François Jarraud
Et si la triche avait du bon ? A quelques heures du bac, on ne devrait peut-être pas le dire : le plagiat fait débat. Cette pratique condamnée et condamnable trouve des défenseurs et des arguments. Et c’est peut-être à juste titre.
Il est intéressant de voir que les défenseurs du plagiat se défendent au nom de la liberté. En Angleterre, les entreprises de vente de devoirs en ligne s’insurgent contre la décision de Google de refuser leur publicité, décision qui n’est d’ailleurs toujours pas effective. L’argument des compagnies c’est la liberté d’entreprise et le fait qu’il vaut mieux un marché légal qu’un marché noir. Aux Etats-Unis, c’est au nom du droit de propriété intellectuelle que 4 lycéens ont porté plainte contre le principal site de reconnaissance des plagiats, Turnitin ! Les lycéens font valoir que le service utilisé par leur lycée archive leurs travaux et peut les rediffuser sans leur accord.
Si on est là au comble du paradoxe, c’est qu’en fait le plagiat interroge la société sur le fond et non dans le droit. Le plagiat pose de façon scandaleuse la question de l’égalité. Certains devoirs vendus en ligne peuvent atteindre 5 000 dollars, tous coûtent au moins une vingtaine de dollars. Les tricheurs mettent scandaleusement à nu la question de l’égalité des chances. Pour autant on sait bien que celle-ci n’est pas respectée dans la classe dès lors que l’enseignant donne du travail à la maison. Combien de devoirs, de tout temps, ont été faits à la maison avec l’aide des parents dans les familles favorisées ?
Alors acceptons que le plagiat interroge aussi l’Ecole. Plus précisément il fait réfléchir à ce qu’elle veut évaluer. Evaluer un travail fait à domicile ou uniquement un travail sur table ? Noter le travail qui est rendu ou évaluer les capacités mises en œuvre par l’élève pour fabriquer son devoir ? Une partie de l’irritation provoquée par les IDD et les TPE vient peut-être de la capacité contestataire de leur mode d’évaluation. Une autre interrogation est posée par les 4 galopins américains qui poursuivent Turnitin. Ils protestent contre le fait que leur lycée leur impose ce contrôle. Autrement dit ils posent la question de la confiance dans la relation pédagogique. Peut-on enseigner et apprendre dans la méfiance ?
Soyons donc reconnaissants aux tricheurs de demander à l’Ecole sans cesse d’affronter ses défis. Mais gare à eux !
La triche aux Etats –Unis
http://www.edweek.org/ew/articles/2007/05/09/36plagiarism.h26.html
Le plagiat en Angleterre
http://news.bbc.co.uk/1/hi/education/6680457.stm
Que faire face à la triche ?
http://cafepedagogique.net/lemensuel/laclasse/Pages/82Triche.aspx