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FJ- Comment et pourquoi est né le projet LOG ? PB- L’expérience est lancée par le Recteur Dubreuil en 1999, en s’appuyant sur l’expérience » cyberchampion » du lycée de Villard de Lens qui a fonctionné, elle, de 1995 à 1999. Cette expérience consistait en un suivi télématique des skieurs de haut niveau. Elle a permis d’identifier un besoin dans ce domaine : les élèves ne suivent pas une scolarité classique, puisqu’il peuvent être absents durant de longues périodes de leur établissement scolaire pour cause de compétition ou de stages. Il s’agissait donc d’assurer un suivi e d’éviter la rupture scolaire lors de ces absences. Le LOG a repris l’idée et a cherché à l’étendre à d’autres publics spécifiques comme les enfants malades, tout en mutualisant l’offre de ressources et d’accompagnement. Année 1999-2000 : Année 2000- 2001 : Poursuite de l’élaboration des modules. Année 2001- 2002 : Année 2002- 2003 : Il est piloté conjointement par la mission Tice qui assure le suivi technique et l’encadrement des équipes d’établissement ainsi que par les corps d’inspection qui suivent et valident les contenus pédagogiques et les démarches didactiques proposées. Le dispositif s’appuie sur un triangle clé : élève – professeur tuteur – professeur concepteur. Le professeur concepteur conçoit des cours, mais n’a aucun contact direct avec les élèves. Le professeur tuteur est en contact avec les élèves, définit le parcours didactique pour l’élève à partir des cours du LOG, et/ou d’éléments qu’il a conçu lui-même. Le dispositif prévoit un lien assez fort entre les professeurs tuteurs et les professeurs concepteurs. Ces derniers font évoluer leurs cours en fonction des remarques des professeurs tuteurs. Deux séminaires annuels de rencontre ont lieu, et les échanges par mél sont possibles entre ces deux séminaires. FJ- Comment se situe ce moment d’enseignement à distance dans la vie scolaire de l’élève ? PB- Dans ce domaine, il n’y a pas de modèle préétabli, chaque établissement utilise le LOG de la façon qui lui semble la plus adaptée. Ainsi, au lycée de Vaucanson à Grenoble, les cours de mathématiques et d’histoire-géographie ont été supprimés de l’emploi du temps des élèves judokas. Les cours se font par l’intermédiaire du LOG au travers d’une alternance de séances en présentiel et d’un travail autonome des élèves dans leur temps libre. Ainsi, l’établissement a eu beaucoup plus de facilités à aménager l’emploi du temps de plusieurs classes car il s’est dégagé de contraintes organisationnelles pour deux disciplines, ce qui lui a permis d’intégrer plus facilement les contraintes liées à l’entraînement des judokas. De plus les élèves qui ne suivent pas d’entraînement judo, ne sont pas astreints à un emploi du temps spécifique et chaotique du fait de la présence, dans leur classe, de quelques élèves judokas. Au Lycée-Collège à L’hôpital de Grenoble, les élèves suivent les cours avec un tuteur sur leur lit d’hôpital durant le temps de leur hospitalisation qui peut être de durée très variable. Les bases du LOG sont donc utilisées sur des temps plus courts, avec là encore, une alternance de séances en présentiel avec le tuteur, et de séances en autonomie par l’élève. Au CMUDD de Saint Hilaire du Touvet qui suit des élèves handicapés suite à un traumatisme, une maladie ou un accident cérébral, les cours sont utilisés pour maintenir les » patients-élèves » dans le système éducatif le temps de leurs soins et de leur réadaptation. Ceci se fait dans une structure scolaire intégrée à la structure médicale. Les bases ont utilisées comme appui au cours. Dernier exemple, le lycée Mounier de Grenoble, s’oriente vers une utilisation des bases pour du suivi individualisé des élèves qui adoptent eux, un enseignement tout à fait classique. Tous les établissements n’utilisent pas les bases dans toutes les disciplines. L’idée est vraiment d’offrir un service à la carte, à charge pour l’établissement de fournir les professeurs tuteurs, auquel le LOG apporte la formation nécessaire au suivi. FJ- Apprendre est quelque chose de difficile déjà en présentiel. On sait qu’on fait plus que transmettre des connaissances. On apprend autant à poser des questions que l’on apporte de réponses. Quelle structure de cours avez-vous élaboré ? PB- Il n’y a pas de structure de cours type, chaque discipline a développé son approche en fonction de ses spécificités, mais en synergie avec ce que font les autres disciplines. La structure initiale était assez classique, et la plupart des cours étaient sous un format Word transcrit sans une interactivité poussée. La réflexion avançant, les cours ont évolué vers une approche modulaire mais qui varie d’une discipline à l’autre, et la mise à disposition d’outils de prise de notes (fiches de travail, de synthèse). Par exemple, les lettres ont choisi de travailler par objet d’étude, l’histoire-géographie par question de programme mais en ayant des modules basés sur des compétences. L’idée est d’arriver à conjuguer plusieurs formes d’entrées dans ces modules, tout en conservant un maximum de lisibilité de façon à ce que les bases de cours puissent être utilisées par des enseignants dans des configurations très différentes. Ainsi, en histoire-géographie, le professeur tuteur peut choisir de suivre l’itinéraire proposé par les professeurs concepteurs, mais il peut aussi choisir de n’utiliser que certains modules proposés, en s’appuyant sur la compétence travaillée dans le module, ou de n’utiliser que les documents qui servent d’appui. Pour donner plus de sens à cette démarche, certains questions du programmes sont abordées en travaillant des compétences différentes. Les exercices eux-mêmes consistent en exercices en autoévaluation, ou en exercices qui nécessitent une correction de l’enseignant. Nous avons essayé pour chaque question de distinguer ce que la machine pouvait traiter de ce qu’elle ne pouvait absolument pas traiter de façon à dégager le tuteur de toutes les taches mécaniques pour qu’il puisse utiliser son temps pour les taches dans lesquelles il est indispensable… Il ne faut pas oublier que le principe de base est le maintien d’une part importante de présentiel. Ainsi, certaines acquisitions de savoir faire qui ne peuvent effectivement pas se faire par l’intermédiaire de la machine se font durant les séances en présentiel. FJ- Peut-on apprendre sans dialoguer ? Sinon, quels outils utilisez vous , avec quelle ponctualité ? PB- Le dialogue » enseignant tuteur-élève » est un élément clef du dispositif, que ce dialogue se fasse en présentiel ou à distance. La plate-forme LLS intègre un outil de work-flow qui permet d’assurer des échanges entre les élèves et les enseignants. Nous envisageons de passer à une plate-forme web, en l’occurrence celle du Cartable électronique (R) de Savoie, mais elle n’intègre pas encore des outils de work-flow, ce qui nous pose problème. Bien sûr, il est possible d’utiliser le courrier électronique et de le coupler avec des agendas électroniques, mais cela n’offre pas la même précision ni la même souplesse qu’un véritable outil de work-flow. FJ- Quel retour avez vous : en terme d’efficacité ? En terme de formation à long terme et de relationnel ? PB- Un audit du dispositif est actuellement en cours par le Rectorat. Nous n’en connaissons pas encore les résultats. Nous demandons aussi à chaque établissement de nous remplir une fiche bilan à la fin de chaque année scolaire. Celles de l’année 2002-2003, qui sont les plus représentatives car le dispositif fonctionne depuis trois ans dans certains établissements, mettent l’accent sur les points suivants : FJ- N’y a t il pas un risque de faire de ces élèves des inadaptés à l’école telle qu’elle est ? Voire d’encourager le homeschooling ? PB- Nous n’avons pas trop d’inquiétude à ce sujet. Tout d’abord, aucun élève ne suit tous ses cours au travers de la structure LOG, cela n’a jamais été envisagé pour des raisons pédagogiques et physiologiques, et du reste, ce serait impossible dans la mesure où le LOG ne met pas à disposition des cours dans toutes les disciplines. De plus le dispositif s’appuie essentiellement sur la dualité » enseignement présentiel – enseignement à distance « , nous n’avons jamais envisagé de supprimer l’enseignement présentiel et, du reste, il apparaît nettement que les élèves ont besoin de ces rendez-vous en présence du professeur tuteur. Des rapports privilégiés s’établissent alors, et ces rapports sont essentiels dans le maintien de la dynamique d’étude lorsque les élèves sont loin ou /et en autonomie. FJ- Comment les professeurs dans les situations de classe classiques peuvent ils réutiliser votre expérience ? PB- Il y a plusieurs façons et c’est un aspect sur lequel nous réfléchissons beaucoup, car nous pensons que par leur modularité, ces ressources sont utilisables par tous les enseignants. En histoire-géographie par exemple, chaque module de cours comprend trois espaces : En fait, le LOG est aussi un moyen pour nous de réfléchir à la didactique disciplinaire au travers des TICE, à chercher à optimiser leur utilisation. Comme il l’a été dit plus haut, les enseignants peuvent simplement exploiter un module en libre accès (sont en libre accès les modules dont nous maîtrisons les droits documentaires). Dans les classes que j’ai dans mon établissement classique, c’est du reste ce que je fais depuis deux ans de façon à tester leur efficacité. J’utilise ces ressources soit à l’aide d’un rétroprojecteur, soit devant machine selon la nature du module. Cela me permet de disposer ponctuellement de documents interactifs que je n’avais pas le temps de concevoir dans mon simple temps d’enseignant. Ne connaissant pas parfaitement toutes les ressources de la discipline, puisque, en tant que professeur-concepteur je n’en ai réalisé que certaines, cela me permet aussi de voir si leur lisibilité est bonne, l’idée étant que l’enseignant puisse disposer d’un certain nombre d’indicateurs qui lui permettent d’un coup d’œil d’identifier la nature de la ressource et son adéquation avec ce qu’il projette de faire. Ces indicateurs sont : Le dispositif fonctionne, même s’il a un coût. Il a obtenu une récompense européenne en 2003, mais la meilleure preuve en a été la réaction des proviseurs des établissements associés lorsque, au début de cette année, le serveur qui supporte les cours du LOG n’a pu être immédiatement relancé… Le téléphone a sonné à de nombreuses reprises, des oreilles ont sifflé… nous montrant bien par là, que ce dispositif répond à un besoin. Entretien : François Jarraud |
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