Entretien François Jarraud
Pionnier de l’utilisation pédagogique de Gogle Earth, Marc Lohez revient sur son expérience.
Google Earth (GE) c’est bien sûr de la géo. Pourtant vous utilisez G E aussi bien en histoire qu’en géographie. Des exemples en histoire ?
Sur certains sites antiques où les ruines n’ont pas été remplacées par de nouveaux quartiers, la visite virtuelle par GE permet de mieux réaliser le cadre d’une histoire. C’est en particulier le cas pour la Grèce antique et notamment pour Athènes. Utilisé au début du thème sur la citoyenneté à Athènes, GE replace la cité dans le cadre du monde grec et montre à quel point la démocratie directe s’inscrit dans une espace restreint. On peut tout à fait imaginer d’utiliser plus tard des couches « historiques » qui appliquées sur GE font de ce logiciel en ligne un « Terre des villes » universel.
Si l’on prend le cas par exemple de votre travail sur les contrastes de population à Genève, qu’apporte GE par rapport à une documentation classique ?
GE n’apporte bien sûr aucune information supplémentaire à moins de rajouter des couches d’infos et d’en faire un « vrai » SIG ; mais dans le cas de la situation transfrontalière de l’agglomération de Genève, tourner autour, ou suivre un itinéraire donne une vision de cet espace plus proche de la façon dont il fonctionne. Les placemarks sont ici utilisés avec la fonction « edit » : les élèves doivent répondre à des questions sur l’espace pointé avec des informations qui ne sont pas forcément toutes visibles dans l’image; il s’agit d’inscrire la logique d’enquête dans l’espace parcouru. Cette « logique du rallye » est aussi une préparation à la production d’itinéraires de placemarks par les élèves: je vois moins en GE un outil d’analyse qu’un moyen de création.
Ne soyons pas hypocrites : pour le professeur, inscrire ses questions ou ses démonstrations avec ce support est à la fois très motivant dans la préparation et très valorisant en cours. Pour les élèves, créer un itinéraire google earth en choisissant les points de vue et en cherchant la bonne info est très exigeant (ça n’est pas simple de faire « comme le prof » contrairement à ce qu’ils pensent) mais passe mieux par le coté ludique q’un questionnaire traditionnel.
GE et GMaps peuvent-ils faciliter l’intégration des tice dans les cours de géo ?
Des outils intuitifs, multi-usages, gratuits et offrant un agrément d’utilisation extraordinaire par le coté esthétique vont….. tuer les TICE traditionnelles avec leurs usines à gaz. En tout cas pour les SIG scolaire, c’est l’enterrement de première classe garanti: le multicouche, c’est bien fatigant. Quant à la pédagogie, il y a fort à parier que l’alliance de GE et du vidéoprojecteur va assurer le retour en force ou le triomphe du cours magistral, puisqu’ils permettent avant tout au professeur de « faire son show », même si, on l’a vu, d’autres usages sont possibles.
Le site de Marc Lohez