gouverner l’Ecole
Après les dernières élections
professionnelles, qui ont vu sa représentativité minorée, le SGEN-CFDT
est contraint de se poser des questions sur ses perspectives. Comme le
dit le désormais ex-secrétaire général, Jean-Luc Villeneuve, « dans la
période, notre stratégie n’a pas été simple. Articuler à la fois un
syndicalisme de résistance face aux attaques sans cesse répétées du
gouvernement et un syndicalisme de propositions, de transformation
n’est tout de même pas simple. «
En effet, le SGEN s’est fait sa carte
de visite, dans les années 80, pour ses propositions audacieuses en
matière éducative, dont certaines inspirèrent largement les mesures
proposées par les gouvernements de gauche. Mais il n’a pas réussi à
faire diffuser suffisamment ses positions pour que cela se traduise par
une représentativité plus forte. Même la crise consécutive à
l’explosion de la FEN (et la naissance de la FSU) ne lui a pas laissé
d’espace. Conséquence logique, elle doit construire systématiquement
une logique d’alliance, soit avec l’UNSA, soit la FSU, qui ne
facilitent pas son identification pour les personnels. D’autre part, sa
structure de « syndicat général » (syndicat tous les personnels de
l’Education) ne l’aide pas à répondre aux demandes corporatives que
prennent en charge les syndicats plus catégoriels de la FSU.
Pas
facile, donc, de faire partager le bilan aux sections départementales,
qui ne l’ont voté qu’à 71%.
Il
est vrai que dans un contexte de « politique
éducative régressive, passéiste, anti « réflexion pédagogique », faire
entendre notre Projet devenait parfois un exploit. »
Parfois même, selon les territoires, le SGEN ose reconnaître à sa
tribune de congrès que » faute de force militante, nous
n’avons pas mis en œuvre le chantier sur l’évaluation, et pourtant
l’initiative pouvait contribuer à des avancées sur l’École telle que
nous la voulons ».
« Le Sgen-CFDT se doit de
continuer à être un « laboratoire d’idées » » explique sa revue. Le nouveau
secrétaire général, Thierry Cadart, est élu pour cela. Professeur de
mathématiques, son objectif à la tête de la fédération des Sgen-CFDT
est de « poursuivre et amplifier le
renouveau de cette organisation, qui a réaffirmé lors de son congrès sa
volonté de transformation de l’ École et d’amélioration des
conditions de travail de tous les personnels. Fort de ses propositions
le Sgen-CFDT se donnera les moyens d’aller à la rencontre des
personnels pour promouvoir la forme originale de son syndicalisme c’est
à dire à rassembler tous les personnels de son champ professionnel et
pleinement engagé dans la CFDT, une grande confédération représentative
de tous les salariés. »
Eventuellement,
le SGEN pourrait commencer par dépoussiérer le style de ses
communiqués, qui fleurent toujours bon la langue de bois syndicale…
Mais il n’est pas le seul sur le marché…
Le congrès 2007 du
SGEN-CFDT
Le SE-UNSA
C’est fin mars 2007 qu’à eu lieu le
congrès du SE-UNSA. Comme l’indique sa structure régionale
d’Orléans-Tours, le SE entend avoir, lui aussi, une place singulière
dans le paysage syndical :
« Nous
sommes, en France, dépositaires d’une conception particulière du
syndicalisme. Avec le Syndicat des Enseignants, nous avons opté pour le
rassemblement de tous les enseignants et l’égalité entre eux ; avec
l’UNSA, pour la solidarité et la cohérence interprofessionnelles. Bref,
là où d’autres séparent et isolent, le SE-UNSA relie. Mais nous sommes
dépositaires aussi d’une volonté de rénovation de l’orientation et des
pratiques syndicales. Car, en France, le syndicalisme s’est forgé une
double image :
• celle des approbateurs
patentés, pratiquants du « oui » par résignation ;
•
celle des opposants absolus, adeptes du « non » par principe et, au
bout du compte, de l’immobilisme.
Au
SE-UNSA, nous pensons qu’entre les « béni-oui-oui » et les «
béni-non-non », il y a place pour une autre voie où l’on sache et
s’opposer, et proposer. Face au simplisme réducteur, il est grand temps
d’enrichir enfin le vocabulaire syndical ! Asseoir un syndicalisme
ouvert, ancré dans l’interprofessionnel, appuyé sur ses propositions
pour le métier et l’École : voilà le beau défi lancé au congrès de La
Rochelle ! »
Pour
ses responsables, le projet syndical est aussi de montrer leur
attachement à conforter leur fédération, l’UNSA-Education, et à « poursuivre dans le syndicalisme
interprofessionnel à travers notre union, l’UNSA. Choisir d’apporter
une réponse d’avenir aux questions fondamentales que se posent les
enseignants, choisir d’apporter du nouveau dans le syndicalisme permet
au SE-UNSA de se doter d’un projet à faire partager par toute la
profession ».