« Le choix des biocarburants pour l’agriculture relève du pari, tant par les promesses de gain, que par les risques encourus. Ce pari est tentant ». L’association Notre europe, un think tank pro-européen fondé par Jacques Delors, étudie l’effet du développement des biocarburants sur la sécurité alimentaire des européens et la politique agricole commune de l’Europe.
Pour Josef Scmidhuber, auteur du rapport, les biocarburants créeraient un nouveau rapport entre régions agricoles et urbaines. Les premières verraient leurs revenus augmenter alors que les secondes seraient en proie à la hausse des produits alimentaires et énergétiques. Mais la hausse des prix agricoles pourrait aussi déséquilibrer la politique de prix stables européenne et amener un contre choc dévastateur. « L’ancrage des prix agricoles aux prix très volatils des carburants fossiles favorise l’instabilité du marché et pose la question cruciale des effets sur la sécurité alimentaire. La production de biocarburants reste aussi discutée quant à ses effets sur l’environnement. Ainsi, un choix difficile et décisif se présente à l’Union : doit-elle encourager – y compris financièrement – la conversion d’une partie des terres agricoles aux cultures énergétiques ? Au-delà des effets sur les prix agricoles, le revenu des agriculteurs ou même l’environnement, le développement des biocarburants porte en germe un changement de nature de l’activité agricole, la finalité n’étant plus de nourrir les hommes mais de produire de l’énergie. L’opposition parfois frontale de ces deux missions pose la question fondamentale des biocarburants : mettent-ils en péril la sécurité alimentaire ? »