96 pages.
http://www.contrepied.net/parution.php
L’intégration des élèves handicapés
Dans un dossier qui rend compte d’un stage académique, Patrick Dumont montre les enjeux de l’intégration, les problématiques médicale, juridique et institutionnelle. Toute une partie de cet important dossier est dédié aux illustrations pédagogiques avec une dizaine d’exemples et de réflexions.
http://www.ac-creteil.fr/eps/Pedagogie/Sante/Telech/FPC_2007_handicap_DUMONT.pdf
Une discipline entre embarras et inventions
« Ce n’est pas le badminton lui-même qui donne du sens à l’enseignement du badminton, ce sont les objectifs que l’on poursuit avec l’enseignement du badminton. C’est la maîtrise de soi, la connaissance de soi au travers des activités, l’apprentissage de la confrontation avec les autres dans les Apsa, mais aussi la réalisation de soi dans la maîtrise de l’activité en compétition : voilà ce qui fixa la part de l’EPS dans la poursuite des finalités de l’école, là se trouve son identité ». En introduction à ce numéro 441 des Cahiers pédagogiques, l’inspecteur général Alain Hébrard pose d’emblée la question de l’identité de l’EPS.
C’est que cette discipline a énormément évolué ces dernières années et qu’elle se cherche encore un peu. Ainsi Benoît Huet analyse les nouveaux programmes du lycée. D’identité il sera d’ailleurs questions dans de nombreux articles qui montrent comment l’EPS aide au développement de la personnalité des élèves et n’est pas sans effets sur celle des enseignants. Le numéro concède une large part à la gestion des émotions dans le cours d’EPS.
D’autres thèmes font aussi débat : ainsi la place des filles : Geneviève Cogérino appelle à multiplier les formations pour que les enseignants d’EPS prennent mieux en compte la mixité.
Une large partie du numéro est consacrée à des exemples de pratiques, de l’école primaire au lycée. Ainsi Laurent Mousset montre comment une équipe d’enseignants a utilisé l’enseignement de détermination d’EPS pour faire réfléchir et d’une certaine façon scolariser des élèves d’un quartier difficile.
http://www.cahiers-pedagogiques.com/numero.php3?id_article=2232
Contre-pied n°18
« En tant que discipline d’enseignement minorée… dans le système éducatif, l’EPS se trouve a carrefour de plusieurs crises : celle des services publics jugés trop coûteux, celle de l’école, reproductrice des inégalités sociales…, celle du sport de plus en plus soumis au règles mercantiles… De plus l’EPS continue de vivre une crise intrinsèque liée à son histoire propre, quant à sa capacité à dépasser de façon durable les dérives de l’empirisme, de l’animation sportive, d’une formation de « base » et à construire une discipline scolaire un peu plus sûre d’elle-même ». En ouvrant le numéro 18 de Contre-pied, la revue du Snep, Jean-Pierre Lepoix présente une discipline inquiète (par exemple face au socle commun). Pourtant ce numéro, qui rend compte du Forum international de l’éducation physique et du sport, organisé du 4 au 6 novembre 2005 à Paris, montre une discipline bien vivante et même pétillante.
Assez exhaustive, la revue (accompagnée d’un cédérom) rend compte des nombreuses interventions. Une large partie est consacrée au comptes-rendus de pratiques : course d’orientation en 6ème, cirque en EPS, escalade, rugby, volley etc. Chacune renvoie aux interrogations d’une discipline qui questionne ses pratiques bien davantage que ses consœurs.
De quoi parle-t-on en fait ? De la place de l’EPS dans l’Ecole bien sûr. Mais aussi d’une EPS conçue pour l’émancipation et l’épanouissement de l’élève, du travail sur l’image de soi, de l’installation de la mixité. Alors si crise il y a, la revue témoigne qu’elle sera surmontée. Un numéro à dévorer et à conserver.
http://www.contrepied.net/parution.php
Réfléchir à ses pratiques
L’EPS, l’école et la parité
« L’objet de cette recherche est donc d’examiner les écarts de réussite en EPS au baccalauréat, contradictoires avec les bons résultats scolaires des filles décrits par ailleurs. Il s’agit notamment d’analyser les mécanismes scolaires qui conduisent les filles et les garçons à ne pas développer un même type de motricité ou qui limitent les filles dans l’exploitation de leurs réelles possibilités physiques ». La thèse de Cécile Vigneron s’attaque avec efficacité à un tabou de l’éducation nationale : l’absence de parité et, au-delà sa participation à la fabrication des genres.
S’appuyant sur une enquête auprès de plus de 1000 élèves, elle montre précisément comment les pratiques scolaires pénalisent les filles en EPS. » Par les choix de contenus enseignés en EPS, conçus à partir d’une analyse asexuée des techniques sportives, par les effets d’attente et les représentations spécifiques des enseignants à l’égard des élèves des deux sexes, l’école accentue les écarts de résultats entre garçons et filles initialement constitués par les effets de la socialisation familiale et de l’environnement culturel ». Par exemple, dans les apprentissages l’accent est mis toujours sur l’attaque, les apprentissages techniques sont relégués, les filles confinées sur le terrain dans des espaces périphériques, le rôle des défenseurs dévalorisé etc.
Ce qui amène C. Vigneron à poser la question d’une éducation sportive équitable. » L’EPS doit-elle se construire à partir des pratiques sportives, majoritairement masculines, marquées par la compétition et l’affrontement sous couvert de leur universalité en n’ignorant pas que derrière la mondialisation des pratiques sportives se dresse aussi une commercialisation des pratiques masculines ou doit-elle souscrire aux aspirations spécifiques des filles et édulcorer les pratiques culturelles pour préserver les filles de la compétition, de l’agressivité voire même s’en tenir à l’enseignement d’activités sportives typiquement féminines ? Une troisième voie est proposée ici qui s’intéresse réellement au sujet qui apprend, qui cherche à extraire des pratiques sociales de référence des éléments essentiels mais surtout diversifiés. Ne pas prendre en compte les différences génétiques et culturelles des filles au nom d’une égalité affirmée c’est en définitive appuyer et encourager une inégalité de fait. Construire une équité dans le cadre de la mixité c’est transformer les représentations et la motricité de tous, sans mettre en place un enseignement à deux vitesses. C’est aussi concevoir que des savoirs différents puissent être d’égale valeur même s’ils ne prennent pas la même expression ».
http://tel.ccsd.cnrs.fr/halshs-00005202
http://cafepedagogique.studio-thil.com/expresso/index150906.php
Préparer la rentrée
La course d’orientation
Cet important dossier de J.L. Etoré situe la course d’orientation dans les programmes de l’école au collège, propose une analyse didactique de l’activité, montre comment construire les apprentissages et les évaluer. Une document de référence à conserver sur son disque dur.
http://webetab.ac-bordeaux.fr/Pedagogie/EPS/2005/kmcriie/co/CO_JLE.pdf
Sur le Café : dossier course
http://www.cafepedagogique.org/disci/eps/78.php#21
La boxe française
Une autre étude de J.-L. Etoré résultat d’un stage en 2004. Il pose les questions de l’observation et des activités. Mais on appréciera qu’il n’omette pas les problèmes affectifs liés spécialement à cette activité : agression, fuite, recroquevillement, trois attitudes où le cerveau primitif a sa place.
http://webetab.ac-bordeaux.fr/Pedagogie/EPS/2005/kmcriie/bf/FPC_JLE.pdf
Le football
Comment créer une activité éducative avec l’activité football ? Guillaume Courtaud propose des situations pour les élèves débutants ou experts et propose des pistes pour l’évaluation.
http://www.ac-creteil.fr/eps/APSA/activitesSPORTSCO/Telech/FB-fpc2006-DocComplet-courtaud.doc
Quelques dossiers publiés récemment par le Café :
La question des décharges
« Cette déferlante de suppressions de forfaits AS (qui va déstabiliser de façon durable les Associations Sportives et le sport scolaire dans son ensemble) retire tout crédit aux dispositions mentionnées à l’article 3 de l’arrêté du 12 février 2007. La réalité des faits dévoile toute l’hypocrisie qui consiste à prétendre que c’est en commençant par supprimer des moyens aux Associations Sportives rencontrant « des difficultés de fonctionnement » ou dont « l’activité est faible » que celles-ci retrouveront de la vigueur grâce à « un projet de développement » dont l’élaboration est confiée à celles et à ceux – les enseignant-e-s d’éducation physique et sportive – auxquelles on aura préalablement retiré un (ou des) forfait(s) AS ! ». Dans une lettre adressée au ministre de l’éducation nationale le 9 mars 2007, le Snep détaille les effets de la modification des décrets de 1950 sur le nombre de postes en EPS. Pour 8 académies, ce sont 1200 forfaits de 3 heures qui sont supprimés à la rentrée 2007, représentant 200 emplois.
Le Snep craint également « l’effet d’entraînement » de la réduction des DGH : les chefs d’établissement ne seront-ils pas tentés d’utiliser les heures d’association sportive pour ajuster telle ou telle discipline ?
Les heures de coordination sont elles aussi menacées. » Si on considère l’attitude déjà adoptée par les recteurs des académies de Versailles, Rouen, Dijon, Besançon, Poitiers, Montpellier, Guyane, Guadeloupe, 1800 heures qui auraient dû revenir spécifiquement à la coordination EPS en application de la circulaire du 5 décembre 1962 et de la note de service 82-355 du 16 août 1982 sont « retirées » ou « supprimées ». Soit 100 emplois de professeur d’EPS ». Le Snep demande le retour des 3 heures d’AS et la reconnaissance de la fonction de coordonnateur.
A l’origine de cette hécatombe l’arrêté du 12 février 2007 qui met en œuvre l’article 5 du décret du 25 mai 1950 en fixant de nouvelles modalités pour l’obtention des 3 heures d’association sportive. » Le chef d’établissement fixe pour l’année scolaire la composition du service de chaque enseignant d’éducation physique et sportive en fonction de l’activité de l’association sportive… L’activité de l’association sportive s’apprécie au regard des critères suivants : le programme de l’association sportive ; le nombre d’élèves licenciés pratiquants ; le nombre d’élèves licenciés participant aux rencontres et aux compétitions sportives organisées par l’Union nationale du sport scolaire ; l’éventuelle mutualisation par convention de certaines activités sportives entre établissements ». Les heures ne sont donc plus inscrites d’emblée dans les services et l’absence de seuils objectifs permet de gérer les enveloppes horaires en fonction des contraintes budgétaires.
Le texte est paru suffisamment inquiétant pour que les deux associations de parents d’élèves, Peep et Fcpe, s’associent aux démarches du Snep pour obtenir le retour de ces 3 heures jugées nécessaires au maintien du sport scolaire.
En juin, le président Sarkozy a annoncé son intention de supprimer les décrets Robien et donc de rétablir ces heures. On attend les textes.
http://www.snepfsu.net/actualite/lettre/09mars07.php
http://www.education.gouv.fr/bo/2007/8/MENH0700235A.htm
http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=MENH0700231D